La Reine Margot

Le 14 janvier 2010

 

« Une histoire fort complexe, à multiples personnages, dont le rythme soutenu nous garde en haleine…
Des batailles chorégraphiées, endiablées… excellente qualité de jeu de tous les acteurs! »

 


 

Marguerite de Valois, héritière de la famille royale de France, doit épouser Henri de Navarre, le futur Henri IV. Elle est catholique, il est protestant. C’est un mariage politique pour calmer les tensions religieuses de plus en plus présentes en France. Pourtant, la mère de Marguerite, Catherine de Médicis, et ses fils, leur ami de Guise en tête, complotent pour garder le pouvoir. Afin d’exterminer tous les protestants de Paris, ils préparent ainsi le massacre de la Saint-Barthélemy. Alors que sa famille a juré la perte des protestants, Marguerite tombe éperdument amoureuse de l’un d’eux, la Mole, qui a accompagné Henri de Navarre à Paris. Soutenu par Coconnas, un ami fidèle et bon vivant, La Mole va tenter de sortir Marguerite des dangers de la guerre et de sauver Henri des intrigues qui le guettent.

Une histoire fort complexe, à multiples personnages, dont le rythme soutenu nous garde en haleine tout au long de ces 2 h 30.

Les personnages sont grandement étoffés. Bien qu’il soit difficile au début de cerner tous les liens entre les personnages et les problématiques qui les opposent, lorsqu’on a fait le tour de ceux-ci, on est à même d’apprécier la qualité du jeu de tous les acteurs. Jonathan Gagnon qui est le roi Charles IX, que l’on voit peu et très effacé dans son rôle en première partie, s’éclate complètement par la suite, lorsqu’il défie sa mère et prend enfin lui-même des décisions. On alterne entre le rire et l’admiration, devant ses mimiques, ses répliques et son agonie. Une belle performance. Ce que je retiens également, est le quatuor formé de la reine Margot (Marie-Ève Pelletier), son amie Henriette (Marie-Soleil Dion), Coconnas (Éliot Laprise) et la Mole (Guillaume Perreault). Ils forment les quatre mousquetaires, à la vie, à la mort. La dynamique entre eux donne une bouffée de légèreté et de rigolade, à travers tous ces pourparlers de guerre, de bataille et de haine. Entre eux, c’est l’amour et l’amitié sans peur et sans reproche. Les répliques entre Coconnas et Henriette sont délicieusement drôles, la passion entre Margot et La Mole donne des chaleurs à tous. Mais surtout, les batailles chorégraphiées entre La Mole et Coconnas sont endiablées, très réalistes et efficaces. C’est justement lors de ce massacre des protestants, que le rythme de la pièce s’intensifie. Les courses folles, les bagarres, les poursuites, les épées qui transpercent, tout est mis à contribution pour donner l’effet de réalisme et de totale barbarie. Je me dois également de mentionner l’excellente performance des autres fils de Catherine, Henri d’Anjou (Frédéric Bouffard) et François d’Alençon (Renaud Lacelle-Bourbon). Bien qu’ils aient des rôles plus secondaires, chaque fois qu’ils ont leur mot à dire sur scène, ils volent la vedette.

 


Le mariage de Marguerite avec Henri de Navarre. À droite : Éliot Laprise (Coconnas),Marie-Soleil Dion (Henriette) et Guillaume Perreault (La Mole)

 

Au niveau du décor, nous nous retrouvons dans la cour d’un palais gigantesque. Une magnifique structure grise, aux multiples fenêtres et panoplies d’arches. Un décor imposant et dénudé avec un éclairage tamisé qui donne une impression austère, mais également dégage une élégance et surtout permet de créer l’ambiance de cette période historique. Quelques accessoires viennent s’ajouter à l’occasion pour certaines scènes (tables, chaises, rideau qui descend du plafond pour créer l’effet d’une autre pièce de la maison). Mais, globalement, la majorité des scènes se jouent dénudées, avec pour seuls accessoires les autres personnages qui ne participent pas à la scène, mais qui sont disposés un peu partout autour du château. Ainsi, presque tous les personnages sont constamment sur la scène et se déplacent au gré des divers tableaux qui se jouent. Et au son de la musique (tambour, contrebasse, violon) qui augmente la dimension austère et solennelle, tous les personnages bougent et se placent dans un autre endroit pour le tableau suivant. L’éclairage fait le reste pour mettre en lumière ceux qui participent à l’échange verbal. Cette mise en scène ainsi pensée par Marie-Josée Bastien est fascinante. En étant au balcon, j’ai pu apprécier toute la symétrie ainsi créée par les personnages qui attendent dans l’ombre de ce palais. Cela donne une toute autre dimension à la pièce.

Au niveau des costumes, les femmes ont droit à des robes longues sublimes, qui mettent en valeur leurs poitrines. Marguerite, tout en rouge éclatant avec les cheveux noirs luisants,  est l’image même de l’Amour passion enflammée qu’elle dégage et recherche auprès de ses amants. Sa mère Catherine, au contraire, toute vêtue de noir, avec les cheveux tirés vers l’arrière, dénote tout le contrôle, la froideur, la rigueur qu’elle dégage. Finalement, Henriette de Nevers l’amie de Marguerite, elle brille de candeur dans sa robe gris-bleu avec quelques ajouts de rouge (ce rouge symbolique des catholiques que l’on retrouve dans tous les costumes des hommes catholiques).

Pour les hommes, des chemises bouffantes avec du rouge, des vestes grises, et capes et épées pour les combats, les fils de Catherine et autres catholiques, se ressemblent et s’agencent tous au niveau des costumes. Tandis que La Mole, Henri de Navarre et Coligny, les protestants, eux, sont tous de noirs vêtus, sans aucune trace de couleur. Une magnifique combinaison très bien pensée pour les costumes. 

Sexe, amitié, sang, trahisons, passion, l’Histoire épique vue par Alexandre Dumas reprend vie grâce au souffle ardent de l’adaptation et de la mise en scène de Marie-Josée Bastien.

 


La reine Margot (Marie-Ève Pelletier). Catherine (Danielle Lépine) et son fils Henri D'Anjou (Frédéric Bouffard)

 

Cette pièce est présentée au Théâtre de la Bordée du 12 janvier au 6 février, à 20h. Coproduit avec le Théâtre Denise-Pelletier,  elle sera présentée aussi  à Montréal du 24 mars et au 21 avril

Durée de la pièce 2h30 en plus d’un entracte.

Billetterie : 418 694-9721 ou www.billetech.com

Une coproduction avec le Théâtre Denise-Pelletier 
Texte d’Alexandre Dumas 
Adaptation et mise en scène de Marie-Josée Bastien 
Avec 
Catherine de Médicis: Danielle Lépine 
Charles IX : Jonathan Gagnon 
Henri d’Anjou: Frédéric Bouffard 
Marguerite de Valois: Marie-Ève Pelletier 
François d’Alençon : Renaud Lacelle-Bourdon 
Duc de Guise : Gabriel Fournier 
Henri de Navarre : Simon Rousseau 
Henriette de Nevers : Marie-Soleil Dion 
Annibal de Coconnas : Éliot Laprise 
Coligny et René le Florentin : Philippe Cousineau 
La Mole : Guillaume Perreault

Conception 
Assistance à la mise en scène : Jean-Philippe Durand 
Décor : Christian Fontaine 
Costumes : Sébastien Dionne 
Éclairages : Sonoyo Nishikawa 
Assistance aux éclairages : Émilie Vachon
Musique : Philippe Brault
Maître d’armes : Jean-François Gagnon
Accessoires : Marie-France Larivière
Maquillages : Jennifer Tremblay
Perruque : Rachel Tremblay
Assistance Perruque : Chantal McLean


Théâtre de la Bordée

 

 

Crédit photos : Jonathan Robert