Insomnie

Le 11 février 2010

«…performance géniale de Nicola-Frank Vachon…Valérie Laroche offre un jeu inouï… 
Un moment magique! »



 

Insomnie, comme son nom l’indique, raconte l’histoire de John F(Nicola-Frank Vachon), nouvellement marié, après la naissance de son premier bébé, qui a de la difficulté à trouver le sommeil. En manque d’inspiration dans l’écriture, sa carrière en veille, avec les dettes qui s’accumulent et son épouse qui n’en peut plus et remet leur mariage en question, John F sombre dans l’insomnie, où ses rêves se mêlent à la réalité. Ses craintes, sa jalousie envers son riche frère, son kick sur sa belle-sœur, ses chicanes de ménage, tout cela s’entremêlent dans un cauchemar dont il ne saurait se sortir.

Cette pièce doit en partie son succès à la performance géniale de Nicola-Frank Vachon. Pivot central de l’histoire, car tout gravite autour de son insomnie, Nicola-F se donne à fond. Il s’abandonne au profit de cette histoire. Cet acteur, des plus caméléon, qu’on a pu applaudir récemment dans le rôle d’un jeune enfant dans MonoLake et celui du menteur d’une autre époque dans la pièce du même nom, donne vraiment l’impression qu’il est perdu, bouleversé, tendu, mêlé. En tant que spectateurs, nous sombrons avec Jonh F (Nicola-F) dans ce parcours tumultueux entre le rêve et la réalité. Nous ne savons jamais vraiment si nous sommes dans le rêve, le cauchemar ou la réalité. Certains éléments peuvent nous aider à croire que nous sommes dans sa tête, lorsque, par exemple, les dialogues semblent plutôt incohérents. Certains bruits nous parviennent parfois pour augmenter l’effet irréel et nous engourdir. Il y a également des jeux d’éclairage très efficaces qui nous invitent à glisser dans l’atmosphère du rêve. Même à l’entrée dans la salle nous étions comme dans un univers brumeux. Il y avait comme une couche de brouillard semi-permanent dans la pièce. Le décor finement pensé donne l’effet de profondeur à la scène. Avec des panneaux de barreaux de bois qui flottent dans les airs et placés en angles, ceci permet de donner une dimension d’abysse. Car en plus, le sol est de couleur bleue, ce qui amène l’idée de marcher sur l’eau ou d’être prêt à s’y engouffrer.

 


Sophie Martin et Nicola-Frank Vachon… Nicola-Frank et Valérie Laroche

 

Donnant la réplique à son mari, Valérie Laroche offre un jeu inouï. Une jeune femme au bord de la dépression, qui se noie et tente de s’accrocher à sa moitié. Soit il la sauve, ou elle le fera caler avec elle. Une magnifique performance. Le couple qu’ils forment est très crédible et on a de la compassion pour ce qu’ils vivent.

Sophie Martin et Normand Bissonnette complètent la distribution. Ils donnent le ton juste et viennent vraiment soutenir la performance du couple.

Au niveau du dialogue, il y a plusieurs répliques très drôles. On nous surprend, on s’attendrit, on passe par diverses émotions en peu de temps. Dans l’histoire, on sent une progression, à mesure que John F dort de moins en moins et rêve de plus en plus. On assiste à sa descente aux enfers, jusqu’au moment, mon préféré, où il se retrouve face au public, avec un micro et se lance dans un monologue où on sent qu’il dérape royalement. Un moment magique. Puis, s’ensuit un délire physique totalement sublime, où l’on peut apprécier le talent remarquable de Nicola-Frank. Vachon.

Bref, une soirée très réussie, d’une durée d’une heure vingt, durant laquelle nous avons passé la moitié du temps à nous demander ce qui était vrai, et l’autre moitié à apprécier le spectacle. Des discussions s’ensuivent nécessairement après, entre nous, que ce soit pour parler de nos propres expériences d’insomnies, ou pour tenter d’élucider la part de rêverie de cette pièce.

Justement, pour ceux qui le désirent, il sera possible de participer au lundi-causerie La trentaine dans tous ses états,qui aura lieu le lundi, 15 février à 19 h 30 dans le Foyer du théâtre. Une causerie animée par Marie-Ginette Guayavec Madeleine Gauthier, professeure titulaire à l’INRS, sociologue, Christian Robitaille directeur général du Théâtre jeunesse Les Gros Becs et Pascal Bérubé, député de Matane élu sous la bannière du Parti Québécois.

Comme toujours au Périscope, il est possible de se procurer le cahier d’accompagnement de la pièce au coût de 2 $. Un petit bijou de livret, rempli d’informations sur la pièce, une entrevue avec le metteur en scène Michel Nadeau, une autre avec Madeleine Gauthier, sociologue pour discuter de la trentaine et une entrevue très intéressante avecMaryse Warda qui nous explique sa méthode pour traduire une pièce. À cela s’ajoutent des photos et des notes diverses entourant la pièce.

 


Valérie Laroche et Nicolas-Frank Vachon

 

À la sortie de la salle, les gens pouvaient repartir avec un petit souvenir. Une tisane biologique Four O’Clock. Une idée géniale!

Production Théâtre Niveau Parking en Codiffusion avec le Théâtre Périscope

Présenté au Théâtre Périscope du 9 février au 6 mars à 20h et le samedi 13 février à 15h

Texte : Daniel Brooks en collaboration avec Guillermo L. Verdecchia
Traduction: Maryse Warda
Mise en scène: Michel Nadeau
Assistance à la mise en scène : Simon Lemoine
Distribution : Normand Bissonnette, Valérie Laroche, Sophie Martin, Nicola-Frank Vachon
Décor : Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes : Julie Morel
Musique : Yves Dubois
Lumières : Sonoyo Nishikawa
Coiffures : Dany Lessard
Maquillages : Vanessa Cadrin
Régie : Marie-Josée Houde et Martin Fortier
Graphisme : Elena Fragasso

www.theatreperiscope.qc.ca

Tisanes Four O’Clock tisanes biologiques http://www.transherb.com/

Site internet de Nicola-Frank Vachon www.nfvstudio.com/

 

 

Crédit photos : Louise Leblanc