L’enfant prodige Entrevues avec les acteurs / Appréciation du film

  Le 26 mai 2010

 



 

J'ai vu, en grande première, sur invitation de presse, le film l'enfan prodige. Un film qui relate la vie de ce jeune prodige, André Mathieu, et on y découvre ses merveilleuses compositions. Je vous en donne mon appréciation plus détaillée à la fin de cet article.

Entrevues :

J’ai rencontré, à l’Auberge St-Antoine à Québec, les comédiens Patrick Drolet et Guillaume LeBon, le scénariste et réalisateur Luc Dionne, le directeur musical et pianiste Alain Lefèvre et la productrice Denise Robert. Ce film sortira en salle le 28 mai 2010.

Questions pour Luc Dionne  :Quels ont été les défis dans ce film? Les séquences au piano pour le réalisme?

Luc « Les séquences au piano pour faire croire que Patrick et Guillaume jouaient vraiment, cela a été très facile à faire pour moi. Peut-être que les comédiens ont trouvé cela difficile. Je disais constamment à Patrick de ne pas s’inquiéter que je règlerais le tout au montage. Et avec Guillaume, je le dirigeais en lui montrant où je voulais qu’il regarde et promène ses doigts. Le reste c’est du montage. Comme j’ai fait mes études en musique et ma mère est pianiste, alors cela m’a sûrement facilité la tâche. Le vrai défi à mon avis cela a été de le faire financer. Comment essayer de convaincre les gens qu’on peut faire un bon film sur un pianiste de musique classique… La façon dont j’ai procédé pour faire ce film, cela a été de construire la trame musicale. Je me suis tapé un beau deux heures de musique et j’ai construit le film tout en musique. Quand cela a été fait, alors j’ai écrit un scénario là-dessus. Le défi c’était cela, de mettre la musique en premier.»  

Question :Comment avez-vous choisi vos interprètes comme Marc Labrèche, Macha, Patrick?

Luc : « Pour Marc, c’est Denise qui m’a proposé Marc. Je me suis dit qu’il ne voudrait jamais. Mais si jamais il veut, alors c’est oui certain.Ce que je trouve dommage parfois avec Marc, c’est qu’il est un très grand comédien et c’est dommage qu’on ne fasse pas plus souvent appel à lui pour des rôles dramatiques.En ce qui concerne Patrick, il m’est arrivé avec une proposition intéressante en audition et j’aime cela qu’on me donne une nouvelle avenue que je n’avais pas pensée. Je lui ai demandé c’est qui pour toi André Mathieu et il m’a répondu : André Mathieu n’a pas de présent. Il vit toujours dans son passé glorieux et parle toujours d’un avenir incertain composé de rêves. Alors, voilà! Patrick, avec son paletot, dans les essais de costumes, se transforme immédiatement. On a l’impression qu’il a le poids du monde sur ses épaules. »

 


En entrevue: Luc Dionne, scénariste et réalisateur du film.

 

Questions pour Patrick Drolet :Pourquoi teniez-vous tant à jouer ce rôle?

Patrick « Au tout début, c’était vraiment de façon inconsciente. J’avais un groupe de musique quand j’étais plus jeune. On était persuadé d’être les prochains Beatles. En fait, mes amis avaient vraiment du talent et moi non. Je suis peut-être un musicien frustré, mais je me suis dit qu’un jour j’aimerais jouer un musicien. Pas un musicien dans un groupe rock,mais plutôt un musicien classique. J’avais beaucoup d’amis qui étudiaient au conservatoire de musique et je les admirais énormément. C’est sur le tournage de Père en flic que j’ai parlé à Denise Robert de la possibilité de passer une audition pour le rôle du pianiste. C’était la première fois que je faisais cela et probablement la dernière. J’y suis allé de façon inconsciente et puis un mois plus tard, j’ai rencontré le réalisateur et j’ai auditionné. Et quand j’ai obtenu le rôle, alors c’est là que le stress a commencé. Car si lors des séquences dans le film on ne croit pas que je suis pianiste, alors le film ne marchera pas. Je ne joue pas de piano. J’ai travaillé pendant 4 mois avec Alain Lefèvre et je pratiquais à la maison à faire des gammes avec ma conjointe. Alain est un grand pédagogue avec une immense patience. Cela a été ardu de tourner ce film. Cela m’a pris un énorme degré de concentration que je ne pensais pas que j’avais. »

Question :Vous semblez orienter de plus en plus votre carrière vers le cinéma (Grand départ, Père en flic, André Mathieu). Est-ce que vous allez continuer quand même la LNI, l’écriture, la télé, le théâtre? Le tournoi des maîtres bientôt… et d’autres projets en cours ?

Patrick : « Le tournoi des maîtres j’y serai les 10,11,12 juin. Je tiens à continuer. La LNI c’est un concept intéressant. Et je trouve cela important de sortir des périphéries de Montréal que ce soit pour le tournoi des maîtres ou le jeu classique. On a des matchs en présaison de la LNI à Montréal, mais on demeure aux alentours. Je voudrais bien qu’on aille à Matane ou ailleurs. Il me semble que ce n’est pas si compliqué. Les autres projets que j’ai, il y a le film Le poil de la bête qui sort bientôt avec Philippe Gagnon un réalisateur de Québec. Présentement je termine la troisième saison de la galère. Et puis je retrouve Bernard Émond pour son prochain film, et possiblement que les trois quarts du film se tourneraient à Québec. Bernard est un amoureux fou de Québec. »


En entrevue: Patrick Drolet 
et Guillaume LeBon

 

 

Questions pour Guillaume LeBon:

Question : Comment as-tu aimé ton expérience de faire un premier grand rôle dans ton premier film?

Guillaume : « C’est chouette, tu rencontres plein de gens avec qui tu vas travailler et devenir amis. Être sur un plateau c’est le fun, mais apprendre les textes c’est plus difficile et il y en a beaucoup à apprendre. Ce qui était difficile surtout, c’est d’apprendre les textes, aller sur le plateau et étudier pour l’école. Tout cela en même temps!  »

Question : As-tu le goût de continuer dans ce domaine?

Guillaume« Oui j’ai eu la piqûre. J’hésitais avant, entre être acteur ou réalisateur, mais maintenant je sais qu’être comédien c’est vraiment ce que j’ai envie de faire »

 


En entrevue : le jeune Guillaume, 11 ans

 

Questions pour Alain Lefèvre le directeur musical et pianiste :

Question : Pourquoi vouliez-vous le faire ce film? Quel message voulez-vous qu’on retienne suite au film?

Alain : « Ce film est en fait la conclusion du travail que j’ai fait depuis 30 ans de faire connaître André Mathieu, qui a été oublié de manière terrible. Et je crois que le cinéma est un médium tellement puissant que quelque part les gens qui vont voir les scènes de Mathieu enfant qui joue de manière aussi extraordinaire, les gens vont comprendre à quel point il était génial. Mathieu est un héros national.  »

Question : Comment trouvez-vous le jeu et la personnification que Guillaume et Patrick font d’André ?

Alain : « C’est difficile de comparer,  pour moi qui connaissais déjà Mathieu depuis longtemps, la manière dont il jouait. Mais le plus impressionnant dans cette histoire c’est le rôle de composition de Patrick Drolet. Je pense que c’est ce qui est le plus important. C’est certain qu’on est toujours ému devant un enfant qui fait des choses grandioses, mais l’immense acteur c’est Patrick. Ce n’était pas nécessairement facile de faire ce rôle de composition de pianiste. S’il y a un héros dans ce film, c’est Patrick. C’est un rôle ingrat, car ce n’est pas le jeune prodige qu’on applaudit au début du film. C’est un rôle colossal que de jouer la déchéance de cet homme. »

 


Alain Lefèvre, directeur musical et pianiste.

 

Questions pour Denise Robert la productrice :

Question : Qu’est-ce que qui vous a attiré dans ce projet?

Denise : « C’est Alain Lefèvre qui m’a parlé d’André Mathieu, avec une telle passion, un tel amour, que je me disais que c’est une histoire fascinante. J’ai donc accepté de faire ce projet, à partir de ce qu’Alain Lefèvre m’a dit et pour lui aussi. Je suis très contente du film et du résultat. Notre but c’est que les gens, lorsqu’ils sortent de la salle, ils apportent la musique d’André avec eux dans leur cœur. Si les gens ont le goût d’aller acheter la musique d’André et du film après le visionnement c’est qu’on aura réussi. »

Question : Sachant qu’André Mathieu est reconnu dans le monde, pensez-vous que ce film sera un succès partout dans le monde?

Denise : « Il y a déjà une première présentation à Shanghai, dans le cadre de l’expo universelle. Ce fut une présentation triomphale. Suite à cela, on a été invité à présenter le film en sélection dans le festival du film de Shanghai. On est très content. On va commencer à le présenter dans les divers festivals pour tenter de lui donner une vision internationale

 


Denise Robert la productrice.

 

Synopsis :

Sur le clavier, les jeunes mains virevoltent, les notes s’enfoncent, la mélodie s’élève. Pour l’enfant, rien de plus facile; il entend les sons dans sa tête. Ces mains, elles appartiennent à André Mathieu. Dès son plus jeune âge, il a conquis son entourage comme son auditoire et a enflammé les salles. Adulé, acclamé, encensé, cet enfant prodige semblait avoir tout pour réussir. Du haut des sphères vertigineuses du succès, aux tréfonds des tourments, la vie du  « Mozart Canadien » se fond dans sa musique. Romantique aspirant au bonheur, son histoire est pourtant jouée sur des notes tragiques.

 

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Mon appréciation :

Il y a longtemps que j’attendais la venue de ce film. Tout d’abord, j’avais grandement entendu parler de ce virtuose du piano et de ses compositions. Également, je suis une fan incontestée de mélodies au piano. Pour moi la vie de ce « Mozart Canadien » se devait de nous être racontée et surtout sa musique ne pouvait rester inconnue.

Alain Lefèvre fait un travail colossal avec ce film, mais également avec ses divers concerts et ses entrevues depuis un bon moment déjà,  pour faire connaître cette magnifique musique. Dans ce film, il nous permet de découvrir une œuvre magistrale, des mélodies sublimes et de comprendre un peu pourquoi cet homme au talent immense n’a pas réussi à devenir célèbre, comme il aurait dû.

Au niveau des interprètes, les choix des acteurs pour les rôles principaux tombent complètement dans le mille. Que ce soit Patrick Drolet dans le rôle d’André Mathieu à l’âge adulte qui joue avec brio cet homme déchu qui se laisse séduire par la bouteille et qui tente malgré tout de se faire reconnaître comme un compositeur et pas juste un pianiste, un vrai bijou. Et le choix de Guillaume LeBon, un jeune garçon dont c’est le premier rôle à l’écran, mais certainement pas le dernier, nous donne une performance digne des plus grands, avec une intensité dans le regard lorsqu’il joue au piano qui est hallucinante. Et que dire de Marc Labrèche, dans le rôle du père de ce prodige. Lors de la toute première scène du film, on voit le regard qu’il pose sur son fils et on y lit toute l’admiration, la fierté et la surprise de découvrir le talent de son fiston. Tout au long du film, on voit un personnage posé, calme, sérieux et autoritaire et complètement opposé à ce Marc Labrèche flamboyant que l’on connaît. Et Macha Grenon, la mère d’André, toute en douceur et en amour, nous arrache quelques larmes, par ses émotions touchantes et envahissantes qu’elle démontre envers son fils.

Au niveau des costumes, il est très intéressant de voir tous ces habillements de l’époque des années 30, 40, 50, autant en Europe, aux États-Unis qu’au Québec. Tout cela est amené avec un souci du détail et de réalisme, qui nous fait vraiment remonter dans le temps. Au niveau des décors aussi, on a droit à une belle reconstitution d’époque, dans les maisons et les salles de spectacles. De plus, pour faire la transition entre les divers lieux du film, plusieurs séquences d’images extérieures sont montrées en noir et blanc et semblent être des images d’archives des divers endroits, comme Montréal, Paris, la guerre, etc.… Cela donne un autre niveau de réalisme que j’ai bien apprécié.

Et la musique dans tout cela? Sublime! Dans le générique de début, on a un avant-goût des chefs-d'œuvre qui seront joués dans le film. Puis, il y a plusieurs longues séquences où l’on se permet de juste écouter et regarder ce jeune prodige se donner en spectacle. On observe ses doigts sur le piano qui semblent souvent plus rapides que l’œil. On se laisse bercer par ses mélodies. On peut dire que ce film est un véritable hommage à la musique d’André Mathieu.

Il y a par contre deux choses qui m’ont déplu ou agacé dans ce film. D’abord, la coupure entre la vie du jeune André avec celle de sa vie d’adulte, survient trop radicalement. On a l’impression d’avoir manqué un bout du film. On ne comprend pas tout de suite pourquoi c’est la déchéance après autant de succès. On fait le lien un peu plus tard seulement. L’autre chose qui m’a semblé un peu dérangeante est le fait que les personnages ne vieillissent pas progressivement. Le changement est plutôt radical, alors qu’on aurait pu voir des ajustements, au niveau de la chevelure, des petites rides graduelles, bref, cela m’a un peu déstabilisé.

À la fin du film, on quitte la salle avec de magnifiques mélodies qui demeurent en nous encore longtemps et l’on ne peut que trouver cela dommage et injuste qu’un homme avec autant de talent ait terminé sa vie de façon si rapide à 39 ans et dans l’anonymat presque total. Merci à ce film de nous le faire enfin découvrir et apprécier!


Guillaume LeBon et Patrick Drolet qui incarnent André Mathieu (jeune et adulte).


Macha Grenon, Marc Labrèche. Karine Vanasse et André Robitaille 

 

Équipe de conception : Fiche technique

Réalisateur Luc Dionne
Producteurs Denise Robert et Daniel Louis
Scénariste Luc Dionne
Directeur musical/ pianiste Alain Lefèvre
Directeur photo Bruce Chun
Concepteur artistique Michel Proulx
Costumes Francesca Chamberland
Monteur JeanFrançois Bergeron 
Son Philippe Scultéty et Louis Gignac
Création sonore MarieClaude Gagné 
Directrice de production Hélène Grimard
Directeur de postproduction Guy Langlois
Distributeur au Canada Alliance Vivafilm
Ventes internationales FunFilm Distribution

TRAME SONORE DISPONIBLE SUR ANALEKTA 
http://www.analekta.com/

http://www.analekta.com/fr/artists/Andre-Mathieu.493.html

 


Avec François Papineau, Patrick Drolet, André Robitaille et Isabel Richer

 

 

Distribution :

RDistribution
André Mathieu Patrick Drolet
Rodolphe Mathieu Marc Labrèche
Mimi Mathieu Macha Grenon
Camillette Karine Vanasse
Jeune André Mathieu Guillaume LeBon
Pipo Lothaire Bluteau
Wilfrid Pelletier Benoît Brière
Robert Gouin François Papineau
Colette Ostiguy Isabel Richer
Johanne Lecompte Catherine Trudeau
Cécile Lebel Sophie Faucher
Serbe LeBrun André Robitaille
Jeune Camillette Marie-Félixe Allard
Vivianne Jobin Mitsou Gélinas

 



Alain Lefèvre et Patrick Drolet

 

 

Date de sortie en salle: Vendredi 28 mai 2010

Alliance Vivafilm
www.vivafilm.com

http://www.alainlefevre.com/

Communications Popcorn

 

crédit photos : Lise Breton et Alliance Vivafilm