Martin Petit, en feu comme son micro

 

 

Sur les affiches de son troisième «one man show», un gant anti-chaleur à la main, Martin Petit tient un micro de feu. Un micro presque satanique ayant traversé les époques et qui se retrouve maintenant dans les mains de l’humoriste, prêt à nous parler de sujets brûlants.

«Personne n’en parle de ces choses-là», répète-t-il tout au long de son monologue qui ne donne pas l’impression d’être un monologue de première, tellement il est bien ficelé et fluide. Et ces choses desquelles les autres ne parlent pas, Martin Petit en parlera.

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Religion, argent, environnement et sexualité, nombreux sont les thèmes qui peuvent encore causer malaise chez le québécois moderne. Les tabous de la société québécoise ne sont évidemment plus les mêmes que ceux des années 60, mais même s’il y en a moins, il y en a encore, sous d’autres formes. Mais Martin Petit réussit à les aborder d’une façon intelligente qui nous fait rire tout en nous faisant réfléchir.

Faisant de multiples références à l’actualité québécoise tout au long de son spectacle, l’humoriste profite de sa présence sur scène pour en écorcher quelques-uns sur son passage. Par exemple, Martin Petit pense que les journalistes devraient arrêter de parler de «bandits à cravate», mais utiliser les «vrais termes qui défoulent quand on les dit» pour parler de gens comme Vincent Lacroix. Comment alors présenter ce dernier au bulletin de nouvelles? Comme un «ostie d’crosseur»! S’en suit alors un numéro sur les euphémismes, la linguistique et la manière de jouer avec l’opinion publique en jouant avec les mots.

Petit n’y va pas non plus de main morte avec des d’émissions comme Star Académie et Loft-Story. «Si un lofteur peut écrire son autobiographie, mon pénis le peut aussi.» Martin Petit commence alors de nous parler de son pénis, et de la manière dont celui-ci ne fonctionne dorénavant que pour les besoins essentiels depuis qu’il a des enfants. Nouvellement père, cet aspect de sa vie influence en effet sa vie personnelle, et de facto, plusieurs numéros de son spectacle. Les papas dans la salle y apprennent des trucs pour faire peur à leurs blondes, comme d’insérer des pièces de monnaie dans les excréments du bébé et de faire peur à sa mère en lui faisant croire que la pièce a été avalée par le bébé! Devant un Monument-National rempli d’amis, de journalistes, d’admirateurs et de collègues de travail, Martin Petit a réussi, une fois de plus, à conquérir son public. Et pour se démarquer des autres humoristes québécois qui utilisent maintenant de façon presque systématique des moments un peu plus touchants dans leurs spectacles (se trouvaient dans la salle Jean-François Mercier, Jean-Thomas Jobin, Laurent Paquin, Jean-Michel Anctil, Sugar Sammy, François Morency, Dominic et Martin, Maxim Martin, Dominic Paquette et des membres des Grandes Gueules, de Denis Drolet et de Crampe en Masse), Martin Petit promet de ne pas faire de numéro de ce genre dans son spectacle.

Et au moment où on s’y attend le plus, après une préparation en crescendo d’une mise en scène fort émotive, arrive une des blagues les plus intelligentes et les mieux écrites du spectacle. Martin Petit, en feu comme son micro, nous offre un autre grand spectacle.

martinpetit.com


photo: Karine Dufour