Entrevues pour le film Une vie qui commence

alt
J’ai vu, en grande première, sur invitation de presse, le film Une vie qui commence. Premier film de Michel Monty qui traite de la perspective d’un enfant face au deuil d’un parent. Le film prendra l’affiche le 21 janvier prochain. Mon appréciation du film se trouvera dans la section cinéma à compter du 21 janvier.
Entrevues :
J’ai rencontré, mercredi le 13 janvier dernier, au Château Bonne Entente, les comédiens Julie LeBreton et Charles-Antoine Perreault ainsi que le scénariste et réalisateur Michel Monty.
alt
Questions pour Michel Monty
C’est le troisième film sur le deuil que l’on voit à l’écran depuis quelques mois, mais cette fois-ci c’est sous le regard d’un enfant? Pourquoi aborder ce sujet délicat comme premier film?
« Je voulais faire quelque chose qui était proche de moi. Mon père a disparu quand j’étais jeune. Cela a eu un gros impact sur ma vie, sur ma famille. C’est quelque chose qui m’a suivi longtemps, dans mon inconscient, dans mon identité. J’avais envie de faire un film qui est personnel et je voulais savoir de quoi je parlais. »
Avez-vous fait des recherches sur le deuil vécu par les enfants pour ce film?
« Non, je n’ai pas fait de recherche, car en fait, c’est ma propre expérience. Je me suis juste fié à ce que j’ai été comme enfant et ce que je connais de l’enfance.»
Réaliser votre premier film, est-ce que cela a été aussi difficile que vous pensiez?
« Aussi difficile et même plus difficile par moment. Cela a été un apprentissage pour moi, entouré de grands professionnels. C’est sûr que c’est un grand plaisir avant tout. Mais c’est beaucoup de responsabilités, il ne faut pas avoir peur du stress et de prendre des décisions. Mais c’est une expérience à refaire, je le souhaite bien. »
Le film a été présenté au festival international du film francophone de Namur et il y a eu la première médiatique à Montréal mardi le 11 janvier dernier, quel a été la réaction des gens à date ?
« Ce sont des réactions d’émotions. Les gens sont juste très touchés par le film. C’est une belle réaction que l’on a. »
Que voulez-vous que les gens retiennent de ce film?
« C’est un film qui a trois générations de personnes. Il y a les grands-parents, les parents et les enfants. Donc je pense que chaque spectateur peut aller chercher différentes choses dans le film. Par rapport à ce que je veux qu’ils retiennent, c’est l’idée d’inventer sa vie en fait. C’est pour cela que ça s’appelle une vie qui commence. Le petit garçon agit. Devant une situation difficile, il ne reste pas passif. Il est obstiné. Même s’il se trompe, même s’il se fait chicaner, même s’il se fait arrêter, il pousse son affaire jusqu’au bout, parce qu’il en a viscéralement besoin. Indépendamment de l’histoire qu’on raconte, ce que l’on voit ce sont des personnages (comme celui de Julie aussi) qui combattent et qui avancent et qui se trompent et qui recommencent. Un peu à l’image de la vie en fait. C’est peut-être cela qu’ils vont retenir. Mais en fait, je ne peux pas avoir d’attente sur ce que je veux qu’ils retiennent… Le film dans le fond, c’est l’histoire d’un conflit entre la mère et son fils. C’est un conflit qui n’est jamais nommé, mais que le spectateur voit. On voit deux manières d’agir différemment. C’est un conflit caché, souterrain et toute la dramatique du film avance sur cette notion-là. Plus la mère fait table rase sur son passé, plus le fils devient obsessif. »
À la fin du film, on entend avec le générique, la chanson One de Harry Nilsson. Pourquoi cette chanson-là?
« D’abord, je trouve que les paroles ‘One is the loneliest number that you’ll ever do’ par exemple, vont très bien avec ce qui se passe dans le film. Et aussi c’est vraiment une chanson de ces années-là (années 60). Je n’ai vraiment pas voulu faire un film de nostalgie sur le début des années 60, donc il n’y a pas de musique de l’époque, ou à peu près pas, sauf s’il y a un jukebox dans le fond. Mais il n’y a pas une chanson qu’on entend systématiquement (un peu comme dans Crazy ou maman est chez le coiffeur). Je trouvais cela le fun d’arriver juste au générique avec cette chanson.»
alt
Questions pour Charles-Antoine Perreault
Qui es-tu et d’où viens-tu? Comment as-tu décroché ce rôle?
« Comment tout cela a commencé en fait, c’est lorsque je me suis promené un jour dans un centre d’achat et que j’ai vu une affiche qui disait qu’ils recherchaient des enfants pour une agence de casting. Je me suis donc inscrit dans l’agence et j’ai eu quelques figurations, comme dans C’est pas moi je l’jure, 1981, et des scketchs étudiants. Et ensuite, j’ai eu l’audition pour Une vie qui commence. Et c’est là que j’ai été sélectionné. »
Comme c’est ta première expérience au cinéma dans un grand rôle, comment as-tu trouvé cela?
« C’est vraiment une belle expérience, d’être entouré de comédiens bourrés de talent. François Papineau, Julie LeBreton, Raymond Cloutier et Rita Lafontaine, ce sont des comédiens vraiment incroyables. Aussi Michel Monty le réalisateur qui me coachait sur le plateau. C’était mon prof sur le plateau en fait. Il y avait une belle ambiance, une superbe équipe technique. »
Est-ce que c’est ce métier que tu aimerais faire plus tard?
« C’est certain que j’aimerais poursuivre cette carrière. Mais aussi, je ne vois pas cela vraiment comme juste un métier, mais plutôt comme une passion. »
Pour te mettre dans la peau de ce personnage, est-ce que tu as pensé à comment tu réagirais toi-même si un de tes parents mourait? Et comment Michel Monty t’aidait-il à créer ton personnage?
«Je ne sais pas si je réagirais comme lui, car ce garçon a une très grande complicité avec son père, mais lui, il veut le faire revivre par lui-même. Tous les pères sont différents dans la vie et je ne pense pas que cela serait ma réaction, car mon père est différent de celui du film. Et aussi ce garçon dans le film vit une détresse, car il n’accepte pas la mort de son père… Michel me parlait pour chaque scène que j’avais à jouer. Et là, je me concentrais vraiment sur ce que je devais jouer. Il me mettait dans l’ambiance de la scène qu’on allait faire. Et il m’indiquait comment faire la scène en détail.»
As-tu d’autres projets qui s’en viennent?
«J’ai joué dans Toute la vérité pendant un épisode qui sera à la télé en mars prochain.»
alt
Questions pour Julie LeBreton
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce rôle, ce film-là?
« D’abord, c’est l’histoire. Il faut avoir une bonne histoire pour faire un film. Aussi, je trouvais que c’était un scénario qui était profondément cinématographique. Je trouvais qu’il évitait tous les écueils d’un premier long métrage. Il ne s’expliquait pas trop dans le dialogue, il ne s’épanchait pas trop dans les émotions. Tout était en retenue. J’avais vraiment envie d’évoluer dans ce genre d’univers là, de jouer dans quelque chose où c’est suggéré, mais on laisse le spectateur faire son propre chemin émotif. Et Michel avait décidé d’approcher le jeu d’une façon très particulière. Il nous a fait travailler d’une façon très précise, très concrète. Chaque regard était calculé, c’était très pointilleux. C’est rare au cinéma qu’on fait ce genre de travail là. On a travaillé en amont beaucoup, lui et moi. On a travaillé sur mon personnage et lorsqu’on est arrivé sur le plateau, alors on a laissé toute la place à ce jeune enfant fougueux pour qu’il puisse être bien et faire ce qu’il a à faire. Il fallait l’entourer le mieux possible, puisqu’il porte le film sur ses épaules.»
Comment était-ce justement sur le plateau de travailler avec ce jeune homme et les deux autres enfants dans le film?
« C’était merveilleux, car je pense que Charles-Antoine c’est vraiment un acteur. Il intègre les notes, les directives de jeux, il a une conscience de la technique. Il faisait des trucs, après deux jours de tournage que j’ai compris après 5 ans de métier, comme jouer, comment aller chercher sa lumière, il a vraiment un don je pense. Mais, en même temps, d’avoir trois enfants sur un plateau c’est de la gestion. Et Michel ne voulait pas qu’il y ait de tuteur ou de gardien, d’interférence, alors j’ai joué mon rôle de mère avec eux parfois. Je faisais la discipline et je cachais les bonbons. »
alt
Et Michel, qui en était à sa première réalisation au cinéma, tu l’as trouvé comment?
« Je trouve qu’il a fait preuve d’énormément de maîtrise et de courage. Car souvent dans leur premier film, les réalisateurs vont tellement avoir peur de ne pas être compris qu’ils vont trop utiliser de tout, de musique, des dialogues, des pleurs… Michel, c’est tout le contraire. Il y a une scène où j’ai braillé les larmes de mon corps qu’il a coupé au montage. Et la scène où je donne la radio à mon fils, la scène m’émeut beaucoup et je n’arrêtais pas de pleurer. Et Michel m’a dit d’arrêter. Elle ne pleure pas, tout est là, mais cela ne se voit pas. C’est le spectateur qui pleure, pas l’actrice. »
Parle-moi justement un peu de ton personnage?
« Il y a vraiment une cassure dans mon personnage et cela est toujours tripant pour un acteur. C’est une femme des années 50, une femme de médecin, statut social quand même assez élevé, trois enfants. C’est une femme qui avait beaucoup d’éducation, mais à l’époque tu avais des enfants et tu restais à la maison. Et cela a pris cette espèce de Tsunami pour qu’elle puisse peut-être sortir de la maison, car elle n’a pas eu le choix. Pour peut-être voir à s’épanouir autrement. Je pense que la mort de son mari est épouvantable en soi, mais la trahison est encore plus difficile parce qu’il ne lui a pas fait confiance. Il ne lui a pas parlé de sa détresse. Il n’a pas parlé de sa douleur. Il est mort tout seul sans partager. C’est comme si elle n’avait jamais connu cet homme-là. Alors, je pense qu’elle a cette colère-là qui l’empêche de s’épancher. De toute façon, si elle s’apitoie sur son sort elle s’effondre et le bateau coule. Elle fait preuve d’énormément de résilience. Cela peut sembler froid, sa façon de réagir par rapport à son fils, mais c’est tout ce qu’elle connaît et c’est cette époque-là aussi. Il y a des choses dont on ne parle pas. Mais ce film est lumineux en ce sens qu’on croit que la boucle est brisée. On voit le personnage de Raymond Cloutier (le grand-père), le fils que cela a donné (François Papineau) et le fils qu’il en résulte (Charles-Antoine). Et ce jeune homme en devenir va pouvoir lui, communiquer ses émotions et en parler. »
alt
Le film Une vie commence prend l’affiche le 21 janvier prochain dans les salles de cinéma du Québec.
Produit par :
Josée Vallée, Cirrus Communications et
Pierre Even, Item 7
Alliance VivaFilm
Communication Popcorn
Crédit photos : Roland de Québec