Entrevues pour le film La Vérité

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C’est en présence des acteurs Pierre-Luc Fontaine, Émile Mailiot, Geneviève Rioux et du scénariste et réalisateur Marc Bisaillon que nous avons assisté au Cinéma Charest à la présentation du film La Vérité.Le film a été présenté déjà à Saint-Hyacinthe et au rendez-vous du cinéma québécois, où l’accueil a été chaleureux. Les gens en sont ressortis troublés. Sur place, les trois enfants du réalisateur voyaient eux aussi le film pour la première fois.
Par la suite, au sortir de la présentation du film, j’ai passé quelques minutes en entrevue avec les artisans de ce magnifique film qui prendra l’affiche le 18 mars prochain. Mon appréciation du film se trouvera dans la section cinéma à partir de cette date.
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Questions pour Geneviève Rioux :
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce rôle de la mère de Gabriel?
« Je trouve que c’est un très bon scénario, que c’est une histoire qui peut arriver à n’importe quel adolescent un peu délinquant, mais tout en étant fondamentalement un bon gars. C’est très bien raconté, puisque c’est une série d’évènements et de mauvais jugements de la part des jeunes qui font en sorte qu’ils entraînent leur propre destin et celui des gens autour d’eux, dont leurs parents. Et moi, de jouer le rôle de la policière, qui est la mère d’un de ces deux garçons, elle vit aussi des difficultés et je trouvais que ce scénario était prenant et solide… Et la mode ces temps-ci est aux séries policières et maintenant on voit l’autre côté de la médaille, en voyant une femme policière qui fait très bien son métier, qui aime son métier. Dans la vie, c’est une personne sensible et très ouverte et cela donne une image plus nuancée d’un policier habituel…Et c’est un beau cadeau de la part de mon ami Marc Bisaillon. Je lui disais que j’aimerais jouer autre chose que les amoureuses, mère de famille, j’aimerais jouer un rôle de policière par exemple… Et voilà que dans ce scénario, le fait que la mère soit policière ajoute un élément de conflit à l’histoire… Et c’est moi qui défonce la porte dans une scène du film… ma propre cascade.»
Et travailler avec Pierre-Luc qui est un petit nouveau dans le domaine du cinéma, mais qu’on a vu pourtant à la télé, comment c’est?:
«Pierre-Luc Lafontaine c’est un grand talent à mon avis. C’est un gars avec beaucoup d’imagination. Il est très versatile. Là, vous avez vu son côté très dramatique, mais c’est un être dans la vie qui est très drôle. C’est un vrai clown. C’est un extraverti, il est comme un livre ouvert. Il a une grande palette. C’est un plaisir de travailler avec lui et je pense qu’il va travailler longtemps. »
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Questions pour Marc Bisaillon :
Vous semblez vous attacher à vos acteurs, car vous les reprenez d’un film à l’autre, comme Geneviève, Louis-Georges Girard, Denis Ruel et maintenant Pierre-Luc qui sera dans le prochain film. Pourquoi?
« Geneviève est belle, intelligente, talentueuse. C’est une des meilleures actrices qu’on a au Québec. Je l’ai vu jouer beaucoup au théâtre, à la télé… Quand j’aime quelqu’un dans son travail, je suis sa carrière en même temps. Et avec le temps, elle est devenue une amie par le travail. Pourquoi je me priverais de reprendre les mêmes personnes avec je suis bien. J’aime bien retravailler avec les mêmes acteurs. Le matin sur le plateau de tournage, comme on fait des journées de 14 à 18 heures, c’est plus intéressant de penser qu’on va passer la journée avec gens qu’on connaît et qu’on apprécie le travail et la personnalité. C’est donc juste du plaisir. C’est plus facile sur le plateau, puisqu’on se comprend sans presque se parler. Je sais jusqu’où un acteur peut aller, ce qu’il ou elle peut me donner. »
D’où est venue l’idée de ce film et cette musique qui lui colle si bien à la peau?
« Ce film me vient d’une histoire qui m’a été racontée, il y a une dizaine d’années, par une dame qui m’a conté que le fils de sa meilleure amie, avec un de ses chums, ont vandalisé un chalet. Ils ont été trouvés par le voisin et celui-ci meurt. Le fils de sa meilleure amie se met alors à dépérir, à être malade, sans savoir pourquoi. Et un moment donné il s’est livré à la police bien qu’il avait fait un pacte de silence. Suite à cette histoire, je me suis senti fâché, troublé par cela. Je ne comprenais pas pourquoi il s’était livré à la police pour une erreur conne qui est arrivée. À partir de ce squelette, j’ai élaboré le scénario. Je l’ai situé à Saint-Hyacinthe, même si ce n’est pas là que c’est passé l’histoire. Je ne connais pas les véritables personnages. J’ai imaginé et vécu la vie de Gabriel et de Yves, pour voir comment on peut vivre avec ce crime. Et moi, je me remettais en question. Comment je réagirais si cela m’arrivait? Après plusieurs écritures et réécritures, j’ai abouti de ce scénario. Encore aujourd’hui je ne sais pas comment je réagirais, mais je pense que je serais porté à avoir le réflexe de la mère, soit de laisser cela mort, ne pas en parler. Mais après?
Pour ce qui est de la musique, j’aime associer une chanson, une musique à mon film, pour ponctuer le propos. Ainsi, cette chanson de WD40 c’est un hasard, pendant l’écriture du scénario, j’étais allé voir un spectacle d’eux, dans le même bar que dans le film. Ils ont joué cette chanson et j’en ai fait ma chanson du film. Cela parle de l’hiver, de flocon, de la déroute qu’on peut avoir
Pourquoi s’embarquer dans une série de quatre ou cinq films comme premier projet de long métrage au cinéma?
«En fait, ce n’était pas voulu ainsi. Au départ, j’ai été happé par la première histoire vraie, LA VÉRITÉ. Et ce scénario a été travaillé et retravaillé au fil des ans. Entre-temps, j’ai été happé par l’histoire de la LACHETÉ dont j’ai trouvé le livre et des informations pour faire le film. J’ai donc fait ce projet en premier, avant de terminer le scénario de La Vérité. Et là, j’ai découvert l’histoire de Stephen Marshall le projet sur l’AMOUR. Et c’est là que je me suis rendu compte que tous ces sujets avaient un lien. Que pour une raison que j’ignore encore, je suis fasciné par ces histoires et obsédé par le silence. Autant le silence des témoins d’un crime, le silence des responsables d’un crime. En fait, de garder le silence cela peut-être vu comme un crime. C’est même un fléau de notre société, de garder le silence, par rapport à des crimes qu’on voit, de l’injustice, de la pauvreté, et on ne dit rien. Le silence autant des coupables, des témoins et des victimes, fait en sorte que les crimes se répètent… Mais je ne me suis pas levé un matin en me disant que je ferai une série de films sur ces sujets qui me hantent. Finalement, j’ai un autre projet après celui de l’AMOUR qui s’appelle LA JUSTICE qui est basée aussi sur une histoire vraie. Ce sera plus un film policier cette fois-là. Et je voudrais clore cela avec un cinquième film qui serait une comédie, mais encore une fois, sur la conscience coupable, mais cette fois-ci, axé sur le plaisir coupable. Une comédie noire. »
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Questions pour Émile Mailhiot :
Qu’est-ce qui t’attirait dans ce rôle de Yves?
« Le côté sportif du personnage, le fait qu’il y avait plusieurs scènes physiques à jouer. Je suis quelqu’un qui adore bouger, je suis presque hyperactif, donc cela m’attirait. Et le fait de jouer des scènes sur le party et tout à coup cela devient plus dramatique et émotif. C’est le fait d’aller toucher à plusieurs aspects du cinéma. Triste, comédie… Cela m’amenait à me surpasser. Quand Marc m’a présenté le projet, j’ai tout de suite dit oui. »
Première expérience au cinéma. Comment as-tu vécu cette expérience?
« C’est sûr c’est ma première expérience au cinéma, mais cela a cliqué avec Marc et avec Pierre-Luc aussi tout de suite. On avait l’impression qu’on se connaissait depuis toujours. On avait une super belle complicité dès les premiers instants. Je peux dire que j’ai eu le coup de foudre avec le cinéma. Le fait d’être une famille, tous ensembles sur le plateau, on tisse des liens entre acteurs, le réalisateur, avec la technique aussi, on travaille tous ensemble. On a le temps de bien préparer une scène, chose qu’on peut moins faire sur un plateau de téléroman à la télé.»
Marc Bisaillon a l’habitude de retravailler souvent avec les mêmes acteurs. Est-ce quelque chose qui te tente de faire d’autres films avec lui? Et pourquoi?
« Je le suis partout. C’est quelqu’un de vrai, de relax. Il ne joue pas à être le réalisateur. Il prend soin de ses acteurs, il les aime. Il veut les connaitre, il veut savoir si tout va bien ou non. S’il y a un problème, il va le régler. S’il n’est pas satisfait, il va me le dire. Et le fait qu’il nous dit qu’il nous fait confiance, alors là, c’est tentant de travailler ensemble. On a une belle complicité et à la longue on devient des amis.»
Est-ce qu’il y a une scène que tu as trouvé plus difficile à jouer?
« Le parcours de pompier c’était assez dur à faire. C’était difficile, car on me l’a fait faire trois fois. Après la troisième fois, j’étais essoufflé. Marc est venu me voir et m’a demandé si je pouvais le faire une autre fois. Je lui ai dit d’oublier cela, j’étais mort. Ce n’était pas grave. Il a pris un des trois plans séquence, le meilleur des trois. »
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Questions pour Pierre-Luc Lafontaine :
« Aie! On vit le rêve!» phrase fétiche de Pierre-Luc lors de notre entrevue un peu loufoque. Dès les premiers instants, j’ai vu que cet acteur est bien différent dans la vie que ce qu’il a démontré comme performance dramatique et introverti à l’écran.
Pour quelles raisons as-tu dit oui à ce rôle-là?
« C’est toujours un plaisir de jouer des rôles qui sont très loin de moi. Et le fait que Marc a pensé à moi pour ce rôle-là, c’est un privilège extraordinaire et un cadeau incommensurable. Surtout après la lecture du scénario, j’étais prêt à entamer ce type de rôle là au moment précis du tournage. C’est venu au bon moment. Je ne pense pas que j’aurais été prêt à 17 ans (mais là j’ai 19 ans)… C’est la différence entre l’adolescence et l’âge adulte. »
Et tu joueras le rôle de Stephen Marshall dans le prochain film de Marc, l’Amour. Un autre rôle assez difficile à jouer?
« Malgré le côté presque morbide, lorsqu’on travaille dans les entrailles humaines, dans les profondeurs de la noirceur et de l’énergie négative, il y quelque chose d’extrêmement nourrissant et d’intéressant d’entamer ce type de rôle là. »
Est-ce difficile de sortir de ce mood morbide après une journée de tournage?
« J’ai eu beaucoup de difficulté à déconnecter après le tournage, du au fait que j’en suis à mes premières expériences. Ce fut un tournage relativement lourd, pour les bonnes raisons, mais reste que j’ai dû travailler à me déconnecter après mes journées de tournage. C’était un personnage qui me hantait jusque dans ma vie privée. Je ne crois pas qu’il est nécessaire que notre personnage nous accompagne, et je pense que c’est dû à ma naïveté, mais avec le temps, j’espère contrer cela les prochaines fois
Dans ta bio, on apprend que tu as commencé à réaliser des courts métrages.
« Oui c’est arrivé de façon inopinée. C’est un désir très sincère qui m’est apparu à 17 ans, suite au tournage d’un court métrage à MTL, produit par l’INIS (L’institut nationale de l’image et du son). Depuis, c’est à la limite une obsession. Jusqu’à présent, je n’ai tourné que 3 minimes courts métrages de piètre qualité avec des budgets ridicules. Je pense que je suis ergomane du cinéma et du 7e art et cela m’interpelle. Naturellement, tous les réalisateurs de talent que je côtoie à titre de comédien, c’est sûr que je me nourris de leur vision singulière et authentique. Je suis tellement ébloui de voir un réalisateur émettre sa vision et ses convictions, son interprétation de la vie. C’est hypnotique de les regarder travailler. Je ne sais d’où me vient cette passion, mais je m’assume comme ergomane du cinéma
Est-ce qu’il y a une scène que tu as trouvé plus difficile à jouer?
« Absurdément, je crois que ce fut les scènes de bonheur entre Gabriel et Yves. Toutes les scènes dans le bar. Ces espèces de trips, je ne sais pas pourquoi je les appréhende avec mépris. J’étais très stressé. Et bizarrement, ce n’est vraiment pas les scènes lourdes qui me stressaient. J’aurais aimé te dire quelque chose de plus hot, comme la scène de suicide, j’ai essayé cela dans mon bain… ben non! Ce sont les petites scènes (Il prend une voix éméchée) EH! Tu viens prendre une bière, ah oui! Pas de problème… qui me troublent.»
Ce film prendra l’affiche le 18 mars prochain dans les cinémas du Québec.
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FICHE TECHNIQUE
Scénario et réalisation Marc Bisaillon
Production Christine Falco
Production déléguée Sébastien Poussard
Direction de la photographie Mathieu Laverdière
Montage Mathieu Bouchard-Malo
Direction artistique Corinne Montpetit
Costumes Tereska Gesing
Son Stéphane Barsalou, Martin Pinsonnault, Louis Gignac
Musique Éric Rathé
Une production des Films Camera Oscura
Distribution :
Caroline, la mère : Geneviève Rioux
Yves : Émile Mailhiot
Gabriel : Pierre-Luc Lafontaine
Lydia : Juliette Gosselin
Denis : Denis Trudel
Épouse du défunt : Louise Laparé
Le voisin : Louis-Georges Girard
Crédit photos : Benoit Roy