La comédie musicale Je m’voyais déjà

 

Après avoir été présenté à l’Olympia de Montréal à l’automne 2010, la comédie musicale Je m’voyais déjà, vient s’installer au Capitole de Québec jusqu’au 14 mai 2011. 

Je m’voyais déjà n’est pas une comédie musicale sur la vie de Charles Aznavour, mais plutôt un spectacle bâti à partir de ses chansons. Essentiellement, celui-ci s’articule autour d’un groupe de jeunes expulsés d’un casting. Ensemble, et avec l’aide de Francesca, une chanteuse un peu oubliée, membre de ce jury qui les a ignorés,  ils décident de monter un spectacle autour de ces chansons. 

L’histoire est simple. Le public est convié à la naissance de ce spectacle autour des chansons d’Aznavour, avec les répétitions chez Francesca jusqu’à la présentation du spectacle au Capitole de Québec, où l’on alterne entre ce qui se passe en coulisse et sur scène. Entre les chansons, on assiste à la naissance d’amourettes entre les artistes, les amitiés qui se forment, des disputes, des rigolades, bref de quoi meubler les moments entre les chansons. 

Ce qui m’a plus énormément durant ces interludes entre les chansons, c’est le côté instructif des dialogues, où le public a droit à un petit cours d’histoire sur la naissance des chansons et sur ce grand homme qu’est Charles Aznavour. Ainsi, on apprend que la chanson Les deux guitares a été écrite par Aznavour pour faire un hommage à son père et son grand-père. Cette chanson ressemble à une danse russe et on y voit bien le talent de danseur de Frédérick De Grandpré et des autres interprètes. Également, on découvre cette chanson Le feutre taupé qui a été un des premier duo chanté par Aznavour et Pierre Roche à la fin des années 40, aux cabarets Le faisan doré et Chez Gérard. Naturellement avec ce répertoire de plus de 1000 chansons qu’il a écrites et comme ce sont seulement 43 chansons qui ont été choisis pour le spectacle, des succès oui, mais d’autres méconnues ou oubliées,  bien des gens dans la salle sont surpris de découvrir que c’est ce grand homme qui a composé par exemple la musique de La plus belle pour aller danser (interprété originellement par Sylvie Vartan, puis par Michèle Richard), et Retiens la nuit (interprété à l’origine par Johnny Hallyday).

 

Au niveau de l’adaptation pour le Québec, je trouve que Pierre Légaré a fait un travail de génie. On reconnaît facilement les répliques tordantes et mordantes de cet humoriste dans la bouche de ces artistes. Par exemple, pour faire comprendre à Virginie comment il faut chanter For me, Formidable, Francesca lui suggère de prendre l’accent anglais de Pauline Marois. Les jeux de mots également sont à l’honneur, lorsque par exemple, Chloé se présente aux répétitions, Francesca déclare qu’elle semble « s’être habillée chez Losers au lieu de chez Winners.» Bref, des rires en abondances avec des références québécoises, voilà une bonne façon d’adapter cette pièce pour nous. En plus, Pierre a choisi de camper l’action à Montréal, à l’époque où M. Aznavour s’est fait connaître chez nous dans les années 40. Cependant, à certains moments, avec les chansons, comme J’aime Paris au mois de mai, où le décor (présenté sur 5 écrans géants placés de façon stratégique) nous plonge dans Paris et on oublie, qu’on est à Montréal. Au niveau des costumes, surtout en deuxième partie, où le spectacle est présenté, on a droit à de la grande variété. Des robes avec vestes et chapeaux des années 40, à l’époque hippie (pour interpréter Les plaisirs démodés, présentée sur une belle chorégraphie et chantée en deux vitesses), pour se terminer sur une note de gala en rouge et en noir, des plus glamour, pour reprendre de façon festive la chanson d’ouverture Je m’voyais déjà.

 

Naturellement, le spectacle repose sur le talent incontesté des chanteurs et musiciens. D’abord, un énorme bravo se doit d’être donné à l’équipe musicale qui a su être présente sur scène, et sur le côté (piano avec Jean-Philippe Bouffard, guitare…), sans toutefois s’imposer. Discrètement, ils ont accompagné les chanteurs à merveille. 

Quant à eux, chacun de ces artistes a joué magnifiquement son rôle. Ils ont chanté parfois seuls, en duo, et ils ont même accompagné les autres avec grande harmonie. Des voix riches, fortes, puissantes qui s’agencent magnifiquement aux mélodies toujours aussi accrocheuses après tant d’années. Mes moments préférés, il y en a beaucoup. D’abord, Pour faire un Jam, où le rythme est endiablé, jazzé, avec une chorégraphie épatante, dans la nuit. Ouf! Ensuite, le duo que forme Véronique Claveau (Virginie), Martin Rouette (Nicolas) pour interpréter For me Formidable, Quand tu m’embrasses,Au creux de mon épaule et Prends garde à toi est vraiment explosif. Les voix se complètent très bien et Véronique a une puissance et un son blues parfois rockeur qui accroche. Mon coup de cœur revient par contre à Hugo Lapierre (Alexandre) qui incarne un travesti dans Comme ils disent. Une chanson d’une grande profondeur et émouvante. Ce jeune homme a une superbe voix, sait danser à merveille et il joue magnifiquement. Cela n’enlève rien aux autres, comme Jean-François Poulin (Adam) qui est comique à souhait avec La bohème et Cabotin. Et ma préférée de toutes les chansons d’Aznavour, Emmenez-moi où j’ai l’impression de partir moi-même à voguer sur l’eau. Judith Bérard (Francesca) et Frédérick De Grandpré (Danny) sont également fidèles à leurs talents respectifs. Avec Un mexicain, on retrouve le grand comique Frédérick qui chante sur le bout de la langue, puis, à la fin du spectacle, on retrouve le débonnaire et suave, qui courtise sa belle. La performance en duo qu’ils donnent pour chanter le medley Il faut savoir, Vous et tu, Éteinds la lumière, Idiote je t’aime, L’amour et C’est comme un jour est sublime.

 

Également, Élise Cormier (Chloé) qui se fait plus discrète au début, maladroite et isolée, prend son envol en deuxième partie et chante merveilleusement en duo avec Jean-François Poulin (Adam) Toi et moi.

 

Un spectacle d’une durée de plus de deux heures et avec un entracte de 25 minutes, on peut dire que les gens en ont pour leur argent. Naturellement, on en ressort avec nos chansons fétiches en tête qui nous suivront jusque dans notre sommeil. 

À l’entrée du théâtre, il était possible de se procurer le CD du spectacle avec plusieurs des chansons interprétées par le groupe. Comptant 15 titres choisis parmi la quarantaine présentée dans la comédie musicale, l’on peut entendre par exemple La plus belle pour aller danser, Désormais, Je m’voyais déjà et Mourir d’aimer, Voilà que tu reviens, Toi et moi et Le feutre taupe.  Le CD a été réalisé par le multi-instrumentiste Francis Collard

  

Présenté au Capitole de Québec jusqu’au 14 mai 2011. 

Réservations à la billetterie du Capitole : 418 694-4444 ou 1 800 261-9903

ou via le réseau billetech : www.billetech.com

 

Comédie musicale écrite par Laurent Ruquier

Adaptation québécoise par Pierre Légaré,

Chorégraphies signées Geneviève Dorion-Coupal

Mise en scène par Alain Sachs

Véronique Claveau se joint à la distribution de la comédie musicale Je m’voyais déjà, pour les représentations au Théâtre Capitole. Véronique incarne Virginie en remplacement de Sarah Dagenais-Hakim, qui a dû se retirer pour cause de maladie.

 

La version québécoise rassemble sept chanteuses et chanteurs :

Judith Bérard (Francesca)

Frédérick De Grandpré (Danny)

Véronique Claveau (Virginie)

Martin Rouette (Nicolas)

Élise Cormier (Chloé)

Hugo Lapierre (Alexandre)

Jean-François Poulin (Adam).

 http://www.lecapitole.com

 http://www.spectatours.com/spectacles.htm

 www.mercurecommunication.com

 

crédit photos : Philippe Moussette