Entrevues avec les artisans du film GERRY

J’ai vu, en grande première, sur invitation de presse, le film Gerry, qui rend hommage à la carrière de Gerry Boulet, sa musique et sa voix unique et mettant en vedette Mario Saint-Amand. Le film prend l’affiche le 15 juin prochain et mon appréciation du film se trouvera dans la section cinéma à partir de cette date.

 Entrevues : J’ai rencontré, mercredi le 8 juin dernier, aux Voûtes de Napoléon sur la rue Grande-Allée, plusieurs acteurs du film : Marc-François Blondin, Eugène Brotto Éric Bruneau, Mathieu Lepage, Roberto Mei, Madeleine Péloquin, Mario Saint-Amand, Jonas Tomalty ainsi que le réalisateur Alain Desrochers et la scénariste Nathalie Petrowski qui ont bien gentiment répondu à mes questions.

Synopsis

Gerry est un drame relatant la vie du célèbre Gerry Boulet, pionnier du rock’n roll québécois. Une vie menée à plein régime et surtout caractérisée par l’amour de la musique. De son enfance déjà centrée sur la musique, jusqu’à ses derniers jours, en compagnie de sa fidèle épouse Françoise, ce film présente les évènements importants dans la carrière de Gerry, comme ses débuts dans le groupe Les gants blancs, la création d’Offenbach et ses spectacles inoubliables à l’Oratoire Saint-Joseph et au Forum de Montréal. Certains moments de sa vie personnelle aussi y sont dépeints, comme sa rencontre avec sa première femme Denise Croteau, avec qui il a eu 2 enfants puis sa vie avec Françoise Faraldo, sa deuxième épouse avec qui il a eu une fille Julie, et finalement le cancer qui lui enleva la vie en 1990.

  

 

Questions pour Marc-François Blondin (Johnny Gravel guitariste) l’ami fidèle de Gerry.

Question : Comment t’es-tu préparé pour jouer Johnny?  

Marc-François Blondin : « C’est sûr que la préparation est différente que pour un autre rôle, où cela part directement de ton imaginaire. Mais là on avait un personnage qui existe et on avait un paquet de documents. Je ne connaissais pas Johnny Gravel, mais avec tous les documents audio, vidéo et  textes sur lui, j’ai réussi à avoir certaines informations sur le personnage. Mais cela reste ma perception de lui quand même, avec la perception du réalisateur mis ensemble

 

Question : Sais-tu si Johnny a vu l’interprétation que tu en as faite et s’il est satisfait du résultat?

Marc-François Blondin : « Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer, ni d’avoir son feedback. Je vais le rencontrer le 13 juin, lors de la première à Montréal. J’imagine qu’il va aimer cela. J’y ai tellement donné tout mon cœur. Je ne peux pas croire qu’il ne va pas reconnaître que je l’ai aimé.»

 

Question : C’est ton premier grand rôle au cinéma. Comment as-tu trouvé l’expérience?

Marc-François Blondin : « J’ai eu beaucoup de grands rôles à la télévision, mais effectivement c’est mon premier grand rôle au cinéma. Et je ne ferais que cela si je pouvais, surtout sur ce plateau-là, car il y avait une symbiose entre l’équipe technique et les comédiens, tous ensembles. Je pense que cette ambiance était présente beaucoup grâce à Alain Desrochers, qui est un humain fabuleux, rassembleur, plein d’énergie, qui respecte tout le monde.  »

 

Question : Est-ce qu’il y a eu des scènes que tu as trouvées difficiles à jouer?

Marc-François Blondin : « Johnny, il ne prend pas de place, il parle peu, et il n’aime pas la chicane et c’est pour cela qu’il est resté aussi longtemps avec Gerry. Il était fidèle à Gerry et ce qu’il voulait c’était de  jouer de la guitare. Alors, j’appréhendais la scène où Gerry met fin au groupe, car à ce moment mon personnage en a assez et il craque, tente de dire ce qu’il ressent et s’en va. C’est une scène cruciale, car tout au long de mes moments avec Gerry, je parle peu, une parole ici et là, comme un marteau qui cogne sur un clou, jusqu’à la finale où cela déborde et où, si ce moment marche et est crédible, alors j’ai réussi mon coup. En fin de compte, ce ne fut pas si difficile. »

 

  

Questions pour Mathieu Lepage (Michel ‘Willie’ Lamothe)

Question : Comment t’es-tu préparé pour jouer Willie?  

Mathieu Lepage : « Au départ, je voulais rencontrer Michel Lamothe, mais la production m’a déconseillé de le rencontrer. Ils voulaient que je m’inspire que ce qu’il a fait et non sur ce qu’il est devenu, qui peut être différent. Je me suis donc inspiré d’archives, du livre de Mario Roy, du documentaire Tabarnac qui a été tournée en France et où l’on voit beaucoup Michel Lamothe sur le party. Je me suis aussi inspiré de ses tics par exemple. Et j’ai rencontré des gens qui l’ont connu, comme une de ses anciennes copines. On a parlé de sa relation avec les femmes, car il était reconnu pour être le dragueur des filles.»

 

Question : Sais-tu si Willie a vu l’interprétation que tu en as faite et s’il est satisfait du résultat?

Mathieu Lepage : « Oui, il a vu le film lors de la projection d’équipe, mais je n’étais pas présent, j’étais en Europe. Puis, lors de la projection qu’on a faite à Saint-Jean-Sur-Richelieu il est venu me voir et il m’a trouvé bien bon, meilleur même que Sébastien Huberdeau qui l’avait incarné dans la série Willie sur son père. J’étais content, ma job était faite, vu que lui est content.»

 

Question : C’est ton premier grand rôle au cinéma. Comment as-tu trouvé l’expérience?

Mathieu Lepage : « Cela fait seulement quatre ans que je suis sorti de l’école. J’avais fait quelques petits rôles, au cinéma et à la télé avant. L’équipe sur le plateau était géniale. Ça paraissait que cela fait longtemps qu’ils travaillent ensemble. C’est la même équipe que sur le Musée Éden et les Bougon. Ils s’écoutent, se respectent. On s’amuse et on travaille. Et avec la gang de comédiens, on s’entend super bien. On se rencontre encore à l’occasion pour prendre une bière ensemble.»

 

 

 

Questions pour Madeleine Péloquin (Denise Croteau, première épouse de Gerry)

Question : J’ai commencé à lire le livre sur lequel est basé le film et dans celui-ci, on décrit Denise comme étant une blonde aux yeux bleus. Et toi, tu es brune aux yeux bruns. Pourquoi cette différence dans le film?

Madeleine Péloquin : « En fait, la raison est simple, il y avait Mario qui devait ressembler physiquement à Gerry Boulet. Alors pour les autres rôles moins connus du public, le réalisateur Alain Desrochers ne voulait pas avoir le souci de faire des sosies. Déjà il y avait beaucoup de contraintes avec les rôles plus connus. Alain a préféré aller chercher des acteurs qui avaient l’énergie et la capacité de jouer les personnages, au lieu de la ressemblance.»

  

Question : Comment cela s’est passé sur le plateau, où à ce qu’on m’a dit, il y avait plusieurs personnes de l’entourage de Gerry qui s’y trouvaient?

Madeleine Péloquin : « Il y avait une aura particulière et c’était très chargé émotivement, puisqu’on parlait de quelqu’un qui a vécu et que tout le monde aimait. Et il y avait effectivement beaucoup de personnes de son entourage, de sa famille aussi qui étaient présents avec nous sur le plateau et que l’on côtoyait souvent. Il y avait Françoise Faraldo qui était là, même avant le début du tournage pour aider dès le début du processus. Il y avait aussi, Denis Boulet qui a été une source d’informations et d’anecdotes tout au long du tournage.  Il fait même un caméo dans le film. C’est lui, habillé dans une chienne grise, qui vient remorquer sa propre auto dans le film. Il y avait Breen Leboeuf qui est venu aussi.»

 

Question : À part ce film, qui est ton premier grand rôle au cinéma, as-tu d’autres projets en cours?

Madeleine Péloquin : « C’est effectivement mon premier rôle plus important. J’en ai un autre aussi qui va sortir à la fin de l’été, Pour l’amour de Dieu, de Micheline Lanctôt et à la télévision on débute le tournage de la saison 3 de Trauma et aussi Rock et Rolland dont on prépare la saison 3. » 

 

 

Questions pour Roberto Mei (Roger ‘Wezo ’ Belval, le batteur albinos) 

Question : Tu as dû faire beaucoup de sacrifices et de préparation pour incarner Wezo n’est-ce pas?

Roberto Mei : « En fait, Wezo est albinos et joueur de drum, ce que je n’étais pas. Alors au niveau du maquillage il a fallu tout raser, sourcils, barbe, cheveux. Et j’ai perdu beaucoup de poids, car Wezo devait peser environ 96 livres. Et j’ai dû apprendre le drum. J’ai appris à jouer deux ou trois tounes, mais sans plus. Je ne pourrais pas me partir un band demain matin c’est certain. Je pratiquais avec des amis l’autre jour et je n’étais pas capable de suivre aucunement, si ce n’était pas mes tounes. »

 

Question : Sais-tu si Wezo a vu l’interprétation que tu en as faite et s’il est satisfait du résultat?

Roberto Mei : «Je ne sais pas s’il l’a vu encore. J’étais allé le voir chez lui avant de faire le film, mais je ne l’ai pas revu depuis. Je trouvais cela important, vu que je jouais quelqu’un qui existe vraiment, d’aller le voir et lui parler. On a pris une bière ensemble, il m’a montré des vidéos et je me suis inspiré de sa personnalité. C’est sûr qu’en plus de cela j’avais un scénario à respecter et la vision du réalisateur à m’ajuster. J’ai hâte de voir ce que Wezo a pensé du film. Il va être là à la première le 13 juin.»

 

Question : Comment est-ce que c’était sur le plateau de tournage, avec Mario et les autres?

Roberto Mei : «C’était assez formidable. Je n’avais jamais vu cela avant. Et sur le plateau, on était une vraie petite famille. Et Mario Saint-Amand qui incarnait Gerry, prenait vraiment le lead sur le plateau. Je me rappelle de ma première journée en studio quand je suis arrivé pour pratiquer les tounes avec FM Lesieur qui s’est occupé de faire la musique du film. Mario a arrêté tout le monde (imite la voix de Mario) Ok tout le monde, on arrête. Je veux vous présenter Roberto… et là, après m’avoir présenté, on a recommencé à pratiquer. Il a fait la même chose quand Jonas est arrivé. Alors avec Mario et Alain qui agissaient en leader, on avait le sentiment d’être supporté par eux. »

 

Question : Connaissais-tu bien Offenbach avant ce film? Est-ce que tu en as appris sur Gerry et son groupe Offenbach en faisant ce film?

Roberto Mei : «Je connaissais peu la musique d’Offenbach. Mais je connaissais surtout Green Leboeuf et Gerry en solo. Je suis né en 1973 alors que Rendez-vous doux de Gerry était populaire durant mon adolescence. Il était très médiatisé à cette époque et cela a été tout un choc lorsqu’il est décédé. En écoutant les chansons d’Offenbach durant le tournage, je restais surpris de savoir que telle ou telle chanson était d’eux… Et c’est certain que j’ai appris sur eux. Comme comédien, ce que j’aime c’est d’être plongé dans des ambiances qui me permettent d’apprendre quelque chose. J’ai fait Nos étés où c’était l’esprit des communes, aussi, Musée Éden qui se passe en 1910, donc une autre époque à découvrir. Et là, j’ai découvert Offenbach et toute cette époque qui y est reliée. J’aime surtout des ambiances et avoir un personnage loin de moi. Alors, j’ai été gâté.»                                                                   

  

 

Questions pour Eugène Brotto (Breen Leboeuf)              

Question : Est-ce que tu connaissais Breen Leboeuf avant de faire le film?

Eugène Brotto : « Je connaissais juste la musique d’Offenbach. Je savais que Breen avait travaillé avec certains membres d’April Wine, comme Jerry Mercer, après Offenbach. Mais je n’ai pas vraiment suivi sa carrière.»

 

Question : Breen Leboeuf a été présent sur le plateau. Est-ce que tu as senti la pression de bien faire ton rôle, devant lui?

Eugène Brotto : « La production a toujours invité tous les membres d’Offenbach et l’entourage de Gerry à venir sur le plateau. Honnêtement, j’étais vraiment content que Breen a pris cela comme un honneur. Il était content d’être là, pas seulement pour conseiller, mais pour juste voir comment cela se passait. Et il se remémorait beaucoup de souvenirs du bon vieux tempsEt avec le type de personne que Breen est, je n’ai jamais senti de pression, au contraire, il a été comme un ange gardien, ou un support…  J’ai rencontré Breen avant le tournage,  pour avoir une idée de sa personnalité. Et tout de suite j’ai vu que c’était un caractère très facile à connaître, très ouvert, un bon gars, même s’il était un rocker dans le temps. Je ne voulais pas faire une imitation, mais je voulais juste m’inspirer de sa personnalité… Et Breen a vu ce que j’ai fait comme interprétation et il a bien aimé ce que j’ai fait. Alors, Job well done  for me!  »

 

Question : Comment c’est déroulé le tournage? Comment as-tu vécu la scène du Forum avec les plus de 3,000 figurants?

Eugène Brotto : « J’étais là sur 11 jours du tournage seulement, mais j’aurais aimé être là pour toute la durée, juste pour la camaraderie sur le plateau, cela valait la peine. La scène du Forum c’était ma première journée de tournage et ce fut incroyable. WOW! C’était à la salle Maurice Richard. J’imaginais comment les gars ont pu se sentir dans le temps quand ils sont sortis dans le Forum, et  de voir 15,000 personnes! La foule de figurants qui étaient là pour le tournage voulait avoir du fun et les gars ont vraiment mis tout ce qu’ils avaient pour leur en donner. J’ai eu la chair de poule toute la journée qu’a duré le tournage. Même quand j’en parle maintenant je sens un peu la chair de poule dans le cou. C’était incroyable, l’énergie, l’adrénaline… »

  

 

Questions pour Éric Bruneau qui joue Pierre Harel

Question : Comment t’es-tu préparé pour jouer Pierre Harel?

Éric Bruneau : « J’ai regardé tout ce que je pouvais sur lui, sa biographie, les musicographies, le film Tabarnac. Cependant, Pierre et moi n’avons pas pu nous rencontrer. J’ai parlé à des gens qui le connaissent beaucoup, comme Louise Portal, Marcel SabourinPuis, je me suis basé sur le scénario et les enjeux qu’Alain, le réalisateur, voulait… Je l’ai rencontré, Pierre, après le visionnement du film par contre et il m’a dit avoir été content que ce soit moi qui le joue. Et il a trouvé que j’avais fait une bonne job avec les scènes que j’avais à jouer. C’est sûr que Pierre Harel c’est juste comme 4 minutes dans le film. C’est sûr que comme il dit, pour lui il y a des choses qui ont été amoindries ou les évènements ne se sont pas tous passés comme cela, exactement. Mais l’essentiel est là. Et le film c’est Gerry et non Pierre ou d’autres personnalités connues comme Marjo… C’est sûr qu’on fait toujours un film pour le public, mais cette fois-ci, je le faisais un peu plus pour Pierre que pour le public, car il est vivant et cela crée une situation particulière. Et vu qu’il aime ce que j’ai fait, alors je suis satisfait.»

 

Question : Comment est-ce que c’était l’ambiance sur le plateau de tournage?

Éric Bruneau : « C’était vraiment super. On savait qu’on tenait un joyau entre les mains et il ne fallait pas l’échapper. C’est sûr, quand on est allé faire la scène du show au Forum, avec plus de 3,000 personnes, on sentait qu’il y avait quelque chose qui était en train de se passer. On a réalisé qu’on racontait une histoire, mais en même temps, on racontait l’histoire des gens qui avaient connu cette époque-là. Cela nous a donné une vague d’énergie que j’n’ai jamais vue ailleurs sur un autre plateau.»

 

Question : Connaissais-tu Offenbach avant?

Éric Bruneau : « Je ne connaissais pas Offenbach vraiment. Je connaissais Gerry. Je viens de Saint-Jean-Sur-Richelieu aussi, mais je suis né en 1983, alors j’ai vécu l’époque après Offenbach. Et même Pierre Harel, tout le monde avait une opinion sur lui sauf moi. Alors, je suis parti sans référence de départ et c’est correct ainsi. J’ai tout appris sur lui et sa vie dans les 3 années qu’il a été dans Offenbach. Ce sont deux trains qui se sont rentrés dedans et qui ensuite se sont quittés. Et j’ai découvert l’histoire d’Offenbach aussi dans ce tournage et par le fait même une partie de l’histoire du Québec. Ce fut nos plus belles années politiquement, une effervescence qui n’a rien à voir avec l’endormitoire qu’on a présentement. »

  

 

Questions pour Jonas Tomalty (John McGale guitariste)

Question : C’est une première expérience pour toi de jouer dans un film. Comment est arrivée cette opportunité et comment as-tu aimé cette expérience?

Jonas : « J’ai rencontré pour la première fois Alain Desrochers à un de mes shows il y a 5 ou 6 ans. On m’a dit qu’il était le réalisateur des Bougon. Et moi, je suis un grand fan des Bougon. Je lui ai dit que j’ai un background en théâtre et s’il pouvait avoir un rôle pour moi dans un de ses projets, j’aimerais beaucoup cela. Et il a dit qu’il garderait cette idée dans sa tête. Et 6 ans plus tard, il m’a approché pour jouer le rôle de John… C’était vraiment incroyable le tournage. Le cast et le crew étaient vraiment chaleureux. Ils étaient vraiment généreux avec leur temps et leur talent. Aussi, de jouer un rôle qui n’est pas si loin de ce que je fais normalement, pour le premier film de ma vie, je pense que c’était un bon début. Je peux dire maintenant que j’ai la piqûre. J’aimerais bien continuer dans cette industrie du cinéma. Je suis prêt à un autre rôle, un petit défi,  pourquoi pas, cette année! »

 

Question : Quels autres projets as-tu également?

Jonas : « Je suis présentement concentré sur ma carrière avec mon groupe, Jonas and The Massive Attraction. Samedi le 11 juin, mon groupe et moi seront à Sainte-Foy pour un concert acoustique chez Archambault Musique à Place Ste-Foy, à 12 h 30. Je serai ici aussi pour le festival d’été le 13 juillet avec Éric Lapointe et Michel Pagliaro. Ce sera nous trois sur la même scène. Avec mon groupe Jonas and the Massive Attraction, on est en tourné partout au Canada présentement. On fait la tournée jusqu’en septembre. Et là, on repart pour l’Europe, l’Allemagne, Danemark Londres, un peu partout. »

 

Question : Est-ce que tu connaissais Offenbach avant?

Jonas : « Certainement. Je connaissais Offenbach, leur musique, les gars, pas Gerry, mais John McGale surtout, le personnage que je joue. Il est un bon chum depuis 14 ans. C’était vraiment le fun de jouer un personnage et un ami. Je pense qu’il a aimé cela aussi.»  

 

  

Questions pour Le réalisateur Alain DesRochers

 Question : Est-ce qu’il y a eu des défis de taille, je pense peut-être au concert au Forum avec tous ces figurants ? Parlez-m’en un peu.

Alain DesRochers  «Pour le fameux show au Forum, on a fait appel au public pour être figurant et en 22 ans de métier, je n’ai jamais vu cela une réponse aussi fulgurante. On a arrêté de compter après 3,000 personnes. Les gens de 40-60 ans sont arrivés habillés comme à l’époque, avec leurs enfants de 16-25 ans. Ils étaient pacifiques et voulaient avoir du fun. Cela a été le plus beau jour de tournage de toute ma vie. C’était juste une semaine après le début du tournage et je me suis dit que ce sont ces gens-là et leurs parents et amis ainsi que les 400,000 personnes qui ont acheté le CD Rendez-vous doux, qui vont aller voir le film.»

 

Question : Dans ce film, vous devez présenter des scènes qui se passent sur quatre décennies, 50, 60, 70 et 80. Est-ce un gros défi à réaliser?

Alain DesRochers : « C’est toujours quelque chose de très difficile, parce qu’il y en a qui vont trouver qu’on a oublié ceci ou cela. C’est sûr qu’on a oublié plein d’affaires, mais on a vraiment travaillé fort, surtout avec les budgets qu’on a au Québec, ce n’est pas évident. Mais on a eu  un bon entrainement, car toute l’équipe technique a travaillé avec moi sur Musée Éden qui se passait en 1910, donc une série d’époque. Et le film Cabotin aussi, qui se passait en 1985. On avait déjà alors une esthétique des années 80 et tout. Ma sœur est la directrice artistique et avec qui je travaille depuis 22 ans, Dominique Desrochers. Et j’avais mon directeur photo Yves Bélanger et F.M. Lesieur, qui a fait la direction musicale de tout le film et c’est un travail colossal. Pour moi ce film-là, c’est un opéra-rock et c’est ce que j’aime du film c’est qu’on n’a pas lésiné sur les droits musicaux et qu’on y est allé à fond la caisse.»  

 

Question : Vous avez décidé aussi à certains moments de laisser chanter Mario sur certaines chansons. Qu’est-ce qui a guidé ce choix?

Alain DesRochers  « Gerry a un timbre de voix plus gras tandis que Mario a une voix plus claire. Pour moi, c’est un détail. La raison pour laquelle j’ai choisi Mario Saint-Amand c’est que Mario a le spirit (l’esprit) dont on avait besoin pour incarner Gerry. Mario est un super de bon comédien, qui se donne à 400 mille à l’heure et pour moi, c’est ce qui est de plus important. Pour les premiers pas de Gerry en chanson, c’est Mario qui chante, car Gerry a une voix plus claire. Donc, c’était bien de faire chanter Mario pour Everybody’s grooving, ou en local de pratique et aux funérailles de son père à l’Église aussi pour Georgia on my mind. Durant cette chanson justement, quand Mario l’a interprété, on a tous braillé sur le plateau, alors on s’est dit qu’on allait garder la track de Mario.  Mais c’est sûr, pour le reste du film, avec les chansons les plus connues, on avait besoin que ce soit la voix originale de Gerry, à laquelle on est habituée.»

 

Question : On m’a dit que Françoise Faraldo a beaucoup aidé, conseillé durant tout le processus de ce film? Parlez-m’en un peu.

Alain DesRochers  « Effectivement, elle a été formidable. Par exemple, dans la dernière scène du film, lorsque Gerry et Françoise sont ensemble sur le lit, ce sont des mots que Françoise m’a écrits sur une napking et m’a dit que c’était vraiment les dernières paroles que Gerry lui avait dites avant de mourir. Et ces paroles ne sont pas dans le livre de Mario Roy. Naturellement, Mario a tripé ben raide de savoir que ces paroles venaient de la bouche de Gerry avant de mourir. »

  

 

Questions pour La scénariste Nathalie Petrowski

Question : Vous vous êtes basé sur le livre de plus de 600 pages de Mario Roy pour écrire ce film de plus de 2 h 10. Quel travail colossal! Quels ont été vos critères pour choisir de quoi parler et ne pas parler dans le film?

Nathalie Petrowski : « Il n’y en avait pas de critères. Cela a été difficile, car dans tout cela, il y a mille histoires et il n’y en a pas une. Il fallait trouver ce que je voulais retenir. Il y avait évidemment des évènements historiques incontournables, comme l’Oratoire, la France, car on avait décidé de faire un film sur toute la vie de Gerry. Et il y a pleins de choses aussi que j’ai dû sacrifier, au départ, et par la suite, qui ont été coupé au montage, car le film faisait près de trois heures une fois tourné. J’y suis allée à tâtons et avec mon intuition. »

 

Question : Dans le livre, il y a plusieurs chapitres qui parlent de l’enfance des Gerry et son frère. Et on apprend que Gerry a appris au départ la trompette à l’école, puis il a appris lui-même à jouer de la basse et de l’orgue. Mais ceci n’est évoqué que brièvement dans le film. Pourquoi? 

Nathalie Petrowski : « Il y a pleins de choses comme cela qui ont été évoquées de manière très large, pour en faire des références sans plus. Et justement, ces scènes de l’enfance, il y en avait beaucoup plus, et on le voyait jouer de la trompette, mais ils ont malheureusement été coupés au montage. C’est dommage, mais on ne pouvait pas garde 3 heures de film. Et comme on voulait raconter sa vie au complet, on le fait en surface pour bien des moments. Je sais que les fans vont dire la même chose, qu’il manque des scènes. Et moi aussi je me dis la même chose, pourquoi je ne peux pas mettre ceci ou cela? Par exemple, je voulais parler de Vic Vogel et sa collaboration avec Offenbach, mais si je le faisais, je devais ajouter 4 scènes et je n’avais plus de temps pour le faire.»

 

Question : Que vouliez-vous que les gens retiennent de ce film quand vous avez décidé d’embarquer dans ce projet? 

Nathalie Petrowski : « Je voulais qu’ils retiennent que c’est le parcours d’un combattant. Gerry c’était un pionnier du Rock québécois. Je voulais que l’on voie qu’à l’époque il n’avait rien, il ne partait de rien, mais il avait une ambition folle et tout était à faire. Ce n’était pas évident. Et même s’il fut un grand succès au Québec, le lendemain la vie continuait, et il tentait de vivre sa vie privée également, même si parfois, elle prenait le bord un peu au détriment de sa carrière. Je voulais rendre compte de toutes les difficultés qu’il a rencontrées, mais de ne pas en faire un film sur cette maladie qui l’a tué. Je voulais finalement faire un film aussi pour rendre hommage à sa musique, sa voix, qui est encore présente 20 ans plus tard. Ce n’est pas rien cela. Et naturellement, on voulait faire plaisir à ses fans.»

 

  

Questions pour Mario Saint-Amand (Gerry)

Question : Il faut le dire, tu as porté ce film sur tes épaules. Les attentes étaient grandes de la part de tous. As-tu ressenti cette pression face à ces attentes?

Mario Saint-Amand : « Non, parce j’étais bien entouré avec l’équipe d’Alain Desrochers. Pour paraphraser un acteur que j’aime beaucoup Guy Nadon : Tu partirais à la guerre avec Alain Desrochers pas de fusils! Donc, pour moi Alain savait où est-ce qu’il s’en allait. On comprenait le message qu’il voulait faire passer et le film qu’il voulait faire sur GERRY et non pas Offenbach, ou tout ce qui a gravité autour de Gerry. Plutôt que de commencer à faire le décompte de qui est important et qui ne l’est pas autour de lui, il s’est occupé d’abord de la ligne directrice qui est Gerry, sa femme Denise, sa deuxième femme Françoise. Ensuite les personnes importantes, justes après, Denis son frère, Johnny Gravel qui a été le plus fidèle et Breen Leboeuf qui l’a accompagné jusqu’à la fin. Puis on part de là… »

 

Question : Vous teniez beaucoup à avoir ce rôle n’est-ce pas?

Mario Saint-Amand : « Ce que je voulais, c’était de donner la couleur du Gerry que j’avais en dedans de moi. Mon métier d’acteur est aussi de pouvoir être en accord avec un réalisateur. Je ne crois pas aux distributions qui sont déjà préfaites. Un acteur peut jouer tout, mais je ne crois pas qu’un acteur peut bien jouer tout. Il est important de faire passer des auditions pour trouver la personne qui peut mieux servir le rôle et à qui le rôle peut-il mieux servir aussi. »

 

Question : Est-ce que l’expérience d’interpréter Gerry a été à la hauteur de ce que tu t’attendais?

Mario Saint-Amand : « Cela a été à la grandeur du travail qu’on y a mis. Je l’ai fait en 3 mois, avec toute la charge émotive et les possibilités que j’avais. Je l’ai fait avec autant de cœur et de passion que Gerry en avait lui-même pour faire sa musique. »

 

Question : Une de mes scènes préférées du film, est le moment où Gerry (avec ta voix) chante Georgia on my mind aux funérailles de son père. La voix n’est pas identique, mais elle est remplie de toute l’émotion nécessaire et c’est très émouvant.

Mario Saint-Amand : « Alors, voilà! Là vous mettez le doigt exactement sur ce sur quoi j’ai travaillé. J’ai 183 scènes sur 187. Chacune des scènes a une émotion précise. Et moi, comme interprète, je me dois de faire chacune des ces émotions-là clair. Pour qu’à la fin vous ayez une symphonie d’émotions qui traduisent le Gerry que j’ai en dedans de moi. Pour arriver à donner cette émotion-là, il faut que j’aille à la rencontre des gens qui ont été près de lui : sa femme Françoise, Denis Boulet, son frère, Breen Leboeuf. Il a fallu que je me nourrisse de ces gens-là, pour arriver à remplir les tiroirs d’émotion qui étaient vides. Car les tiroirs d’émotion de Mario, l’acteur et l’humain, j’en avais qui pouvaient servir. Mais il y en avait bien d’autres que je devais nourrir et remplir. Et c’est à cela que ça a servi ces rencontres fructueuses avec les gens qui l’ont vraiment aimé sincèrement.»

 

Question : Est-ce qu’il y a des scènes où vous avez eu de la difficulté par exemple à aller chercher la bonne émotion?

Mario Saint-Amand : « Il y en a eu plein, mais il y avait tellement de bons acteurs que chaque fois qu’on se mettait autour de la table et avec cette base solide qu’on avait de Nathalie Petrowski, on travaillait les scènes pour en arriver à cette magie qui opérait. Mais il y a une scène à la fin du film, où Gerry est malade et sur le plateau c’est vraiment très dense, très lourd. Je demande alors à Alain pour aller dans ma loge et c’est là que j’ai appelé Françoise. Je lui ai dit que je trouvais cela difficile d’avoir deux ou trois jours à jouer la maladie de Gerry. Je lui demande de me parler. Elle commence à me parler, me dire ce qu’elle va faire dans sa journée. Elle me dit que tout à l’heure sa petite cocotte va l’appeler. J’étais surpris. Et elle me dit que Gerry appelait sa fille Julie, ma petite cocotte. J’ai su alors pourquoi j’avais appelé Françoise. Elle venait de me donner ce qui me manquait. Je suis retourné sur le plateau de tournage et j’ai dit Alain : je pense que Gerry avait besoin qu’on rajoute quelque chose au texte. C’est ma petite cocotte. Alors quand Julie descend de sa chambre pour venir rejoindre son père, il la prend dans ses bras et lui dit tu sais que je t’aime ma petite cocotte. Gerry avait besoin de lui dire ça. Ce n’était pas écrit, mais c’est la magie qui a opéré pour qu’on le rajoute. Et cela a opéré souvent comme ça. Comme à la toute fin du film. C’est un hommage posthume à un homme qui se termine par une scène qui a été révélée par sa femme qui l’a aimé plus que tout au monde. C’est extraordinaire. C’est extra hors de l’ordinaire. Un hymne à la vie!»

 

 

 

 

Le film sera en salle dès le 15 juin 2011.

 

Un film de
ALAIN DESROCHERS

Scénario et dialogues
NATHALIE PETROWSKI d’après le livre Gerry Boulet, avant de m’en aller de Mario Roy

Une production de
CHRISTIAN LAROUCHE

Société de production : Les Films Christal

Avec
MARIO SAINT-AMAND (Gerald ‘Gerry’ Boulet)
CAPUCINE DELABY (Françoise Faraldo)
LOUIS-DAVID MORASSE (Denis Boulet)
MARC-FRANÇOIS BLONDIN (Jean ‘Johnny’ Gravel)
MATHIEU LEPAGE (Michel ‘Willie’ Lamothe)

ROBERTO MEI (Roger ‘Wezo’ Belval)
MADELEINE PELOQUIN (Dense Croteau)

ERIC BRUNO (Pierre Harel)
EUGENE BROTTO (Breen Leboeuf)
JONAS RICHARD TOMALTY (John Mígale)
ERIKA GAGNON (Charlotte Boulet, mère de Gerry)
LUC PROULX (Georges Boulet, père de Gerry)

NORMAND DANEAU (Béranger Dufour)

JASSEN CHARRON (Gerry, jeune)

Direction de la photographie
YVES BÉLANGER C.S.C.

Direction artistique
DOMINIQUE DESROCHERS

Création des costumes
CARMEN ALIE

Montage image
ERIC DROUIN

Musique originale
F.M. LESIEUR

Distribution des rôles
DANIEL POISSON et PIERRE PAGEAU

Maquillage
JULIE CASAULT

Coiffure
DENIS PARENT

Son
MARTIN DESMARAIS

Producteur délégué
CLAUDE PAIEMENT

Superviseur de la production
ÉRIK DANIEL

http://www.gerry-lefilm.com/

 

 

Crédit photo : Yannick Lepage