C’est aujourd’hui, le 21 octobre, que le film Décharge de Benoit Pilon, mettant en vedette David Boutin, Isabel Richer et Sophie Desmarais, prend l’affiche dans les salles de cinéma du Québec.
En regardant le titre et la bande-annonce de Décharge, on peut déjà avoir une bonne idée du style de film que Benoit Pilon nous propose. C’est un film qui parle de sujets bien actuels, bien ancrés à Montréal, soit les gangs de rue, la drogue, la prostitution, la criminalité qui s’installent dans les quartiers populaires ouvriers, les parcs où les enfants se sentent moins en sécurité. Bref, c’est un drame urbain, sombre et réaliste qui se passe dans un quartier de Montréal pas très accueillant, ni recommandable.
C’est dans cet univers que Pierre (David Boutin) un ancien délinquant repenti, vit paisiblement avec sa femme Madeleine (Isabel Richer) et ses trois enfants, en étant vidangeur, travailleur autonome, qui gère sa flotte de camions. De son côté, Madeleine est intervenante sociale auprès des jeunes. Elle a connu Pierre dans la rue presque 20 ans plus tôt et elle s’est attachée à lui. Mais depuis peu, leur quartier est envahi de dealers et de jeunes prostituées. La route de Pierre croisera celle d’Ève (Sophie Desmarais), une jeune toxicomane sous l’emprise d’un gang de rue qui le poussera à faire face aux démons de son passé.
Dès le début du film, on prend le temps de bien camper les personnages, la famille de Pierre surtout, comment ils sont heureux, en contrôle de leur vie et leur bonheur, dans ce quartier, jusqu’à ce malencontreux évènement qui survient, mettant en danger la vie du plus jeune garçon de Pierre. Comme Pierre connaît ce monde là, pour en avoir fait partie autrefois et qu’il est habitué de régler ses problèmes à sa façon, ce dernier se lance dans la chasse aux junkies et il sera confronté à ses démons, revivra son passé, pour ensuite tenter de réparer ses erreurs de jeunesse, en espérant sauver la belle Ève des mains de la prostitution et de la drogue. Pour ce faire, il mettra son mariage en péril.
En plus de découvrir ces quartiers malfamés de Montréal, on en apprend un peu plus sur le métier de vidangeur et le parcours des déchets de la ville. Contrairement à Québec, où ce sont les bacs qui prédominent, à Montréal, c’est encore les gros sacs noirs et la multitude de détritus que les gens jettent chaque jour. C’est un univers assez déprimant et dégoutant à visiter, mais c’est la première fois qu’on s’y attarde à ces métiers au cinéma, alors c’est tout de même intéressant.
Ce film, oui, il est dur et cru par moment, mais il est surtout inspiré de la réalité et on nous la projette sur plein écran. Les personnages sont très bien étoffés et on se laisse aisément embarquer dans l’histoire. Au niveau de la distribution, David Boutin crève l’écran. On y croit totalement à son personnage de bum repenti qui a refait sa vie. On le sent fort et en contrôle dès le début. Et lorsqu’il s’enfonce tranquillement dans son ancienne vie, on le voit perdre ses repères, on voit les failles et les fissures qui se créent. On ne peut que comprendre ses motivations, mais également souhaiter qu’il s’en sorte indemne. Avec Isabelle Richer, il y a une belle chimie qui existe entre Pierre et Madeleine. Cette dernière joue avec aplomb et émotions. Et Sophie Desmarais est également très convaincante dans le rôle de la toxicomane. Un jeu tout en nuance, parfois insolente, aguichante ou avec le regard vide de celle qui vient de se « shooter ». On ne peut lui en vouloir de s’être laissé avoir et de faire tomber Pierre dans sa chute. Elle est une petite fille perdue dans son corps d’adulte.
C’est un film qui dérange, qui amène des questionnements, sur nos limites à aider quelqu’un. Ce film ébranle et ne peut laisser personne indifférent. Il questionne, mais ne juge pas, ni ne donne des réponses. On en ressort touché, bouleversé, secoué.
Au niveau de la musique, les moments intenses de stress, d’émotions fortes sont accentués par une musique agressante. Ce qui ajoute au sentiment de malaise. Au niveau des images, on n’a pas peur de nous montrer les vraies choses, avec des prises de vue, parfois en gros plan. Benoit Pilon a réussi un excellent travail au niveau de la réalisation pour nous imprégner de cette atmosphère étouffante et angoissante qui règne dans ces quartiers dérangeants et dérangés!
Après avoir été présenté au Festival international du Film francophone de Namur ainsi qu’au Vancouver International Film Festival, le film Décharge a été présenté en première dans le cadre du Festival du nouveau cinéma le 17 octobre dernier et fera partie de la programmation de la 15e édition du cinéma du Québec à Paris en novembre prochain.
Ce film prend l’affiche le 21 octobre dans les salles de cinéma du Québec.
Distribution :
Pierre : David Boutin
Madeleine : Isabel Richer
Eve : Sophie Desmarais
Fiche Technique
Réalisation : Benoit Pilon
Production : Richard Lalonde FORUM FILMS
Scénario : Benoit Pilon et Pierre Szalowski
Idée originale : Benoit Pilon
Conception artistique : Guy Lalande
Direction photo : MichelLa Veaux
Montage : Richard Comeau et Louis-Philippe Rathé
Musique originale : Robert M. Lepage
Création des costumes : Odette Gadoury
Distribution des rôles : Catherine Didelot
Distribution : Remstar
crédit photos : Gracieuseté de Remstar films