The Artist

The Artist
The Artis

Le film de Michel Hazanavicius the Artist, nous replonge dans le cinéma muet, noir et blanc des années 30, aux sources mêmes du cinéma et, qui plus est à Hollywood, pour une histoire hollywoodienne : Celle de l’amour qui naît, croît et se révèle à Georges Valentin un acteur, vedette du muet avant qu’il tombe dans l’oubli parce qu’il n’a pas cru au cinéma parlant et Peppy Miller une star montante du cinéma parlant naissant. Mais au travers de ces deux êtres, de leur romance sur fonds de mélodrame, c’est l’histoire de deux époques qui se succèdent, l’une écrasant l’autre pour se développer laquelle est elle-même trop orgueilleuse pour accepter d’accompagner l’avancée technologique qui se fait alors à ses dépends jusqu’à ce que, Happy end à Hollywood, naisse de l’amour enfin assumé entre les deux héros, une nouvelle création : les comédies musicales sur fonds de numéros de  danses de claquettes.

L’histoire semble à première vue classique, banale même, mais pourtant The Artist est un vrai grand et beau film. D’abord parce que ce film a l’audace de réussir un projet fou, un défi, celui de réaliser plus de 90 ans après la fin du cinéma muet, un véritable film muet en noir et blanc, pas un artifice, un gadget. Comme le souligne Jean Dujardin : comme si le parlant était arrivé trop vite, qu’il y avait encore des choses à dire…Michel (Hazanavicius) refait un film muet 90 ans après! C’est assez bluffant, j’ai l’impression qu’il a trouvé là, sans prétention, comme un petit chaînon manquant…Et il a eu raison, aucun film parlant et en couleur sur cette époque, aucun hommage n’aurait eu l’impact que possède aujourd’hui The Artist.

Certains pourraient objecter à l’heure du cinéma sur support numérique et en 3D qu’un tel projet a tout de l’obsolescence inutile, ringarde et passéiste. Au contraire, il est des retours en arrière qui sont des vrais défis du futur technologique et The Artist est de ceux là. C’est parce que le cinéma aujourd’hui est arrivé à un tel stade de développement technique que ce film en noir et blanc, est possible. Parce que ces avancées technologiques ont rendu possible de recréer les conditions de tournage. Parce qu’aussi le temps qui a passé nous a permis de ne plus considérer le cinéma muet comme du has been mais bien comme des origines qui, comme le dit Georges Valentin dans le film, «ont ouvert la voie » et que nous devons revisiter, redécouvrir. Ce  retour aux origines, nous fait comprendre que ce cinéma premier était un art à part entière pas simplement un cinéma qui n’était ni parlant ni en couleur se définissant uniquement par ce qu’il n’était pas.

Ce cinéma aussi était au service des jeux d’acteur et des émotions et de quels jeux! Là encore, laissons parler Jean Dujardin : J’ai découvert que le cinéma muet était presque un atout : il suffit de penser l’émotion pour qu’elle se voie. Aucun dialogue ne vient la polluer…; Sans la parole, au fond il reste l’essentiel : Le jeu et l’émotion Cela me touchait d’autant plus que j’aime beaucoup que le jeu passe par le corps et que je voyais dans ces films une expression très personnelle très sensuelle »  ou encore le réalisateur Michel Hazanavicius : Pour la plupart des acteurs la voix est un atout formidable. Et soudain, ils devaient en faire abstraction. Ils ne devaient pas se soucier s’ils étaient justes ou s’ils étaient faux. De la même manière, ils devaient faire abstraction du texte, support essentiel habituellement pour faire passer les émotions… Là, tout devait passer visuellement.

Si le jeu d’acteur est mis en valeur il en va de même de la musique et de la photographie. Parce que dans le cinéma muet ils sont indispensables à la compréhension de l’histoire, ils sont dans ce film, remis à l’honneur. Ainsi, la musique n’est pas, comme elle a tendance parfois à l’être aujourd’hui, un simple effet de surligneur excessif pour spectateur un peu demeurés. Ici, au contraire, elle rythme, elle construit le film en écho avec la photographie. D’ailleurs, les acteurs ont souvent joué sur de la musique durant le tournage.

Mais pour réussir ce que le réalisateur appelle lui-même son fantasme il avait besoin d’une équipe aussi bien d’acteurs que de techniciens exceptionnels et c’est bien ce que nous offre ce film.

Les interprètes Jean Dujardin et Bérénice Béjo sont exceptionnels parce qu’ils nous font autant croire à l’histoire qu’ils rendent leurs lettres de noblesse à ce cinéma des années 30. Ils ont su merveilleusement répondre à tous ces impératifs du jeu d’acteur qu’impose le cinéma muet, noir et blanc. Le «ton » est juste et ce talent des expressions du visage comme du langage du corps que Jean Dujardin avait mis au service des parodies des James Bond dans les OSS est magnifiquement mis au service de cet hommage. Loin des clichés et stéréotypes que notre mémoire a trop souvent retenus du cinéma muet ils nous font redécouvrir un art cinématographique porteur d’un jeu tout en nuance. Un jeu qui se met alors au service d’une histoire qui en devient belle et émouvante. À cet égard, Peggy Miller se glissant dans le tuxedo de Georges Valentin tout comme le cauchemar de Georges valentin se découvrant exclu du monde parlant.deviendront plus que probablement des morceaux d’anthologie.

Mais il faut aussi mettre en avant le travail extraordinaire réalisé par le directeur de la photographie, le magicien de cette prouesse technique d’un retour au noir et blanc (d’ailleurs filmé en couleur), Guillaume Schiffman, et le compositeur Ludovic Bource autres complices des défis cinématographiques du réalisateur Michel Hazanavicius ainsi qu’à toutes les équipes des costumes et des décors placés sous la direction respective de Marks Bridges et Laurence Bennett.

The Artist est un film en mémoire au cinéma d’Hollywood tant par son histoire, sa technique cinématographique que par son décor. Hollywood a su répondre à cet hommage : Les portes des studios et de leurs décors mythiques se sont ouvertes à cette équipe de cinéastes français. Outre les techniciens, plusieurs acteurs d’Hollywood ont apporté leur soutien et leur participation, souvent à leur propre demande, notamment James Crowmwell dans le rôle du fidèle chauffeur, Malcolm McDowell et John Goodman.

Dans The Artist, Michel Hazanavicius tout à son souci de restituer le cinéma des années 30 aurait pu tomber dans le film documentaire, se laisser envahir par le souci de l’authenticité brisant là toute poésie et magie : Au contraire, il a su faire le pari de se nourrir de l’imposante documentation dont plus de 330 films du muet qu’il a visionnés pour, comme il le dit lui-même : Se nourrir, comprendre les règles à fond pour pouvoir mieux les oublier au final….faire un tremplin à l’imaginaire. Le pari a été gagné haut la main

The Artist met aussi en lumière le rôle des producteurs ceux qui savent accompagner les rêves qui semblent les plus fous et qui font au final les grands films. Thomas Langmann le producteur du film est de ceux là.

The Artist : sélection officielle du Festival de cannes 2011. Prix d’interprétation masculine pour Jean Dujardin
Prix du cinéma européen 2011 de la meilleure musique de film
Présenté en première Nord Américaine au festival des films du Monde  2011
Présenté au festival international du film de Toronto en 2011
Meilleur film de l’année et meilleur réalisateur pour le New York Film Critics Circle
Nominé 5 fois pour les Films Independent’s Spirit Awards : meilleur film; meilleure mise en scène, meilleure photographie, meilleur scénario et meilleur acteur.

Le film prend l’affiche le 09 décembre dans les salles du Québec.

Fiche technique :
Réalisateur et scénariste Michel Hazanavicius
Producteur : Thomas Langmann
Directeur de la photographie Guillaume Schiffman
Décors; Laurence Bennett
Costumes Marks Bridges
Musique Ludovic Bource
Distribution
Georges Valentin : Jean Dujardin
Peppy Miller : Bérénice Béjo
Al Zimmer : John Goodman
Cliton : James Cromwell
Doris : Pénélope Ann Miller
Constance : Missi Pyle
Une coproduction La Petite reine- Studio 37- La classe américaine – Jd Prod- France 3 cinéma- Jouror Production – Ufilm-
Les citations de Michel Hazanavicius et de Jean Dujardin  proviennent du dossier de presse d’ Alliance Vivafilm