SEPSIS

 

Monologue de Joanie Lehoux, interprète

En survolant le descriptif de la production théâtrale SEPSIS, enchâssé sur le site internet du Théâtre Péril, un événement récent de l’actualité m’est venu àl’esprit, peut-être l’avez-vous entendu d’un proche de votre entourage ou même à la radio. Je parle de l’attaque d’un pitbull sur un couple en pleine discorde amoureuse dont l’histoire finit irréellement par un combat entre homme et bête. Cette mésaventure qui se termine en bain de sang et avec l’euthanasie du chien en question n’a aucun lien avec la pièce hormis le fait qu’il y a une figure de pitbull illustré dans la figure de présentation. Je vous entends dire : « Mais où veut-il en venir? » Je ne faisais pas allusion à quelconque coïncidence ironique entre la pièce et l’actualité, mais bien de la relation que l’on entretient avec la mort qui peut mordre à tout moment comme la poignante morsure d’un pitbull stigmatisé par son instinct primaire.

La pièce joue le pari de l’angoisse qui étreint le spectateur par un jeu de lumière crue et directement projetée à sa figure par des néons hospitaliers. L’unique décor, qui déjà évoque le thème principal de la pièce, la mort, représente sobrement celui de n’importe quelle morgue occidentale avec ces alcôves murales remplies de cadavres attendant d’être identifiés ou transférés. Une innovation scénique de Christian Lapointe a glissé un sourire sur mon visage : la morgue a été conçue de façon renversé comme vous pouvez le voir sur la  deuxième photo. Ainsi, les dépouilles se retrouvent face au aux spectateurs et cet élément majeur de la pièce embelli le propos comme autant de couvre-chefs à plume et à large bord.

Trois résidents de la morgue

L’un après l’autre, les morts nous exposent des bribes de leurs vies, des remords, leurs derniers instants avant de passer dans « l’autre-monde », des sensations éprouvées après leurs morts, une rencontre avec Dieu et même des rêves à moitié oubliés. Le plus éprouvant est sans nul doute tout ces élans, ces aspirations coupées par la Grande faucheuse qui amène une grande froideur au partage narratif de ces morts à nous qui sommes encore vivant, mais soucieux d’oublié la finalité de notre existence. Le temps est tout aussi éphémèrement dépensé par les vivants qu’il semble devenir un sujet de mépris utilisé par les résidents de la morgue.

Après mure réflexion, je crois personnellement que SEPSIS  se démarque par son caractère vindicatif de provocateur tranquille permettant à tous ceux ayant l’occasion de voir cette pièce d’apprécier d’être réintroduits dans le cosmos de notre individualité. Je m’explique : si, en tant qu’homme intelligent, je dénie et soustrais le sujet de la mort dans la plus profonde des oubliettes, je ne fais qu’accroître de façon perverse
« l’abatitude » de la vie. C’est ainsi que connaître la finalité de son existence est proportionnel à toute tendance à s’accomplir en tant qu’individu.

SEPSIS et l'oeil de la caméra

Une production du  Théâtre Péril en coproduction avec Recto-Verso.

Équipe de création
Texte, mise en scène et musique / Christian Lapointe
Assistance à la mise en scène et régie / Alexandra  Sutto
Scénographie / Jean-François Labbé
Lumière / Martin Sirois

Interprètes
Sylvio Arriola              Joanie  Lehoux
Israël Gamache           Jocelyn Pelletier
Rachel Graton            Eric Robidoux

info@theatreperil.com

 

Du 10 au 14 janvier 2012 à 20 h

à la salle Multi de la Coopérative Méduse (591, rue de
Saint-Vallier Est, Québec)

Du 17 au 21 janvier 2012 à 20 h à La Chapelle (3700, rue Saint-Dominique, Montréal)

Crédit photos : Yan Turcotte