La date

 

Alexandre Fecteau, Frédérique Bradet, Maxime Robin

Méchant Party entre amis! Une expérience unique, surprenante, enivrante et une soirée très agréable autour d’une bonne bouteille de vin! Que demander de mieux ?

 Le théâtre Premier Acte, année après année, surprend et rayonne par la qualité de ses pièces, le caractère innovateur en matière de mise en scène, les textes audacieux et les performances d’acteurs toujours à la hauteur du défi qui leur est lancé. Et la pièce La date ne fait pas exception à cette règle bien au contraire.

Après avoir vu Iphigénie en auto de Maxime Robin tout récemment, voilà que ce dernier revient avec Alexandre Fecteau pour cette nouvelle création du collectif Nous sommes ici, La date, une pièce d’autofiction où les spectateurs sont invités au coeur de la fête et même à apporter leur vin – s’ils le souhaitent.

Maxime, Frédérique, Sophie, Jean-Michel

Après L’Étape et Changing Room, deux docu-théâtres multimédias,  la troupe Nous sommes ici récidive dans le théâtre de proximité avec cette pièce à saveur mi-fiction mi-documentaire et prend le risque d’ajouter une personne du public comme personnage assez important dans la pièce et d’en appeler au public pour jouer les figurants pour les autres rôles. Et ce risque est à mon avis très payant, car le public a été conquis par cette soirée pour le moins inusité. La dernière fois que j’ai vu une pièce aussi audacieuse est lorsque Martin Genest nous avait présenté la pièce Festen : Fête de famille et que certaines personnes du public pouvaient s’asseoir à la grande table de la fête, avec les comédiens.

 Tandis que L’étape et Changing Room relataient des témoignages réels, La date est le fruit d’une recherche de l’équipe de Nous sommes ici. Ils ont organisé plusieurs soirées entre amis et ce sont des anecdotes vécues que Alexandre Fecteau et Maxime Robin, qui font aussi partie de la distribution ont rassemblés et modifiés pour les intégrer par la suite à cette histoire ou chaque comédien joue son propre rôle, tout en étant un personnage fictif. Si bien que le public vient à ne plus savoir ce qui est réel et ce qui est fiction.

Au salon, Sophie, Frédérique et Maxime

 Le public, dès son entrée en salle est convié, par les hôtes de la réception, à se déchausser et mettre des pantoufles, puis de s’asseoir dans le loft à l’endroit qui lui plait. Que ce soit dans les gradins (pour assister un peu en retrait à la fête), dans la section cabaret ou carrément dans les fauteuils du salon ou sur des coussins, les gens sont invités à faire partie du party. Les gens peuvent amener une bouteille de vin et les hôtes de la soirée fournissent les verres et l’ouvre-bouteille, tout en discutant avec le public avant le début du spectacle, pendant qu’à la cuisine se prépare le repas.  

 C’est vraiment surréaliste! On le voit sur le visage du public, qu’ils sont enchantés de participer à une telle soirée. Ils sont prêts à tout. Et ils doivent l’être, car à tout moment, une personne de l’assistance peut être prise à partie pour soit venir manger avec eux, ou même devenir la blonde d’un d’entre eux. Et c’est là que le public devient acteur et l’acteur doit s’adapter au public.

 

Toute l'équipe de LA DATE

Au cours de ce souper, aucun sujet n’est tabou. L’amour. Le cul. La vie. La trentaine. L’avenir. Les relations de couple. La recherche de l’âme sœur. La première fois. Bref toutes ces préoccupations des jeunes gens d’aujourd’hui, ces éternels adolescents (25-35 ans) qui tardent à faire le passage à la vie adulte. Gai ou straight, chacun se reconnaît un peu dans un des personnages c’est certain. À travers ces anecdotes, l’on suit également l’histoire principale de la pièce, soit celle où Jean-Michel présente à ses amis sa nouvelle conquête. Elle devient alors le centre d’attraction et provoque des remises en question de la part des convives présents.

 Le fait d’être si proche de l’action, et de les voir nous regarder dans les yeux lorsqu’ils racontent des anecdotes, cela nous donne l’impression d’être dans la réalité. On oublie les éclairages, les gradins. On se sent vraiment chez Sophie. C’est la même chose pour la jeune femme qui en vient à interpréter un rôle. On la sent craintive au début, mais peu à peu, elle se laisse aller et elle embarque pleinement dans le jeu, dévoilant des moments intimes de sa vie, oubliant surement à l’occasion qu’elle doit jouer.

 Il y a beaucoup d’humour dans cette pièce, mais aussi des moments très dramatiques et des malaises auprès du public. Parfois ces malaises sont causés par le fait qu’on a l’impression, en tant que spectateur qu’on n’a pas d’affaire là. On est voyeur bien malgré nous. Comme lors de nos propres partys de famille et que les gens se chicanent et nous dévoilent trop d’informations. Parfois aussi, les anecdotes sont très croustillantes et le fait de recourir à un procédé de jeu de rôle et de flash-back pour se remémorer une situation, cela engendre des malaises à entendre et voir se décrire des scènes de moments intimes.

 Mais surtout, ce spectacle nous porte à la réflexion, sur l’amour, l’âme sœur, le prince charmant qu’on a appris toutes petites, sur les gais, les hétéros, les bisexuels, sur les peines d’amour, l’amour-propre, et l’estime de soi. Tous des thèmes et des valeurs qui sont analysés, passés au peigne fin, avec Maxime, qui joue le maitre (narrateur) et nous questionne, nous amène à faire des réflexions. Il y a aussi chacun des autres personnages qui à tout moment peuvent intervenir également dans la narration pour faire une parenthèse, expliquer quelque chose, faire un retour arrière.

 Comme à l’habitude, Alexandre Fecteau (qui se lance pour une première fois dans le métier d’acteur et réussit très bien), utilise des procédés multimédias pour agrémenter le propos. Que ce soit des vidéos, qui se passent dans la pièce à côté, ou un projecteur et des photos qui servent surtout à faire rire et à détendre l’atmosphère, tout cela mis à contribution et est contrôlé par Alexandre bien discrètement pendant la soirée. Et pour que le public se sente vraiment à l’intérieur du party, tout l’espace scénique est utilisé et l’action se déplace avec les acteurs à travers les pièces (salon, cuisine, bureau, salle de bain) et à travers les tables, les gradins, les coussins, où les gens sont littéralement des figurants dans leur party. Les acteurs n’hésitent pas à déplacer quelqu’un, prendre sa chaise, son vin, comme s’il était un véritable invité chez lui. Et le public ne s’en formalise pas, puisque dès les premières minutes, on se sent bien chez Sophie. Ces gens sont accueillants, invitants et on oublie que ce sont des comédiens.

 

Maxime Robin

Maxime est excellent, touchant, rigolo, et très flexible! Jean-Michel est captivant, passant du calme à l’agressif assez aisément. Il a un jeu très physique qu’il maitrise très bien. En fait, tous les comédiens sont très crédibles et permettent aux gens de passer une excellente soirée entre amis. C’est une forme de thérapie à laquelle tous peuvent s’identifier avec ces thèmes comme l’amour, la recherche de l’âme sœur, la rupture, l’angoisse d’une nouvelle relation.

 Honnêtement, je pense que j’aurais le goût de revoir cette pièce ne serait-ce que pour retrouver mes nouveaux amis et partager une bonne bouteille de vin avec eux!

 LA DATE

Par Nous sommes ici

Du 20 mars au 6 avril 2012 à 20 h, et le dernier samedi, 7 avril à 15h

Un spectacle apportez votre vin!

 Texte : Maxime Robin et Alexandre Fecteau

Idée originale : Frédérique Bradet, Alexandre Fecteau et Sophie Thibeault

Mise en scène : Alexandre Fecteau

Assistance à la mise en scène : Jocelyn Paré

Direction technique : François Leclerc

Scénographie : Cybel St-Pierre

Éclairages : Jérôme Huot

Direction de production : Raymond Poirier

Distribution : Frédérique Bradet, Jean-Michel Déry, Alexandre Fecteau, Maxime Robin et Sophie Thibeault

 

BILLETS EN VENTE SUR RÉSEAU BILLETECH – 418 643-8131

Au coût de 23 $ (régulier), 17 $ (étudiant) et 13 $ (groupe) + frais de service

INFORMATION PREMIER ACTE : 418 694-9656

 www.premieracte.ca

 

Crédits photos : Cath. Langlois photographe