Inch’Allah

Inch’Allah

J’ai vu, samedi le 22 septembre dernier, en première Québécoise, le film de clôture du Festival de cinéma de la Villede Québec Inch’Allah, d’Anaïs Barbeau-Lavalette et produit par Luc Déry et Kim McCraw de micro_scope, la compagnie derrière les succès Incendies et Monsieur Lazhar. Cela met en vedette Évelyne Brochu dans le rôle principal de ce superbe film qui pose un regard humain sur la Palestine et Israël alors que les gens sont confrontés à la guerre. Le film prend l’affiche en salle dès le 28 septembre prochain.

Mes entrevues avec les artisans du film se trouvent dans la section Entrevue de ce site.

SYNOPSIS

Dans la clinique de fortune d’un camp de réfugiés palestinien en Cisjordanie, Chloé (Évelyne Brochu), une jeune obstétricienne québécoise, accompagne les femmes enceintes, sous la supervision de Michaël, un médecin d’origine française. Entre les checkpoints et le Mur de séparation, Chloé rencontre la guerre et ceux qui la portent. Rand (Sabrina Ouazani), une patiente pour laquelle Chloé développe une profonde affection; Faysal, le frère aîné de Rand, résistant passionné dont Chloé tombe amoureuse; Safi, le cadet de la famille, enfant brisé par la guerre qui rêve de voler au-delà des frontières; et Ava, jeune militaire, voisine de palier de l’appartement de Chloé en Israël. Cette rencontre entraîne Chloé dans une aventure de l’intime comme du territoire… 

D’emblée, de savoir que la réalisatrice et scénariste Anaïs Barbeau-Lavalette avait réalisé le making-of du film Incendies et qu’elle s’associait aux producteurs de ce même film avec une bonne partie de la même équipe technique, on pouvait penser que ce serait une œuvre cinématographique magistrale, touchante et bouleversante. 

On peut dire que le festival du cinéma de la ville de Québec (FCVQ) a eu du flair de sélectionner ce film pour la clôture de leur festival. Après un passage très remarqué et chaudement acclamé, en première mondiale au Festival international du film de Toronto, il y a quelques jours, c’est avec grand plaisir et anticipation que les gens de la ville de Québec ont accueillis ce long métrage. 

Quel film ! Les gens en sont demeurés soufflés après le visionnement. C’est la première fois que je voyais un film sur la guerre, mais où aucune image de cette guerre n’est montrée spécifiquement. Aucun cadavre, aucune violence physique n’est montrée, mais tout est suggéré. On entend une explosion, mais on voit plutôt des oiseaux s’envoler. On entend des coups de feu, mais on voit plutôt la réaction des gens qui reçoivent le décompte des morts et blessés aux nouvelles à la télé.  On y voit de cette guerre, les répercussions sur les gens, les effets psychologiques, la résilience de ces personnes, la douleur et les déchirements engendrés par cette guerre, par ces conflits. Surtout, on voit les humains derrière cette guerre, et cela, des deux côtés du conflit, sans prendre parti, sans préjugés. Un constat, un regard humain, sur ces Palestiniens, ces Israéliens et ces étrangers qui leur viennent en aide et qui font de leur mieux pour vivre et survivre à travers cette guerre! 

Sabrina Ouazani (Rand) et Evelyne Brochu (Chloé)

À travers le quotidien de Chloé, cette jeune obstétricienne québécoise qui habite en Israël, mais qui travaille dans la clinique de fortune d’un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, on se lie d’amitié avec les deux camps, on y suit leurs combats. Les amours, les amitiés, la vie, la mort, le combat, l’abandon, le travail, les loisirs, le tiraillement entre aider son prochain et sauver sa propre vie au détriment de son prochain, la pauvreté, la culpabilité de ne pas pouvoir faire mieux, mais surtout, la richesse du cœur, et l’espoir qu’un jour ça ira mieux, bref, ce sont tous des éléments, des thèmes que l’on retrouve dans ce film. 

Grâce à un jeu de caméra à l’épaule, le spectateur a l’impression de suivre l’action, perché derrière Chloé, telle son ombre, comme si on voyait ce qu’elle voit et on ressent ce qu’elle ressent. Évelyne Brochu a fait un travail remarquable pour nous présenter une Chloé très engagée dans son métier, mais qui est aussi très engagée auprès de ces amis. Elle a le cœur sur la main et voudrait bien prendre le fardeau de leur guerre sur ses épaules. Évelyne nous présente sa Chloé avec toute sa sensibilité, sa force de caractère et sa fragilité en même temps. C’est très émouvant de voir Chloé tenter de créer des amitiés entre les Israéliens (Ava) et les Palestiniens (Rand). 

Il y a également Sabrina Ouazani, une actrice française d’origine algérienne qui donne une performance sublime dans ce film. Elle incarne Rand, une Palestinienne, et bien qu’elle ne parlait pas du tout cette langue et ne connaissait pas non plus cette culture, on peut dire qu’elle a rendu son personnage de manière très crédible, au point de croire qu’elle est littéralement une des leurs. 

Evelyne Brochu (Chloé) et Yousef Sweid (Faysal)

Pendant ce tournage en Jordanie, des comédiens, figurants et techniciens locaux ont été utilisés et plusieurs jeunes enfants des camps de réfugiés ont participé à cette aventure comme figurants. Et je pense que c’est une magnifique idée de Anaïs Barbeau-Lavalette, car ces enfants crèvent l’écran. On adore les voir s’amuser et rigoler malgré le climat de guerre qui existe autour d’eux. Anaïs a réussi un tour de force de nous montrer ce film à la manière d’un documentaire, bien que cela n’en soit pas un. Cela rend le tout encore plus poignant, nous rendant témoins privilégiés de la vie de ces peuples en temps de guerre. Un beau contraste avec ce qu’on est habitué de voir. 

 

Le film prend l’affiche en salle dès le 28 septembre 2012.

 Distribution

Evelyne Brochu (Chloé)

Sabrina Ouazani (Rand)

Yousef Sweid (Faysal)

Sivan Levy (Ava)

Carlo Brandt

Marie-Thérèse Fortin

 

Fiche technique

coproduction Québec-France, 2012

Tournage : 23 octobre au 18 décembre 2011 en Jordanie et en Israël

Langue : Français, anglais, arabe et hébreu  avec surtitres

 

Réalisation : Anaïs Barbeau-Lavalette

Scénario : Anaïs Barbeau-Lavalette

Consultante au scénario : Valérie Beaugrand-Chanpagne

Production : Luc Déry et Kim McCraw

Coproductrice : Isabelle Dubar

Producteur délégué : Stephen Traynor

Sociétés de production : micro_scope ; ID Unlimited

Distribution : Les Films Christal (Québec) ; Happiness Distribution (France)

Équipe technique – Directeur post-production : Erik Daniel

Musique : Levon Minassian

Photographie : Philippe Lavalette

Son : Jean Umansky, Sylvain Bellemare, Jean-paul Hurier

Montage : Sophie Leblond

Direction artistique : André-Line Beauparlant

Costumes : Sophie Lefebvre

Casting : Emanuelle Beaugrand-Champagne ; Nathalie Boutrie ; Constance Demontoy ; Yael Aviv ; Lara Atalla 

 

Crédit photos : Christal Films