Oxmo Puccino, Roi sans carrosse

Oxmo Puccino, Roi sans carrosse
Oxmo Puccino, Roi sans carrosse

On le surnomme le Black Jacques Brel, il nous revient en force avec son 6e album.

Cet artiste québécois d’envergure, tant dans le domaine de la chanson française que dans celui du jazz, nous revient avec un amalgame de pièce musicale varié et inspirant. Oxmo Pucccino exprime le verbe de vive voix à travers des lèvres noircies par un vécu et une âme tendue vers l’auditeur. C’est comme s’il avait la touche pour tout. Il sait tourner les mots en impressions sensitives. Il connait le bon ton pour dérouler le tapis rouge sur le pavillon de nos oreilles. Son havre de rime et de métaphore est un rythme endiablé de « sucre pimenté ». Il nourrit l’accord entre les mots et la musique. « Le roi sans carrosse » est une femme sans robe de bal à la soirée des Oscars. C’est une personnification d’un manque profond, un vide camusien, une falaise borgésienne Oxmo ne nous offre pas le roi nue, mais un leader dépossédé. On attend d’une morne langueur retournant à nos baisseurs.

« C’est à cause des gratte-ciels que les nuages éternuent ». Je le répète le plus frappant dans ce cd c’est la superposition d’un rythme de hip-hop et d’une mélodie créatrice d’interprétation. Les qualités de cet album sont aussi la profonde recherche poétique et la découverte d’un genre doux, mais frappant de paroles.

De ces grands bras Oxmo nous met à l’abri de l’éphémère réconfort. « La vie est une tristesse à dépasser ». Il est notre boussole à chagrin et notre compas de bonheur. On ne pourrait le catégoriser comme album engagé, mais une fine odeur est perceptible : « à la profonde parole des puits de pétrole, avant que la fortune soit subite, tous les génies étaient stupides […] excusé nous la réussite ».

Un album que vous ne cesserez pas d’écouter en voiture, en cuisinant ou toute autre activité quotidienne nécessitant un peu de soleil et de mots.