Nouvelle exposition au Musée des beaux-arts de Sherbrooke

Coq de croix de chemin, artisan inconnu, entre 1850 et 1923, SMCC 77-943
Coq de croix de chemin, artisan inconnu, entre 1850 et 1923, SMCC 77-943

Du 20 octobre 2012 au 13 janvier 2013 : Du coq à l’âme. L’art populaire au Québec  

Une exposition itinérante réalisée par le Musée canadien des civilisations

Vernissage : le samedi 20 octobre à 17h

Visite de presse : le lundi 22 octobre à 10h30.

Cette exposition vivante et colorée fait voyager les visiteurs à travers 400 ans de créativité québécoise. Elle met en valeur environ 65 œuvres exceptionnelles de l’art populaire québécois du XVIIIe siècle à nos jours. Elle témoigne de la diversité de l’art populaire au fil du temps. Les œuvres proviennent pour la plupart du Musée canadien des civilisations, qui possède la plus impressionnante collection d’art populaire québécois au monde. Un grand nombre de pièces sont tirées de l’exceptionnelle collection réunie par Nettie Covey Sharpe, native des Cantons-de-l’Est, une des plus grandes collectionneuses d’art populaire de l’histoire canadienne. Afin de sensibiliser les visiteurs à la nature même de l’art populaire, ceux-ci sont invités à participer à des activités d’exploration à l’intérieur d’une zone interactive. Les visiteurs y découvriront certains aspects de l’art populaire à travers les regards du collectionneur et du créateur, en plus d’être invités à créer des œuvres. Vidéos et entrevues disponibles à http://www.civilisations.ca/cmc/exhibitions/arts/art-quebec/art-quebec1-f.shtml.

L’exposition est présentée avec l’appui du ministère du Patrimoine canadien par le biais du Programme d’indemnisation pour les expositions itinérantes au Canada / Supported by the Department of Canadian Heritage through the Canada Travelling Exhibitions Indemnification Program.

Pleins feux sur une collectionneuse…

Nettie Covey Sharpe : Née à Saint-Augustin-de-Woburn, dans les Cantons-de-l’Est, le 22 mai 1907, d’un père américain et d’une mère écossaise, Nettie Covey Sharpe aura collectionné le Québec pendant tout près d’un siècle. Elle commence très jeune à amasser des objets dans son village natal ainsi que dans la région du Lac Mégantic, en accompagnant son père dans ses voyages d’affaires. Elle rencontre son futur mari au collège de Stanstead en 1924. Ils se marient en 1934 et partent s’établir à Montréal. Nettie Covey Sharpe poursuit sa passion de collectionner les vieux objets en visitant les villages situés autour de Montréal. Parfaite bilingue, elle cause avec les habitants et se lance en affaires, revendant ses trouvailles à des antiquaires et à des collectionneurs montréalais. En 1951, elle achète une vieille maison de pierre sur le bord du fleuve à Saint-Lambert, maison qu’elle restaurera et qu’elle habitera jusqu’à sa mort en mars 2002.

…et sept créateurs.

On compte des centaines d’artistes en art populaire au Québec, mais l’exposition braque ses projecteurs sur sept parmi les plus intéressants de l’heure. Ces artistes-vedettes ont été choisis pour de nombreuses raisons, dont leur talent, leur originalité et leur passion. Ensemble, ils représentent la grande richesse et la variété de l’art populaire au Québec.

Léon Bouchard (Roberval) : Après avoir quitté l’armée en 1943, il se spécialise dans la construction de chalets forestiers en bois rond. Il fonde également l’Association des anciens combattants de sa région, qu’il présidera pendant 22 ans. À sa retraite, au début des années 1980, il construit son propre chalet et se met à se promener en forêt. C’est là que la nature lui révèle des formes qui l’amènent à la sculpture. Il crée ainsi tout un domaine qu’il nomme « Le P’tit Bonheur ». « Après avoir bâti mon chalet, je me suis mis à prendre mon temps. J’ai examiné les arbres, les pierres. Dans l’eau ou sur le sol, je voyais des formes. À ce moment-là, je me suis mis à sculpter ma vie.»                                                                                                                      .                                                                       

Michel Fedak (Jonquière) : C’est au milieu des années 1970 qu’il crée ses premières œuvres. Il découvre alors qu’il peut marcher sur les traces de son grand-père, un « patenteux ». Il accumule les pièces jusqu’au jour où il a l’audace d’aller les vendre chez une antiquaire de la région de Québec. Il aime sculpter des animaux domestiques et sauvages, ainsi que des personnages qui l’ont inspiré au cours de sa vie. « L’art populaire, c’est plus philosophique que technique. En même temps, l’art populaire est un art simple, tout comme la vie devrait l’être. Aimer l’art populaire, c’est aussi accepter l’imperfection et en venir à l’aimer.»

Clémence Lessard (Saint-Joseph-de-Beauce) : Née dans une famille d’agriculteurs, elle est la neuvième de 14 enfants. Elle devient professeur et enseigne de 1955 à 1995. La méthode active qu’elle utilise dans ses classes inspire les auteurs du rapport Parent, qui, au milieu des années 60, révolutionnera l’enseignement traditionnel au Québec. En 1974, elle s’inscrit à un cours de sculpture à l’UQAM, mais le professeur la refuse, car elle possède déjà une technique bien à elle. Aujourd’hui à la retraite, elle vit dans sa région natale et y poursuit son art. « À ma première année de sculpture, j’ai fait 60 pièces. Je créais jour et nuit. J’allais enseigner le matin. Je dormais deux heures par nuit. J’aimais ça. Je suis passionnée, c’est-à-dire pas capable de m’arrêter. »                             

Raymond Massicotte (Shawinigan) : il commence à « gosser » le bois à 6 ans, pendant qu’il est à l’orphelinat. À 10 ans, il conçoit sa première sculpture : un moine. Par la suite, il apprend divers métiers qui lui permettront de développer sa créativité. Il s’adonne à la sculpture sur bois pendant ses temps libres. Plus tard, il s’intéresse au fonctionnement de l’univers, ce qui oriente résolument son œuvre. En 1987, il entre à l’université pour y travailler la pierre. Sa devise : « Rendre l’impossible possible. ». « Je n’ai jamais appris, mais j’ai toujours su. J’ai toujours su tout ce que je pouvais arriver à faire en prenant un morceau de bois et un canif.»                      

Fleurette Solomon (Gatineau) : Née à Navan, près d’Ottawa, elle se marie à l’âge de 16 ans. Elle aura huit enfants, dont deux mourront de fibrose kystique. Elle milite longtemps en faveur de la recherche sur cette maladie, peu connue à l’époque. Un soir qu’elle soigne une de ses filles atteintes de la maladie, elle trouve un exutoire dans la glaise. Elle construira tout un village d’antan. Elle sculpte aussi des personnages qui présentent les métiers d’autrefois. Son personnage préféré est le songeur, une représentation de l’automne de la vie. « J’avais tellement d’oncles qui travaillaient le bois que je les ai tous représentés. Quand je les expose, les gens me disent : « Mon Dieu que vous avez de l’imagination! » Je leur réponds : « Ben non, je fais juste regarder ce qui est là! » »                                         

Jacqueline Tremblay (Baie-Saint-Paul) : elle compte dans sa famille de nombreux artistes. Son attrait pour les arts est donc naturel. Lorsqu’elle fait ses premiers pas en création, elle peut dessiner, mais elle ne parvient pas à peindre. C’est vers 1976 qu’elle se met à la peinture. Ses tableaux sont des toiles mixtes faites au moyen de coquilles d’œufs broyées, qu’elle a d’abord peintes. « J’ai fait des expériences et encore des expériences, puis, un bon matin, j’ai trouvé des coquilles d’œufs. J’ai pris les œufs et les ai mis sur des cartons. Ensuite, je me suis mise à faire des tableaux entièrement couverts de coquilles d’œufs. »

Michel Villeneuve (Chicoutimi) : Fils du célèbre peintre barbier Arthur Villeneuve (1910-1990), il occupe d’abord divers postes, dont celui d’opérateur de pont roulant aux usines d’Alcan d’Arvida et de Laterrière. En 1997, sept ans après la mort de son père, il se rend compte de son talent lorsqu’il dessine sur une serviette de papier dans un restaurant. C’est la découverte d’une nouvelle passion. Par son œuvre, il vise un objectif : la « continuance des Villeneuve ». Il veut ainsi faire honneur à son père et perpétuer le talent familial. « Ce qui m’inspire? Je commence à occuper le milieu de ma feuille, puis je ne sais pas où je vais. J’écoute ma musique et je fais valser mon crayon. »

 

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