La pièce Charme un comédie dramatique et musicale qui charme le public

Sophie Thibeault, Claudiane Ruelland et Ann-Sophie Archer dans la pièce Charme

C’est mardi le 15 janvier dernier qu’avait lieu la première de la pièce Charme, (dont le texte a été récipiendaire de la bourse Première œuvre de Première ovation en 2009) au théâtre Premier Acte. Après Le cardigan de Gloria Esteban en 2010, Joëlle Bond et la compagnie de théâtre Le petit luxe promettent, avec cette nouvelle pièce, tout un divertissement à saveur rétro kitsch dans un style de comédie musicale.

En 1966, Line Ducharme s’inscrit à des cours de personnalité féminine dans l’espoir de transformer sa vie. C’est le point de départ de Charme, un tableau féminin des années 1940 à aujourd’hui, qui propose une réflexion sur notre rapport au beau et au superficiel. Tour à tour, dans le désordre, l’on nous présente la destinée de trois générations de femmes : Linette (Sophie Thibeault), la mère de Carmelle (Ann-Sophie Archer), elle-même mère de Dominique (Claudiane Ruelland). Il y aussi Sœur Marie dela Grâce(Frédérique Bradet), amie d’enfance de Linette, qui ensuite enseignera à Carmelle puis finira par se lier d’amitié avec Dominique. Entrecoupées de savoureux monologues de François, le professeur de charme (François Édouard Bernier) qui prodigue ses conseils beauté aux femmes des années 60, de chansonnettes et des chorégraphies élaborées, mais tellement comiques, l’histoire de ces quatre femmes se joue à différentes époques et peu à peu, le public fait des liens entres ces femmes et comprend qu’elles font de leur mieux pour être heureuses et devenir meilleures.

 

Ann-Sophie Archer et François Édouard Bernier

Dans un décor d’une chambre à coucher des années 50, avec un tapis rose, et des accessoires dans les mêmes teintes, le ton de la pièce est déjà donné. Cette chambre se transforme tantôt en salle de classe, salle d’essayage de robes de mariées et salle de cours de personnalité. L’idée est géniale de présenter la scène sur la largeur, avec de multiples points d’entrées et sorties. À tout moment, le public rigole de voir surgir François, le professeur de charme, dans les endroits les plus surprenants, par une trappe, un miroir, le garde-robe. Au niveau de la mise en scène, Joëlle Bond a fait un travail colossal pour faire de cette pièce un feu roulant d’action. On passe d’une époque à l’autre aisément. Les chansons et les chorégraphies sont recherchées tout en étant d’un absurde absolu qui ne peut que déclencher le rire dans la salle. De même, les textes sont savoureux, avec des «punchs Line » surprenants dont le public se régale. Si bien même que parfois, on perd la prochaine réplique, car le public rit encore et encore.

Et, au-delà de cet humour farfelu, la pièce pose un regard très révélateur sur les diverses époques et stéréotypes ou modèles de femmes, de mères, de pères et leurs rôles dans la société. Ainsi, cette pièce a de la substance, tout en étant accessible. Elle a de l’humour, tout en étant émouvante, et personne ne peut sortir triste d’une telle soirée tout en rose-bonbon, où la joie et la fête sont de mise. Un théâtre intelligent, une comédie dramatique qui pose un regard humoristique et ironique sur les soucis féminins des années 50 à aujourd’hui.

Marc Auger-Gosselin et Sophie Thibeault

Que ce soit l’éducation des enfants qui était différentes dans les années 50, avec les bonnes sœurs et l’éducation stricte et punitive versus les enfants-roi dans les années 2000. Ou le sort des femmes à la maison qui a évolué de douces ménagères, en féministes engagées puis en femmes de carrière. Jusqu’au choix des femmes de l’époque, de se marier ou rentrer au couvent versus les multiples possibilités aujourd’hui, de tout faire, carrière, famille, loisirs. Même le rôle du père est effleuré au passage, qui passe du géniteur-pourvoyeur, à l’homme-rose d’aujourd’hui.

Il est intéressant aussi de revisiter les époques avec des références diverses en chansons, que ce soit la chanson Dominique de Sœur Sourire, ou une pièce plus moderne de Billy Joel. IL y a également un extrait du film Gone with the Wind où les acteurs prennent les voix des personnages. C’est original et tellement drôle.

 

Frédérique Bradet surprenante dans le rôle de la bonne Soeur

Les comédiens sont naturellement excellents. Pour avoir vu récemment Sophie Thibeault et Frédérique Bradet dans La Date aussi à Premier Acte, dans des rôles plus sexy, plus modernes. Cela est rafraichissant de les voir dans des rôles plus conservateurs, plus privés, et plus timide (Frédéric dans le rôle dela Sœur), et même plus kitsch pour Sophie dans cette femme de maison qui commence à s’émanciper. Ann-Sophie Archer et Claudiane Ruelland complètent ce quatuor de femmes au talent fou, qui savent autant prendre leur place de premier rôle lorsqu’il le faut, et s’effacer pour jouer les figurants et danser au besoin selon les autres scènes qu’elles ont à jouer.

Marc Auger-Gosselin et François Édouard Bernier se partagent les rôles masculins. Pour le premier, ce sont surtout de petits rôles, mais très efficaces, pour le second, on retient surtout son personnage de l’animateur du cours de personnalité, qui donne dans le style exagéré, d’une info-pub des années 50.

Je mets au défi n’importe qui de venir voir cette pièce et de tenter de rester de glace. Cela est impossible, puisque l’énergie et l’humour qui se dégage de cette pièce sont contagieux et ne peuvent que rendre n’importe qui de bonne humeur à la sortie de la salle.

Pièce présentée à Premier Acte, du 15 janvier au 1er février 2013 à 20 h, et le dernier samedi, 2 février à 15h

 

Production :      Le petit luxe – compagnie de théâtre

Texte :  Joëlle Bond

Mise en scène:  Joëlle Bond  et supervision de Jean-Sébastien Ouellette

Scénographie :  Ariane Sauvé

Assistance à la mise en scène : Noémie O’Farrell

Costumes : Joëlle Bond

Éclairage et graphismes : Jérôme Huot

Projections : Marilyn Laflamme

Mouvement : Sophie thibeault

Régie : Joëlle Bond  et Élizabeth Cordeau-Rancourt

Distribution :     Ann-Sophie Archer, Marc Auger-Gosselin, Frédérique Bradet, François Édouard Bernier, Claudiane Ruelland et Sophie Thibeault

Billets en vente sur réseau BilleTech – 418 643-8131

Au coût de 24 $ (courant), 18 $ (étudiant) et 14 $ (groupe) + frais de service

INFORMATION PREMIER ACTE : 418 694-9656

http://www.premieracte.ca

© photos: Cath Langlois photographe.