Patrick Senécal et Véronique Marcotte viennent de lancer, mercredi le 23 janvier dernier, à Montréal, Quinze minutes et Coïts, les deux derniers tomes bouclant la boucle du projet L’Orphéon. Ce projet est une initiative de Martin Balthazar, éditeur chez VLB éditeur qui a proposé à Véronique Marcotte de réunir 5 écrivains (Stéphane Dompierre, Roxanne Bouchard, Geneviève Jannelle, Patrick Senécal et elle-même) pour donner vie à leurs personnages respectifs dans le même édifice à bureau de cinq étages nommé L’Orphéon.
Chaque auteur a la responsabilité d’animer un des étages de cet édifice, tout en créant des points de passage entre les autres étages ainsi que des interactions et connexions entre leurs divers personnages.
Après Corax de Stéphane Dompierre dont le personnage principal est celui de Louis Corax, le propriétaire du bâtiment L’Orphéon qui vit au cinquième étage; Odorama de Geneviève Jannelle dont le personnage de Laurent est un as concepteur d’odeurs chez Odosenss, laboratoire de marketing olfactif situé au 3e étage; et Crématorium circus de Roxanne Bouchard qui a comme personnage central le propriétaire du crématorium Le Phénix, au quatrième étage de l’Orphéon, voilà que Quinze minutes de Patrick Senécal s’intéresse à Johnny Net qui vend des concepts vidéos pour devenir une vedette sur YouTube, dans sa compagnie sise au 1er étage, tandis que Coïts de Véronique Marcotte a comme personnage principal Collard qui démarre son entreprise d’escorte de luxe dans un bordel qui ouvre de 9h à 17h, au 2e étage de l’Orphéon.
Bien que je n’ai pas lu les autres romans de la série, et que j’ai d’abord jeté mon dévolu sur Quinze minutes de Patrick Senécal, pour débuter la série, je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’avoir lu les autres tomes pour bien comprendre chaque roman, puisque chacun d’eux est une histoire en soi, même s’ils font des références aux mêmes personnages secondaires et qu’ils ont tous le même lieu de base.
De plus, chacun de ces romans est écrit dans un style bien différent (burlesque, suspense sensuel, conte, etc..) et par des auteurs de très grand talent, mais aussi de plumes bien variées. Ainsi, je pense que chacun de ces romans sera un divertissement intéressant et unique tout en étant dans un environnement connu par le lecteur au fil de ses lectures. Cela permettra également de découvrir, pour ma part du moins, des auteurs que je n’aurais peut-être pas connus autrement.
Donc, pour Quinze minutes, comme j’ai déjà une grande admiration pour l’écriture de Patrick Senécal, j’ai rapidement été conquise par ce genre d’histoire qu’il nous propose. Ce livre ne ressemble en rien au style qu’on lui connait assez sanglant et proche de l’horreur de la plupart de ses gros succès littéraire. Ce n’est pas non plus dans le genre de Malphas, la série plutôt comédie noire que Patrick nous a fait découvrir récemment. Cette histoire est écrite comme un conte allégorique un peu cynique et noir. Il m’a un peu fait penser à A christmas Carol de Charles Dickens alors que Scrooge reçoit la visite successive de trois fantômes des Noëls passés, présent et futurs. Dans ce cas-ci, ce ne sont pas des fantômes qui viennent faire un tour dans la vie de Johnny Net, mais des personnages étranges (je n’en dirai pas plus pour ne pas vendre les punchs) qui sauront faire réfléchir notre cher Johnny, ainsi que nous, lecteurs, sur les perceptions des gens, sur le vedettariat, les «quinze minutes de gloire», la popularité, internet et les médias sociaux et leurs impacts dans nos vies et les diverses valeurs qui mènent nos vies et qui sont véhiculées dans la société et comment ces valeurs sont perçues.
Ce que j’apprécie beaucoup de Patrick Senécal dans ce livre, c’est qu’il réussit à nous faire croire à cette histoire, bien qu’elle soit complètement impossible, puisqu’il ancre bien le tout dans la réalité, avec des situations, des évènements réels et il enrobe le tout d’une certaine ironie qui me fait toujours bien rigoler et il a le don de rendre ses personnages attrayants et attachants, qu’ils soient bons ou non.
Naturellement, je n’ai pas pu déposer ce livre de la soirée. Je l’ai lu d’un seul trait et j’ai déjà hâte de lire les autres volumes de la série.
Dans la même série :
Stéphane Dompierre, Corax
Roxanne Bouchard, Crématorium Circus.
Geneviève Jannelle, Odorama.
Véronique Marcotte, Coïts
Patrick Senécal est le romancier québécois le plus sollicité par le cinéma : tous ses romans sont scénarisés ou en voie de l’être. Le maitre du suspense et de l’épouvante est en autres l’auteur de Sur le seuil, Les 7 Jours du Talion,5150 rue des Ormes, Hell.com Il vient de faire paraître les deux premiers tomes de la série Malphas (Alire). Sept comme setteur et Madame Wenham (La Bagnole) sont désormais considérés comme des classiques de la littérature québécoise pour la jeunesse.
Prix : 19,95 $
184 pages
Éditions : VLB éditeur
