On ne rentre jamais à la maison, le nouveau roman de Stéfani Meunier

On ne rentre jamais à la maison par Stéfani Meunier.  © photo: courtoisie
On ne rentre jamais à la maison par Stéfani Meunier. © photo: courtoisie

Stéfani Meunier fait remonter à l’âge de 13 ans, à l’occasion d’un exercice scolaire, sa première véritable création littéraire montrée et sa prise de conscience d’une vocation incontournable. Après une formation universitaire en maîtrise en création littéraire à l’université McGill, elle quitte Montréal et s’installe dans les Laurentides à Saint-Adolphe d’Howard. Elle publie pour la première fois en 1999 à 18 ans, un recueil de nouvelles, L’Étrangère , et en 2005, son premier roman, Au bout du chemin. En 2007, son deuxième roman, Ce n’est pas une façon de dire adieu, est parmi les finalistes pour le Prix littéraire des collégiens.

Ce 4ème et nouveau roman, On ne rentre jamais à la maison, nous confronte à la double douleur de la disparition : Celle de la perte de la maison de son enfance et de la disparition inexpliquée d’un enfant, d’un(e) ami (e)d’enfance.

Rappelons nous, pour la plupart d’entre nous, nous avons, niché au coin de notre être, une « maison d’enfance » Que ce soit celle de nos parents, d’un membre de notre famille ou d’une location récurrente de vacances. Cette maison nous a structurés parce que nous y avons vécu nos joies et nos peines, nous lui avons confié tous nos secrets, elle nous a accompagnés dans la route vers l’âge adulte, elle nous a protégés, elle a nourri ces « histoires que l’on se raconte pour se faire peur» ou les jeux qu’on invente. Elle forme notre histoire, notre mémoire.  D’elle, nous nous rappelons tout, l’organisation des lieux, les meubles, les décors, les lumières et les odeurs…C’est même souvent avec la cuisine, notre principal souvenir olfactif.

Quitter cette maison est le plus souvent un déchirement, parce que c’est, nous le comprenons bien, l’enfance qui s’en va, le cocon. Retrouver la maison de son enfance devient un rêve, que nous savons inatteignable, comme celui de remonter le temps,  et qui pourtant nous porte. Celui dans lequel on se réfugie quand tout va mal. Mais la plupart d’entre nous surmontent ce déchirement, vivent avec. Le héros du livre, Pierre-Paul, même si un long temps il l’a cru enterré n’y parvient pas parce que l’annonce de cette disparition va en entraîner une autre beaucoup plus tragique et insurmontable: celle de sa meilleure amie, Charlie, enfant fascinée par le mystère qui jette son dévolu sur les secrets et mystères que les enfants dans leur  tête et leur rêves ont construit sur cette maison et qui va se laisser happer et disparaître sans laisser de traces. C’est du moins la lecture que l’enfant Pierre-Paul va faire de cette disparition, et il en portera la culpabilisation latente et persistante même si déniée pendant longtemps. Il faudra l’intervention, la rencontre de la jeune sœur de Charlie, Clara, et de ses souffrances, parce que née après le drame et vécue par ses parents comme l’enfant impossible du remplacement, pour que l’un et l’autre, fassent le chemin de retour vers la maison et constatent « qu’on ne rentre jamais à la maison » et puissent vivre avec, repartir. La maison, en partie démystifiée reprend alors sa juste place dans son histoire personnelle.

On ne rentre jamais à la maison, est merveilleux.  Son écriture sensible, toute en délicatesse a la justesse pour nous faire vivre, sentir ce que nous portons tous en nous s’en savoir l’exprimer, ce rapport secret à la maison d’enfance, puis heureusement ce que pour la plupart d’entre nous nous ignorons, l’insupportable de la disparition d’un être cher. La nostalgie toujours présente dans l’œuvre de Stéfani Meunier a toute sa puissance évocatrice.

La force de l’écriture, sur la maison vient probablement du fait que la maison décrite fut véritablement celle de l’auteure pour laquelle elle a l’attachement décrit par le personnage. L’évocation d’ailleurs du Montréal des années 80 nourrit et donne réalité à cette histoire qui nous fait vivre entre onirisme et réalisme. On se laisse ainsi emporter, émouvoir. Pierre-Paul, Clara, Charlie existent complètement sous nos yeux de lecteurs. Mieux, nous sommes tour à tour, Pierre-Paul, Clara, Charlie et nous vivons cette histoire sous leurs trois regards. Chacun de leur vécu devient le nôtre, tous sont une partie, un temps de nous-mêmes, enfants ou adultes confrontés aux rêves, puis aux deuils nécessaires pour vivre la réalité.

 On ne rentre jamais à la maison
Auteur : Stéfani Meunier
Couverture Olga Khoroshunova, Dreamstime.com
155 pages.
ISBN : 978.2-7646-2213-1; dépôt légal janvier 2013.
Prix suggéré : 20,95 $ avant taxes. Parution 22 janvier 2013
Avec le soutien de : Patrimoine Canada-Fonds du Livre et Conseil des Arts du Canada; Sodec, Québec
Éditions : Boréal  www.editionsboreal.qc.ca
http://www.ruedeslibraires.com/livres/rentre-jamais-maison-298019.html/9c286678be8ed4017c0b129741a949bd9cfad088627ce412cbe49a1ec04108e98c46e990b6dc140aa2e589709940a1d51da52c8b28b6cb0a96cf78ba6e428437/?u=4850

© photo: courtoisie