La comédie musicale « Legally Blonde » au West Island, un plaisir divertissant.

Katja Teixeira dans le rôle de Elle Woods
Katja Teixeira dans le rôle de Elle Woods

(présenté en anglais)

Numéro d'ouverture
Numéro d’ouverture

Tout d’abord un film à succès en 2001 (avec Reese Witherspoon), puis transposé en comédie musicale en 2007 sur Broadway, Legally Blonde, une histoire légère et divertissante se plaît à nous rappeler que nos stéréotypes envers les blondes sont souvent mal fondés. Et d’autres stéréotypes y passent aussi dont celui envers les avocats et j’en passe. Paroles et musiques sont de Laurence O’Keefe et Nell Benjamin, le livret est de Heather Hach, basé sur le film de Amanda Brown.

L’histoire débute avec un groupe de jolies étudiantes qui célèbrent les futures fianciailles de leur présidente Elle Woods, une belle blonde intelligente qui étudie à l’université de Californie UCLA. Mais son futur fiancé (Warner) rompt brutalement avec elle à cause de ses ambitions politiques et la peur que les préjugés envers les belles blondes idiotes nuisent à sa carrière. Après le départ de ce dernier pour débuter son droit à Harvard, Elle décide de regagner son coeur en allant aussi faire son droit à Harvard. Mal lui en pris car les blondes plantureuses sont mal vues et jugées dans ce métier conservateur. Tous les préjugés des blondes la suivront, mais elle réussira à les vaincre, et à s’apercevoir que Warner ne la mérite pas. Au passage elle fera la connaissance d’amis, dont son nouvel amoureux Emmet et sa meilleure amie la coiffeuse Paulette à qui elle montre comment hameçonner son homme.

Pour mettre en perspective le spectacle, le producteur WISTA (www.wista.ca) est un organisme qui a pour but d’éduquer les jeunes étudiants à la performance en théâtre musical. Tous les interprètes sont des étudiants de moins de 30 ans, souvent en musique ou en art. Mais attention, ce ne sont pas des amateurs. Ils sont pleins de talents et j’ai entendu des voix bien meilleures qu’au théâtre dit professionnel. Ils sont moins expérimentés (pas en chant mais en jeu) et les moyens techniques sont réduits, mais ils m’ont impressionné par la richesse et la justesse de leurs voix.

Ceci étant dit, le texte brille par ses blagues rapides (« one-liner ») tout au long des 2h30 que dure le spectacle. La fluiditié des répliques donne un rythme fou à l’histoire qui se déroule sous nos yeux. On déplore quelques bris du rythme au moment de certains changements de décors, mais heureusement l’orchestre de 12 musiciens nous fait patienter avec quelques courtes pièces instrumentales entre les scènes. L’orchestre « live » offre une dynamique de réel au spectacle, la musique est bien présente tout au long des scènes et bien synchro avec les interprètes. Mais à l’occasion elle masque certaines belles voix.

Les chorégraphies ressemblent parfois à celles que j’ai vues lors de la production de Broadway, que ce soit le « Bend & Snap » ou l’ouverture du second acte très réussi avec les cordes à danser. Chanter en même temps qu’on exécute une chorégraphie à la corde à danser relève de la folie, mais les interprètes y réussissent bien. Ce qui frappe c’est l’énergie qui se dégage lors des numéros dansés, et on aimerait retrouver cette énergie lors des scènes parlées, ce qui n’est pas toujours le cas. J’ai bien aimé la scène où le procès final se transporte dans une salle de bain et le juge qui s’approprie la toilette comme trône. Très drôle!

Katja Teixeira dans le rôle de Elle Woods
Katja Teixeira dans le rôle de Elle Woods

Les interprètes des rôles principaux sont très bons, tous ont une très belle voix juste et dynamique. Particulièrement l’interprète de Elle, Katja Teixeira, qui joue facilement avec sa belle voix et nous fait croire en la naïveté et l’intelligence de son personnage, et celle qui incarne Paulette, Sarah Kulaga-Yoskovitz, avec sa voix chaude et puissante et d’une forte présence sur scène et une justesse de jeu. Ces deux là ont une excellente chance de continuer à faire carrière. Celui qui joue Emmett, Joel Bernstein, ressemble un peu à celui qui joue dans le film par son intégrité et sa simplicité, tout en ayant une belle voix en duo avec Elle. Et le livreur de UPS a bien faire rire la salle avec sa démarche macho. Seul bémol, il est difficile de croire en la maturité de certains personnages quand ils sont joués par des interprètes 20 ou 30 ans plus jeunes. Mais même au théâtre professionnel on nous fait le coup: les jeunes ados sont souvent joués par des acteurs de 30 ans! Ici on a l’effet inverse. Autre détail, dans les productions que j’ai vues de cette comédie musicale, il y a des chiens dans l’histoire, alors qu’ici ils sont complètement absents ce qui manque à l’histoire originale.

Les bons coups: la richesse et la justesse des voix, chorégraphies efficaces bien exécutées autant par les danseurs que les chanteurs, texte fluide et répliques drôles bien interprétées.

Les moins bons coups: les moyens techniques réduits tels que les éclairages, manque de couleur dans les costumes et les décors, les micros pas assez forts comparés à l’orchestre.

Mise en scène Bryan Libero, directeur musical Joy Kertland, chorégraphié par Cara Carosielli, chef
d’orchestre Kiel Howden. Avec Katja Teixeira, Megan Magisano, Robin Kravitz, Meagan MacKenzie, Joel Bernstein, Sarah Kulaga-Yoskovitz, Craig Dalley, Brandon Roy, Kyla Smith, Aimee Poulin, Corina Vincelli, Vanessa Morin, Lisa Simla, Chelsea Bayer, Charlene Bayer, Daniel Wilkenfeld, Melanie Thompson, Avery Thompson, Eric Rohlion, Matt Barker, David Hudon, Philip Silverstein, Ashley Frankel, Laura Newman, Sybil Sailofsky, Tabitha Hartropp, Angela Marino, Shannon Leibinger, Micaela Bianchini.

Présenté en anglais du 1er au 9 février à 20h (et matinée à 14h le 2) au Lindsay Place Theatre à Pointe-Claire, billets (22$-28$) disponibles sur www.wista.ca/tickets

N.B. une version francophone est en pré-production pour mai 2014 au Capitole de Québec par les
Productions du Quatrième Mur, voir www.blondeetlegale.com

© photos: Daniel Ouimet