Chinetoque

Chinetoque

Il est assez rare de lire une auteure qui met à nu avec autant de candeur et de style l’âme d’une femme. Marie-Christine Arbour le fait avec brio dans son dernier roman Chinetoque. Il faut aussi avoir un certain courage pour oser écrire : «  Elle se réalise dans cette docilité ».

Chinetoque parle de la femme mais aussi des hommes. Une femme face aux hommes. Elle nous fait voyager dans le temps et dans l’espace. Elle promène le lecteur de l’enfance d’Alice à l’âge adulte, de Montréal à Vancouver. Alice, le personnage principal, essaie de se refaire une virginité psychologique. Elle a l’âme et le ventre brisés. Saura-t-elle rapiécer les morceaux en connaissant le véritable grand amour? Pourquoi faut-il aller au bout du pays pour découvrir l’étendue de son territoire intérieur? Pourquoi  faut-il qu’elle abdique ce qu »elle est pour se réaliser?

C’est ce à quoi Marie-Christine Arbour essaie de répondre en invitant le lecteur à s’interroger sur le sort de LA femme.

Un  petit bémol sur l’écriture imagée de Marie-Christine Arbour. Il y a beaucoup aphorismes qui auraient avantage à être mieux introduits ou expliqués. «  Il faut une grande abnégation pour vivre » va à l’encontre de la sagesse populaire qui dirait plutôt « qu’il faut un minimum d’égoïsme pour vivre ».

Un roman agréable à lire.

 

Alice est une femme brisée: après avoir vu son ami d’enfance mourir, elle perd un homme aimé à outrance. Ayant à peine connu son père, son point d’appui demeure sa mère, une femme forte qui l’a maintes fois soutenue. Tentée pourtant par l’exil, elle accepte un poste de traductrice à Vancouver. Là, Alice fait la rencontre de Doug, un compositeur excentrique avec qui elle vit une histoire décevante, à la suite de quoi elle choisit la solitude. Rejetant les lieux communs de la culture de consommation, elle commence à fréquenter un magasin délabré tenu par un Chinois. Alice voit d’abord en ce dernier un homme anonyme vaguement réfractaire, mais ressent bientôt pour lui une attirance incontrôlable: cet homme, Will, est d’une beauté dangereuse. 

Commence alors une autre histoire: Alice s’identifie à lui jusqu’à la perte d’elle-même, jusqu’à l’abjection. Mais Will sait la récupérer au moment où elle cherche la mort. Il lui offre beauté et simplicité. Il lui montre la voie de l’illumination. Et Alice, au terme d’une épuration personnelle, entendra à sa manière le chant du monde.

 

Pour se procurer ce livre :

 http://www.ruedeslibraires.com/livres/chinetoque-308097.html

 

Marie-Christine Arbour

 

Marie-Christine Arbour vit à Montréal. Elle a publié des nouvelles dans plusieurs revues, ainsi que les romans Deux et Deux (Planète Rebelle, 2000), Une mère (Pleine Lune, 2008),Drag (Triptyque, 2011), Utop(Triptyque, 2012) et, plus récemment, Chinetoque (Triptyque, 2013).

 

Nombre de pages : 224

Prix suggéré : 20 $

www.triptyque.qc.ca