Depuis le 19 février, le Théâtre d’Aujourd’hui nous présente « Furieux et désespérés». L’auteur québécois Olivier Kemeid signe l’écriture et la mise en scène de la pièce. On y retrouve tout du long l’humour, l’adresse et l’acuité avec laquelle l’auteur a l’habitude de traiter de sujets sensibles. Tragique comique, l’œuvre est singulière et pleine de finesse.
La force de rédaction et d’expression qui anime l’auteur a été reconnue et appuyée dès ses premiers essais par Marie-Thérèse Fortin et bien d’autres. Il est aujourd’hui un auteur et metteur en scène assis avec une année théâtrale très positive puisque cinq de ses pièces ont été interprétées au Canada, en Europe et aux Etats Unis.
Cette pièce est sa plus personnelle car elle transmet un vécu. « Au Québec, on voit apparaitre un théâtre très ouvert sur le monde, fruit d’une deuxième génération d’immigrants qui a envie de donner son regard sur les choses et renouer avec ses origines ». Après avoir évoqué l’exil des personnes et la séparation avec les origines dans ses œuvres précédentes « Dans les ruines rouges du siècle » et « l’Enéide », le voici qui explore le ressenti des gens qui demeurent durant les changements. Olivier Kemeid nous fait partager en tout cas dans un théâtre qui prend partie et traduit les valeurs universelles qui préoccupent chaque peuple et chaque histoire.
Une kyriade d’artistes se partagent la scène parmi lesquels Marie-Thérèse Fortin, dans le rôle de la cousine, Emilie Bibeau dans le rôle de la jeune Nora, Maxim Gaudette dans le rôle de Mathieu. On peut d’ailleurs saluer leur jeu car ils illustrent avec talent la découverte des origines, la rencontre de différentes cultures et la divergence des regards entre êtres, même d’une même famille. L’émotion qui y est attachée est palpable.
Plusieurs sujets de société sont aussi présents ici comme la séparation générationnelle dû au changement et aux aléas des politiques mais aussi le rassemblement générationnel qui se crée autour de révoltes. La construction de sa culture et de son regard sur les choses tout comme la compréhension des autres. Le lien qui unit les membres d’une famille entre eux. Le sentiment de fureur de désespoir qui habite la jeune génération mais aussi de foi en un avenir différent et possible. Le choix que l’on prend de se battre ou de partir pour un avenir meilleur. « Chaque fois, il y a une génération qui rappelle à une autre qu’elle s’est jadis battue pour des idéaux qu’elle semble avoir oubliés». Une pièce étonnante et à découvrir jusqu’au 16 mars 2013.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site du Théâtre d’Aujourd’hui.
Synopsis
Mathieu, un jeune Québécois, se rend au pays de ses ancêtres pour la première fois de sa vie. Empli d’enthousiasme et de curiosité, il affronte les obstacles nombreux qui jonchent sa route afin de rejoindre le lieu de naissance de son père, au cœur d’une grande ville. Reçu comme un prince par Béatrice, la cousine de son père, il commence à échanger avec celle-ci lorsqu’on frappe à la porte. Nora, la fille de Béatrice, et Eryan, un homme d’une autre religion, font irruption dans l’appartement, et la carte postale vole en éclats. Participant tous deux au mouvement de révolte qui est en train d’embraser tout le pays, unis dans leur désir de faire changer les choses, liés par un amour impossible, ils feront plonger Mathieu tête première dans une saison en enfer, qu’on a appelé ailleurs « le printemps ».
assistance à la mise en scène et régie Stéphanie Capistran-Lalonde
conception visuelle Romain Fabre
éclairages Étienne Boucher
musique originale Philippe Brault
mouvement Line Nault
accessoires Loïc Lacroix Hoy
maquillages et coiffures Angelo Barsetti
assistance aux costumes Chantal Bachand
Crédit photos : Valérie Remise
