Légendes du Rock’n’roll: le passé fait peau neuve au Rialto

Les Shirelles
Les Shirelles

Je ne pouvais trouver meilleur endroit que le Théâtre Rialto pour célébrer l’anniversaire d’un ami d’enfance. C’était une surprise que j’avais soigneusement préparée et j’ai vu un homme de 70 ans revivre son adolescence en voyant sur scène les groupes de chanteuses américaines, les Shirelles, les Crystals et le toujours sautillant, Freddy Cannon, malgré ses 72 ans.

Une bande de p’tits vieux fatigués me direz-vous, qui venaient radoter leurs vieilles chansons et leurs souvenirs. Détrompez-vous ! Ces têtes blanches qui se déhanchaient au parterre, étaient venues pour faire sauter la baraque et s’amuser comme des fous. Ils étaient plus de 700 ou 800 au Rialto et ont manifesté leur joie de retrouver leurs idoles d’antan jusqu’à la toute fin du spectacle. Ils ont même fait la file devant Freddy Cannon et Shirley Alston Reeves des Shirelles pour obtenir une photo autographiée ou un CD pour leur rappeler cette soirée magique. Et je n’exagère en rien.

Dès que les Crystals ont entamé la soirée des Légendes du rock’n’roll avec Da Doo Ron Ron, c’était gagné. Les gens tapaient des mains, se levaient et chantaient avec le groupe parce qu’ils connaissaient les paroles de la chanson ainsi que de toutes les chansons qu’on a entendues pendant le spectacle qui a duré trois heures.

Freddy Cannon
Freddy Cannon

On se souvenait de Uptown, He’s a rebel, And then he kissed me, des top hits du Billboard des années 60. Les enregistrements étaient produits à

l’époque par Phil Spector, un homme qu’on qualifiait de génie mais un artiste pour le moins controversé qui a eu souvent maille à partir avec la justice. Passons pour ne rien enlever à la magie de la jeunesse retrouvée et soulignons la performance des Shirelles et particulièrement de la soliste Shirley Alston Reeves. C’est la plus vieille du groupe et c’est elle qui chantait sur disque Will you still love me tomorrow… en 1963, une composition de Carole King qui a atteint le sommet du palmarès à l’époque. C’est avec des larmes qu’elle a interprété le plus grand succès de sa vie. Peut-être le seul moment émouvant, poignant de la soirée. Tout le reste était joyeux, énergique et entraînant. Souvent les Shirelles ont rafraîchi des vieilles chansons comme Soldier Boy, Everybody loves a lover, Mama said.

Finalement, c’est Freddy Cannon qui clôturait le spectacle avec d’autres succès des années 60 dont Palissades Park, Where the action is, Way down yonder in New Orleans. L’homme n’a plus l’énergie de ses 20 ans mais quel animateur et quelle présence sur scène. Je pense qu’il aurait pu passer la nuit sur la scène du Rialto et personne ne s’en serait plaint dans la salle.

Légendes du Rock'n'roll
Légendes du Rock’n’roll

«On est ici pour s’amuser, pour boire et se saouler de rock’n’roll», disait-il et on se levait partout au parterre et au balcon pour faire la fête et beaucoup de bruit. Parce qu’il y avait beaucoup de jeunes spectateurs, curieux de découvrir le rock’n’roll, au balcon. Ils étaient bien 300 ou 400. De quoi se demander si le propriétaire Ezio Carosielli qui a investi près de 4 millions dans la rénovation du Rialto, n’avait pas vu juste en invitant Les Légendes du rock’n’roll qui ont fait salle comble et qui ont ravi les babyboomers, les plus jeunes et mon ami d’enfance enchanté de sa soirée. Il s’agissait d’un spectacle unique mais il y aura d’autres légendes qui se produiront au Rialto. Le roi du twist, Chubby Checker viendra faire danser toutes les générations le 18 mai prochain, The Hit Men, les membres originaux des groupes The Four Seasons et Tommy James and the Shondells donneront un spectacle très attendu les 15 et 16 juin. Elvis Presley ne sera pas oublié puisque Elvis Baggio viendra nous présenter son Elvis Viva Las Vegas le 4 mai prochain. Les Beatles ne seront pas oubliés non plus et c’est Replay the Beatles qu’on pourra voir au Rialto le 11 mai.

Un dernier mot sur ce fabuleux théâtre du Rialto. Ce n’est pas seulement le passé de la musique qu’on revit au Rialto, c’est l’histoire de l’architecture montréalaise. Le Théâtre Rialto a été transformé à de nombreuses reprises mais Ezio Carosielli, un avocat entrepreneur, un visionnaire, un homme qui a respecté l’histoire de notre communauté, a redonné au Rialto son lustre original. Il a réussi l’exploit de restaurer à grand frais, ce qui ressemble en grande partie au Théâtre Rialto construit en 1923 selon les plans de l’architecte Joseph-Raoul Gariépy qui s’était inspiré de l’Opéra Garnier de Paris. Il s’agit d’un des plus beaux théâtres au pays, vous verrez bien.

Photos: Jean Beaunoyer

www.theatrerialto.ca