« Manon » à l’Opéra de Montréal: des voix qui résonnent magnifiquement sur une belle histoire d’amour!

Marianne Fiset dans le rôle-titre de l'opéra Manon Photo:  Yves Renaud
Marianne Fiset dans le rôle-titre de l’opéra Manon
Photo: Yves Renaud

L’Opéra de Montréal nous présente « Manon » de Jules Massenet jusqu’au 25 mai. Cet opéra classique écrit à la fin du XIXe siècle raconte l’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, un roman-mémoire de 7 volumes écrit par l’abbé Prévost de 1728 à 1731. C’est un grand classique de l’opéra et l’Opéra de Montréal lui fait honneur avec cette superbe production.

L’histoire est découpée en 5 actes (séparés par 2 entractes dans cette production). Dans la cour d’une auberge, Lescaut, le cousin de Manon, attend cette dernière avec ses amis Bretigny, et Guillot qui voudrait bien séduire Manon. Lescaut doit la conduire au couvent. Quand Manon arrive, Lescaut s’absente et Manon rêve d’une meilleure vie. C’est à ce moment qu’arrive le chevalier des Grieux, et c’est le coup de foudre immédiat. Avant le retour de son cousin, Manon s’enfuit avec le chevalier pour Paris. Ils y vivent de beaux moments jusqu’à l’arrivée de Lescaut et son ami Brétigny, qui informe Manon que le père du chevalier veut faire enlever son fils. Ils insistent que Manon garde ce secret en échange d’une meilleure vie pour elle. Après l’enlèvement, Manon se retrouve à une fête où elle apprend l’entrée dans les ordres de son chevalier. Elle accourt à la chapelle où elle retrouve son ancien amoureux qui lui en veut de ne pas l’avoir informé de son enlèvement. L’amour étant toujours présent, il lui pardonne et ils se retrouvent dans une maison de jeux où le chevalier se fait arrêter. Manon se fait aussi arrêtée, mais le chevalier qui est libéré par son père réussit à faire évader Manon qui trop épuisée, va mourir dans le bras du bon chevalier.

Cette production de « Manon » brille de tous ses feux par la qualité vocale de ses interprètes et par de très belles scènes d’amour crédibles entre Manon (Marianne Fiset) et le chevalier (Richard Troxell). D’ailleurs, ce dernier, remplace Bruno Ribeiro qui devait jouer le rôle et est toujours celui annoncé dans la distribution. En opéra, l’emphase est souvent mise sur les voix, et « Manon » n’y fait pas exception. Mais en prime, cette production nous donne de beaux moments très bien joués entre ces deux personnages. Que ce soit dans la scène à Paris dans le lit, où une sensualité véritable se dégage, ou la scène finale quand elle meurt dans ses bras, chacun de leurs moments ensemble et de leurs duos sont touchants. Sans compter que Marianne Fiset (récipiendaire de 5 prix du Concours Musical International de Montréal 2007) nous livre une performance vocale digne des meilleures sopranos. Elle a une voix fantastique, agile dans ses aigües et puissante, et avec de belles nuances précises. Richard Troxell n’est pas en reste avec sa voix chaude et bien distincte, particulièrement quand il utilise ses aigües de ténor pour charmer sa belle Manon, alors qu’il charme toute la salle. Pour aider, leurs deux voix s’harmonisent très bien ensemble pour former un couple parfait, où transpirent l’amour et la sensualité. Seul bémol, l’accent de Richard Troxell nous fait parfois perdre quelques mots, mais les surtitres remédient à la situation.

Alain Coulombe (comte des Grieux) et Marianne Fiset (Manon) Photo: Yves Renaud
Alain Coulombe (comte des Grieux) et Marianne Fiset (Manon)
Photo: Yves Renaud

Tous les personnages secondaires ont de belles voix mais certains se démarquent. Il y a le baryton Alain Coulombe qui chante le père du chevalier, le comte de Grieux, avec une superbe voix profonde et autoritaire. Et le jeu de Guillot (Guy Bélanger) nous fait bien rire quand il essaie de séduire Manon.

Les décors et les costumes d’époque sont à la hauteur d’une production de cette envergure. J’ai surtout apprécié la sobriété et le caractère plus subtil de la dernière scène, comme pour mettre le focus sur l’amour de Manon et de son chevalier dans le très beau duo « N’est-ce plus ma main que sa main presse ». L’orchestre qui accompagne le tout, sous la direction de Fabien Gabel, nous donne une performance impeccable. Tout comme le choeur.

Ce spectacle plaira à tous les amateurs de musique classique mais aussi à tous ceux qui aiment entendre de belles voix. Si vous n’avez jamais assisté à un opéra et que vous aimez les belles histoires d’amour, je vous le recommande.

Les bons coups: très belles voix classiques autant des personnages principaux que du choeur; très beau jeu de Manon et du Chevalier des Grieux; beaux décors et costumes; excellent orchestre

Les moins bons coups: on perd quelques mots parfois (mais les surtitres français et anglais nous aident)

Mis en scène par Brian Deedrick, le chef d’orchestre est Fabien Gabel et le chef de choeur est Claude Webster.

Les chorégraphies sont de Noëlle-Émilie Desbiens, les décors de Bernard Uzan et l’Opéra de Montréal, les costumes sont de l’Opéra de Montréal, et les éclairages de Anne-Catherine Simard-Deraspe.

Les rôles principaux: Marianne Fiset (Manon), Richard Troxell en remplacement de Bruno Ribeiro (Chevalier des Grieux), Gordon Bintner (Lescaut), Alain Coulombe (Comte Des Grieux), Alexandre Sylvestre (Brétigny), Guy Bélanger (Guillot), Frédérique Drolet (Poussette), Florie Valiquette (Javotte), Emma Char (Rosette), Normand Richard (Hôtelier), Claude Grenier, Geoffroy Salvas.

Un choeur de 40 chanteurs et une dizaine de danseurs et figurants complètent la distribution.

Présenté en français avec surtitres français et anglais, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, du 18 au 25 mai 2013 (à 19h30). Billets disponibles sur http://www.operademontreal.com/ et http://www.pda.qc.ca/ entre 49$ et 128$.

Photos: Yves Renaud