C’est du chinois!

C'est du Chinois!
C’est du Chinois!

Pour sa dernière fin de semaine le carrefour international de théâtre propose, à la salle multi de la coopérative Méduse, C’est du chinois de Édit Kaldor, les 7 et 8 juin 2013. Présentée entièrement en Mandarin, sans surtitre ni traduction, cette pièce de théâtre, n’en est pas une en fait, mais plutôt un cours de mandarin. Et croyez-moi, vous comprendrez et vous apprendrez que vous le vouliez ou non, que vous soyez bon dans les langues ou non.

Pendant 1 h 30, cette famille de Chinois, à l’aide d’accessoires multiples, de leurs expressions faciales et une bonne dose de patience et d’articulation lente, enseigne au public les rudiments de cette langue étrangère à la sonorité bien particulière.

 

 

 

La peur !
La peur !

En entrant dans la salle, un spectateur est choisi au hasard pour lire un texte en français qui explique que nous nous apprêtons à suivre un cours de mandarin et que nous aurons à participer en répétant chaque mot, après le coup du petit sifflet, qu’ils ont tous sur eux. Puis, à tour de rôle, chacune de ces cinq personnes nous enseigne d’abord de mots simples, en présentant les objets correspondants. Certains mots se disent presque pareils en français (Café, DVD, cola), d’autres ne nécessitent pas de traduction (Tofu, kung Fu, Feng Shui), puis ils enchainent avec des mots aléatoires (chocolat, riz, vitamines, bébé, bière). Puis, ils se présentent par leurs noms, dont le papa et la maman. On apprend à reconnaître sur une carte la Chine, le Canada et les Québécois. Ils nous montrent également les pronoms je, tu, il. Puis, on apprend certains verbes de base comme aimer, manger, boire, chanter, dormir, pleurer et quelques sentiments comme content, très content, en colère, avoir peur. Au fur et à mesure qu’on apprend des mots, nos enseignants forment des phrases et nous les mettent en images pour que l’on comprenne bien. Ils nous font répéter les mots en groupe. À tout moment, ils récapitulent ce qu’on a déjà appris, et ajoutent des mots, réutilisent des phrases, les modifient, et surtout, ils nous font rire avec leur humour sympathique, alors qu’ils se taquinent entre eux.

Le papa qui joue de la flûte très originale!
Le papa qui joue de la flûte très originale!

Le papa nous joue également une belle pièce musicale à la flûte d’allure assez spéciale, mais qui nous met dans l’ambiance d’une soirée chinoise. La jeune fille, pour sa part, nous chante une belle chanson, avec sa voix douce et angélique.

Finalement, on complexifie un peu le tout en ajoutant les notions de travail, d’argent, la chicane, le désaccord, les hippies, les fainéants,  et peu à peu, on découvre les travers de chacun des personnages. L’un travaille beaucoup et boit trop, l’autre est un hippie, et il est un joueur qui perd son argent aux cartes, etc. Il est surprenant de voir à quel point l’on comprend ce que ces gens nous racontent. Et même si on en perd des bouts, on comprend tout de même l’essentiel de leurs histoires et on a l’impression de réellement communiquer avec eux. À la fin du spectacle, ils nous proposent même d’acheter leur DVD pour continuer nos leçons en mandarin.

Le pari que l’auteur et metteur en scène a fait ici, c’est de réussir à communiquer avec le public et leur raconter une histoire, malgré l’obstacle de la langue.  Pour cela, les cinq protagonistes n’auront d’autre choix que d’utiliser tout ce qui est à leur portée pour bien se faire comprendre. C’est hallucinant de voir comment ils réussissent à interagir avec le public. Alors, on peut vraiment dire chapeau pour ce tour de force.

La famille chinoise qui nous enseigne le mandarin
La famille chinoise qui nous enseigne le mandarin

Naturellement, je ne peux m’empêcher de me sentir, moi-même, un peu comme une immigrante qui tente de s’intégrer dans une nouvelle région, avec une nouvelle langue et une culture différente de la mienne. Cela porte à la réflexion sur ce que ces gens peuvent vivre au quotidien!

C’est du chinois est présenté à la salle Multi de la coopérative Méduse sur la rue Saint-Vallier à Québec, samedi le 8 juin 2013.

À 15 h, (suivi d’une rencontre avec les artistes)  ainsi qu’à 19 h.

 

Crédits

Concept et mise en scène Edit Kaldor

Avec Aaron Chun Fai Wan, Nucheng Lu, Qifeng Shang, Lei Wang, Siping Yao

Production Stichting Kata (Amsterdam), Productiehuis Rotterdam (Rotterdamse Schouwburg)

Coproduction Alkantara Festival – Lisbonne – Portugal, KunstenfestivaldesArts – Bruxelles – Belgique, Göteborgs Dans & Teater Festival – Suède, Steirischer Herbst – Graz – Autriche, NXTSTP avec l’aide du programme Culture de l’UE

Soutien The Performing Arts Fund NL, VSB Fund, Amsterdam Fund for the Arts

Recherche soutenue par HUB – Theatre in Motion (Beijing), Dutch Theatre Institute

Crédit photos : Lise Breton