Le Théâtre de Quat’Sous a levé, hier mardi, le rideau sur la programmation de sa saison 2013-2014.
Le directeur artistique Eric Jean avait à cette occasion convié artistes, artisans, journalistes et abonnés au cours d’un 5 à 7 de 4 à 6.
C’est une séance de photographies qui a ouvert les hostilités, les troupes de la saison 2013-2014 se mettant successivement en rangs serrés afin de se faire mitrailler.
S’ensuivit le dévoilement à proprement parler de la programmation.
Eric Jean a ainsi introduit un à un les spectacles à l’affiche la saison prochaine, en prenant soin de laisser la parole aux artistes qui ont à tour à tour présenté leurs projets.
Fureur et mélancolie.
Ces deux émotions forment la trame de la saison 2013-2014. Cette trame, elle n’a pas été arrêtée par Eric Jean, mais a plutôt émergé des spectacles eux-mêmes, qui tous en proposent une interprétation, se répondant de cette façon les uns les autres.
Les neuf créations de la saison prochaine couvrent un spectre comprenant plusieurs domaines artistiques comme le théâtre, la danse, la littérature et la poésie.
Cet éclectisme s’inscrit dans l’optique de toujours d’Eric Jean de se servir du Théâtre de Quat’Sous comme d’un tremplin pour explorer toutes les possibilités de la scène et les éclairer par l’intermédiaire de performances porteuses d’émotions telles que, cette saison, la fureur et la mélancolie -l’intimité de la salle de cent-cinquante-neuf sièges permettant la pure monstration de leur intensité.
Trois production issues du Quat’Sous seront ainsi montrées cette saison.
Clôture de l’amour (du 11novembre au 6 décembre 2013) est un texte de Pascal Rambert qui parle, selon les mots du metteur en scène Christian Vézina, de la rupture amoureuse avec un grand réalisme, intensément et qui a représenté un défi de mise en scène et de mise en jeu.
De son propre aveu, ses acteurs et lui-même ont dû de leur zone de confort pour partir à l’aventure sur cet « épouvantail amoureux. »
Testament (du 10 au 30 mars 2014) est un roman de Vickie Gendreau adapté par Eric Jean, lequel donne une deuxième vie à ce récit écrit en courts monologues, pratiquement du théâtre, par l’auteure qui se savait condamnée et qui a alors laissé alors saillir les multiples possibilités du « pas encore mort », témoignant en coup de poing de son explosive pulsion de vie.
Jade-Mariuka Robitaille et Dominique Pétin, qui font partie de la distribution, en ont lu un extrait, poignant.
Abdelghafour Elaaziz a lui aussi interprété un extrait de Besbouss Autopsie d’un révolté, coproduction du Théâtre de Quat’Sous et du Théâtre Il va sans dire par laquelle le metteur en scène Dominic Champagne raconte le printemps arabe, se servant de l’autopsie de Besbouss (celui que l’on veut couvrir de baisers en tunisien), le martyr immolé, pour analyser le désir de révolution universellement implanté dans les cœurs et sa destinée.
Le Théâtre du Quat’Sous accueillera par ailleurs en son sein six autres spectacles venus de l’extérieur.
Suite au succès des Atomes, Martin Léon remontera sur scène (du 27 août au 14 septembre 2013) pour retracer, par images et anecdotes interposées, l’origine des tunes de l’album éponyme, qu’il a composées au cours de ses pérégrinations en Asie.
Thomas Hellmann jettera des ponts entre littérature et musique en récitant des textes d’auteurs, dont les siens, tournant autour du thème de l’exil dans Thomas Hellmann chante Roland Giguère (du 24 au 27 septembre 2013), présenté en collaboration avec le Festival International de Littérature.
Le projet de Bernard Meney Je ne tomberai pas Vaslav Nijinski (du 16 au 25 octobre 2013) rendra hommage au chorégraphe du Sacre du printemps en traduisant au-travers du théâtre et de la danse l’effritement de cet homme tombé dans la folie.
Le spectacle de danse de Brigitte Haentjens ira droit au cœur des états de douleur, ma douleur et sa douleur, passant par les corps plus que par la parole pour exprimer Ta douleur (du 11 au 14 décembre 2013).
Lues par James Hyndman, les Amours romanesques (les 18 septembre et 18 novembre 2013 ainsi que les 31 mars et 5 mai 2014) entreront en résonance avec les amoureux d’auteurs de classiques littéraires tels que Hemingway et Kundera.
Résidente au Quat’Sous, Jocelyne Montpetit travaille actuellement sur Unknown body, projet par l’intermédiaire duquel elle sondera l’insondable corporel et tentera de faire entrer (ou sortir, elle ne sait pas encore), la lumière à l’intérieur (ou à l’extérieur) d’une toile de ténèbres.
En plus de cette programmation, les activités parallèles du Théâtre de Quat’Sous se poursuivront en 2013-2014.
Pendant que leurs parents assisteront aux représentations dans la grande salle, des artistes professionnels occuperont de nouveau les enfants de cinq à neuf ans avec L’heure du conte dans la salle de répétition.
Histoires en caravane et Voix de la jungle seront les histoires contées la saison prochaine.
Les enfants de six à treize ans pourront encore s’inscrire au chœur de musique du monde qu’est Crocmuzik.
Le traditionnel Vendredi, c’est grilled-cheese ! restera également d’actualité. Un artiste-cuistot sera invité tous les vendredis par le Quat’Sous pour régaler de 5 à 7 les spectateurs avant la représentation.
Sans oublier les traditionnelles Auditions générales de Quat’Sous, qui depuis leur mise en place en 1985, permettent à des étudiants finissant en théâtre et des acteurs autodidactes de moins de trente-cinq ans de se produire devant des employeurs du milieu culturel, et ce trois jours par an.
Directeur artistique depuis maintenant neuf ans, Eric Jean poursuit la politique initiée par Paul Buissonneau en 1955 de promouvoir les jeunes créateurs et leurs non moins jeunes créations.
Le Quat’Sous abrite dans cet esprit trois résidents en son sein pour une période de trois ans. Actuellement, Sébastien David, Simon Lacroix et Jocelyne Montpetit approfondissent leur art et travaillent leurs œuvres entre les quatre murs du théâtre.
C’est donc neuf spectacles qui se côtoieront au cours de la saison 2013-2014 et qui, fidèles à l’identité du Théâtre de Quat’Sous, serviront de catharsis aux spectateurs en les purgeant avec intensité de leurs émotions -non plus la terreur et la pitié antique, mais la fureur et la mélancolie contemporaine.
A propos d’émotions, le 4 à 6 s’est conclu sur l’amour, Thomas Hellmann et Sage Reynolds la mettant en musique.
Crédits photographiques : Augustin Charpentier
