Shakespeare dans un parc par une nuit d’été

Shakespeare-in-the-Park
Shakespeare-in-the-ParkPrologue (Une nuit étoilée) 

Prologue (Une nuit étoilée)

Dans le cadre de sa tournée estivale annuelle, Repercussion Theatre célébrait hier soir les vingt-cinq ans de Shakespeare-in-the-Park derrière le Chalet du Mont-Royal, l’événement étant intitulé Une nuit étoilée.

Depuis un quart de siècle, la compagnie promeut les œuvres de William Shakespeare (en version originale)  en invertissant les centre-villes et leurs espaces verts à travers les Etats-Unis et le Canada, suivant leur croyance voulant que « Live theatre changes lives. »
La politique de Shakespeare-in-the-Park voulant que Monsieur et Madame Tout-le-monde puissent profiter du spectacle sans bourse délier, Repercussion Theatre n’attend rien en retour sinon des contributions de bonne volonté.

Cet été, c’est la pièce Le songe d’une nuit d’été que la troupe déplace parc après parc, du 4 juillet au 4 août, pour vingt-cinq dates.

Acte I (Three Bares Park)

Les réjouissances ont commencé une semaine précédant la Nuit étoilée, à l’occasion d’une séance photo mise en place par le Repercussion Theatre sur les lieux mêmes de la première de l’été, au Three Bares Park sur le campus de l’Université McGill.

Kromatik
Kromatik

Les comédiens ont pour l’occasion interprété la Scène 1b de l’Acte III A stranger Pyramus et la Scène 2d de l’Acte III The lover’s quarrel du Songe d’une nuit d’été, recommençant plusieurs fois afin de satisfaire pleinement les photographes présents.

Acte II (Clairière du Chalet du Mont-Royal)

Une semaine plus tard, c’est de jour que se lève la Nuit étoilée.
Au sommet du Mont-Royal, un parcours fléché indique le chemin débouchant sur une clairière cachée derrière le Chalet.

Là, de petites mains adroites s’affairent sur la scène fraîchement montée afin de mettre la touche finale au décor de contes de fées, transformable pour figurer à la fois une cour royale et une forêt enchantée.
Les musiciens accordent leurs instruments et les passants s’arrêtent un instant, plusieurs instants, intrigués.
Assis en cercle à l’écart, on ne sait si les acteurs sont en train de plaisanter ou de répéter.
La lumière du soleil filtrée par les feuilles d’arbres répand sur la clairière une douce atmosphère d’après-midi d’été.

Un peu plus tard, des comédiens éloquents et costumés partent à la rencontre des promeneurs du Mont-Royal pour les amener à s’asseoir au pied de la scène sur les pelouses inclinées.

Paul Hopkins, Rick Miller, Nick Carpenter, Eleanor Young, Jennifer Morehouse, Emily Skahan, Patricia Somerset
Paul Hopkins, Rick Miller, Nick Carpenter, Eleanor Young, Jennifer Morehouse, Emily Skahan, Patricia Somerset

Des créatures aux traits de fées maquillées par le studio Kromatik flânent de-ci de-là parmi l’assemblée.
Les stands installés plus tôt sont pris d’assaut par ceux qui souhaitent s’offrir un t-shirt estampillé Shakespeare-in-the-Park ou plus prosaïquement profiter de la collation offerte par un charitable commanditaire.

Sur scène, le fondateur de la compagnie Cas Anvar et le directeur artistique Paul Hopkins se donnent la réplique pour retracer les dates importantes du quart de siècle écoulé, leur dialogue étant ponctué par des performances musicales assurées par d’anciens membres de Shakespeare-in-the-Park, dont Rick Miller, Nick Carpenter, Eleanor Young, Jennyfer Morehouse, Emily Shakan et Patricia Somerset.

Applaudissements.
Passés trois coups de balai, le songe peut commencer.

Alain Goulem (Bottom)
Alain Goulem (Bottom)

Acte III (Athènes)

Sur scène, trois histoires s’entremêlent :

Scène 1
Le duc d’Athènes Theseus et la reine des Amazones Hippolyta sont sur le point de s’épouser.
Arrive Hermia, dont la main est promise par sa mère Egeus à Demetrius. Or, Hermia n’a d’yeux que pour Lysander, avec lequel elle s’enfuit dans la forêt afin d’éviter la sentence que lui promet Theseus si elle n’épouse pas Demetrius.
Ce dernier poursuit le couple dans les bois, lui-même étant suivi par Helena qui, éperdument éprise lui a révélé le dessein de Lysander et Hermia.

Scène 2
Une troupe d’artisans s’improvisant acteurs et dirigés par un piètre metteur en scène répètent dans une clairière une pièce inspirée du mythe de Pyramus et Thisbe, qu’ils espèrent prête pour les noces de Theseus et d’Hippolyta.

Scène 3
Loin des hommes et de leur loi, au cœur du royaume des bois, le roi Oberon et la reine Titania se querellent à propos d’un orphelin dont l’un souhaite faire son chevalier et l’autre son protégé.
Oberon fait appel au facétieux Puck pour tenir le rôle d’entremetteur et tromper Titania en la faisant tomber amoureuse du premier venu par la magie d’une Pensée d’amour, une fleur ayant reçue une flèche de Cupidon.
Le roi des elfes commande de même à Puck, alias Robin Bonenfant, de se servir du pouvoir de la fleur sur Démetrius, qu’il a surpris repoussant durement Helena. Mais Puck se méprend, et c’est à Lysander qu’il fait subir le traitement.

Jonathan Silver (Demetrius), Quincy Armorer (Oberon), Hayley Kezber (Helena), Daniel Brochu (Puck), Aris Tyros (Lysander)
Jonathan Silver (Demetrius), Quincy Armorer (Oberon), Hayley Kezber (Helena), Daniel Brochu (Puck), Aris Tyros (Lysander)

La nuit tombe sur les aimants et dans la forêt des fées, les sentiments se font et se défont, semant la confusion.

Au petit matin, comment du songe les cœurs ressortiront ?

Entracte (Un tirage au sort)

Alors que les acteurs arpentent les pelouses pour recueillir les donations, le directeur artistique Paul Hopkins reprend possession de la scène, appelant à ses côtés deux mains innocentes pour tirer au sort trois noms qui remportent trois prix remis à la suite d’une loterie.

Après un quart d’heure d’entracte, la pièce reprend.
En arrière-plan, un ciel étoilé a succédé au soleil couchant.

Acte IV (Clairière du Chalet du Mont-Royal)

L’oeuvre de Shakespeare est un trésor d’aventure et d’amour saupoudré de merveilleux et d’humour ; elle met en scène le thème de la transformation qui survient alors que se rencontrent comme dans un rêve le monde des hommes et de la loi et celui des fées et du bois.

La pièce est portée par les prestations impeccables des acteurs dont on retiendra surtout celles de Daniel Brochu, naturellement lutin dans les habits du Puck, celle d’Alain Goulem, hilarant en Bottom ahanant et celle d’Hayley Kezber, tragique, presque grecque dans le rôle d’Helena.

Quincy Armorer (Oberon), Daniel Brochu (Puck)
Quincy Armorer (Oberon), Daniel Brochu (Puck)

Les costumes sont réussis, en particulier la livrée sylvestre de Puck et la parure royale d’Oberon, et participent pleinement à l’immersion.
La mise en scène d’Amanda Kellock, compagnon de route du Repercussion Theatre depuis six saisons, n’est pas en reste ; son utilisation de l’espace extérieur, très complexe pourtant, est astucieusement pensée, les acteurs entrant et sortant par tous les côtés de la petite scène carrée, parcourant les pelouses sans sortir de leurs personnage et remplissant l’espace restreint de la scène sans pour autant l’écraser.

Il faut ajouter à tout cela le cadre, extrêmement agréable, auquel s’accorde parfaitement Le songe d’une nuit d’été, le texte, accessible à tous et l’enthousiasme de la troupe, qui prennent un plaisir manifeste à faire partager le songe de Shakespeare.

Acte V (Thomson House)

Suite à la représentation, la Nuit étoilée continue au pied du Mont-Royal, à la Thomson House, pour une party en intérieur dédiée aux anciens issus des vingt-cinq saisons passées du Repercussion Theatre.

Epilogue (Une danse bergamesque)

« Battez des mains, et nous serons amis. »
A ce mot de la fin répondent des applaudissements nourris.
Le songe est pour cette nuit terminé. Il recommence presque tous les soirs d’ici au au 4 août, apportant une pointe de féerie à l’été.

Quincy Armorer : Oberon/Theseus
Trevor Barrette : Flute
Daniel Brochu : Puck
Danielle Desormeaux : Quince/Egeus
Alain Goulem : Bottom
Hayley Kezber : Helena
Catherine Lemieux : Snug
Charlotte Rogers : Hermia
Jonathan Silver : Demetrius
Julie Tamiko Manning : Titania/Hippolyta
Aris Tyros : Lysander

Amanda Kellock :  metteuse en scène
Amy Keith : scénographe
Marija Djordjevic : conceptrice des costumes
Ana Cappelluto : conceptrice de lumière
Kristie Ibrahim : conceptrice de son
Anastasia Schneider : accessoiriste et assistante scénographe
Isabelle Guichard : assistante scénographe
Danielle Fagen : assistante aux costumes

Crédits photographiques : Augustin Charpentier