Hier, la directrice artistique et générale du Théâtre du Nouveau Monde Lorraine Pintal a accueilli artistes, presse et abonnés dans le hall du théâtre de la rue Sainte-Catherine pour remettre les Prix TNM aux récipiendaires de la saison passée.
Depuis plus de soixante ans, le TNM puise dans les répertoires classique et contemporain pour produire des relectures ancrées dans l’actualité des œuvres des monstres sacrés « d’hier et de demain », tout en laissant assez de place pour s’exprimer à la création et la nouveauté.
Créée en 1951 alors que l’époque est en plein essor culturel, c’est sous le règne de Jean Gascon, cofondateur et premier directeur artistique du TNM, que la compagnie construit sa renommée et installe plus tard ses quartiers entre les quatre murs de l’ancien théâtre avec vue sur la Place des Arts, lequel sera rénové en 1997 sous l’égide de Lorraine Pintal afin de mettre en place un espace offrant toute latitude aux inspirations scénographiques du XXIe siècle.
Pour ce qui est de la saison 2013-2014, les artisans-artistes reprendront à leur compte le rôle de constructeur de ponts que tient le TNM depuis ses commencements, proposant au public six pièces venues des traditions théâtrales de l’ancien et du nouveau monde, lesquelles se retrouveront sur la scène de la salle de spectacle à l’italienne du TNM le temps d’une nouvelle session de représentations.
C’est la compagnie Les 7 Doigts de la Main qui montera la première sur les planches passés les trois coups. Ecrit et mis en scène par Sébastien Soldevila, Le Murmure du Coquelicot se prête à la rencontre de l’art du cirque et du théâtre en prenant pour point de rendez-vous le cœur d’un comédien emporté par un délire de trop-plein de vies répétant les allers-retours en apesanteur quelque part entre avenir, passé, rêve et réalité, alors qu’il passe une audition pour décrocher le rôle de son existence à recomposer.
Du 17 septembre au 12 octobre 2013.
René Richard Cyr soumettra ensuite à l’appréciation des amateurs de littérature incandescente son adaptation du Balcon de « l’ange noir » Jean Genet. S’ouvriront devant leurs yeux les portes baroques du Grand Balcon, maison d’illusions au sein de laquelle les détenteurs du pouvoir étatique intervertissent leurs rôles et se livrent à leurs perversions, tenant hors des murs de Madame Irma la rumeur de la ville vacillante et de la révolution, et ce jusqu’à ce que l’envoyé royal fasse irruption…
Du 5 au 30 novembre 2013.
Olivier Kemeid éclairera pour sa part les racines de notre civilisation en s’envolant plus avant vers la compréhension des relations entre Icare, qui pousse son père dans ses derniers retranchements en le questionnant profondément sur le sens de sa vie et de ses inventions, et Dédale, qui préfère se réfugier dans les nuées de ses souvenirs et de ses rêves -virtuellement incarnés- plutôt que d’affronter son fils et la vérité.
Du 14 janvier au 8 février 2014.
En s’emparant d’Albertine, en Cinq Temps, Lorraine Pintal réalisera enfin son souhait de montrer dans toutes ses dimensions le personnage de la pièce chorale de Michel Tremblay. Se trace le portrait d’une femme qui suit les contours d’un face-à-face entre les cinq temps d’Albertine qui, parvenue à la lumière de son crépuscule, prend pleine conscience de son destin, pour saisir à travers l’écoute attentive de la cantate de sa vie tout le tragique de sa condition d’être humain.
Du 11 mars au 5 avril 2014.
Vingt ans après la création de son œuvre, Robert Lepage reviendra avec une nouvelle version des Aiguilles et l’Opium, produite par sa compagnie Ex Machina. Sous les toits de l’hôtel La Louisiane, repaire d’artistes parisien, un comédien québécois tente de remplacer sa peine amour par une autre addiction, répondant ainsi en contrepoint à la rencontre transatlantique entre le musicien Miles Davis et le poète Jean Cocteau ; par cette correspondance de situations se déploie alors une série d’échos appelant par leurs phrasés propres à la monstration en solo du mal de mer causé par le manque et l’amour -maux communs.
Du 6 au 31 mai 2014.
Le rideau retombera sur Edmond Rostand et son Cyrano de Bergerac, dont Serge Denoncourt présentera sa propre interprétation. Personnage dramatique, amoureux romantique maniant aussi adroitement la plume que l’épée, Cyrano aime Roxane mais n’en est point aimé, cette dernière n’ayant d’yeux que pour son compagnon d’armes le Cadet Christian qui, de par sa beauté, l’emporte sans parole sur le héros percé plus cruellement que par cent hommes lorsqu’il est attaqué sur son profil hypertrophié, son cap, sa péninsule, son nez.
Du 16 juillet au 16 août 2014.
Initiées en 1997 dans l’optique de rendre le théâtre classique accessible au plus grand nombre, Les Sorties du TNM poursuivront sur leur lancée ; Les murmures du Coquelicot et Icare partiront ainsi l’automne et l’hiver prochains sur les routes québécoises, en tournée.
Les amateurs de théâtre montréalais pourront quant à eux se procurer la sixième édition de L’Emporte-Pièces, le programme amélioré de la saison 2013-2014 mis à disposition de tous -pour la modique somme de dix dollars- au TNM.
Crédits photographiques : Augustin Charpentier
