Miroirs d’un collectif d’auteures québécoises! Un vrai petit bijou de réflexions intéressantes!

Miroirs
Miroirs

Au début du mois de septembre 2013, avait lieu le lancement de Miroirs, un recueil de nouvelles, par un collectif de 7 auteures québécoises aux styles et plumes diverses. Caroline Allard, India Desjardins, Danielle Fournier, Mélikah Abdelmoumen, Karine Glorieux,Claudia Larochelle et Jennifer Tremblay se sont prêtées au jeu de s’inventer un lieu commun, où leurs plumes se croiseraient, et leurs personnages s’observeraient. C’est ainsi qu’elles ont créé les toilettes des femmes d’un restaurant achalandé.

Un peu dans la même lignée que le projet L’Orphéon, où un édifice avait été inventé et chaque auteur créait des personnages et les faisaient vivre à un étage de l’édifice, mais tout en ayant des interactions avec les personnages des autres livres, cette fois-ci ce sont sept femmes qui vont se croiser dans les toilettes d’un bistro chic de centre-ville de Montréal. Chacune verra dans ce lieu une manière de refuge où échapper, un moment, au désordre bruyant de la nuit montréalaise. Sensibles, indépendantes, coquettes, en quête de sens, elles se succéderont devant la glace pour méditer, seules face à elles-mêmes, sur la maternité, l’identité, l’amour, le passé et l’avenir avant de refaire surface dans le monde.

Ce que j’aime dans ce genre de livre, c’est de pouvoir découvrir de nouveaux auteurs, d’expérimenter divers styles, diverses plumes, et de voir comment deux écrivains différents peuvent aborder une même situation de départ et en faire quelque chose de totalement différent l’un l’autre. La créativité à son meilleur, et en plus, avec des contraintes de lieux et de devoir ajouter de quoi lier ces histoires ensembles.

À plusieurs moments, j’ai eu l’impression de regarder un film. On aurait dit que la caméra m’amenait à une table du restaurant pour en suivre l’histoire, puis on me transportait à l’autre table pour y écouter les conversations, et ainsi de suite. C’était génial.

Avec des thèmes très variés, comme l’amour, la maternité, la quête identitaire, chacune de ces histoires est intéressante, avec des rebondissements inattendus et surtout écrits avec beaucoup de finesse et de tendresse. D’emblée, on s’attache à ces personnages, d’abord parce qu’ils s’épanchent sur nous, lecteurs. Ils méditent, réfléchissent et se mettent à nu avec leurs pensées, ce qui vient nous chercher et nous rapprocher d’eux. De plus, ces histoires sont universelles, pour les femmes de tous âges, de toutes expériences. Il est certain qu’une ou plusieurs de ses histoires vont vous interpeler à un niveau ou un autre.

On a d’abord J’ai tiré le diable dans les toilettes de Jennifer Tremblay (Histoires de foudre, La Liste, Prix du Gouverneur général en 2008), qui nous parle de sa relation avec sa mère et son obsession pour les cartes de tarot. J’ai particulièrement aimé la fin inattendue de cette histoire et la façon dont Jennifer nous a décrit la relation mère-fille à laquelle je me suis un peu identifiée bien malgré moi.

Ensuite, Maeva, l’histoire touchante d’India Desjardins (Les Aventures d’India Jones, la série pour ados Aurélie Laflamme, la bande dessinée La Célibataire), où une jeune femme s’adresse à l’enfant qu’elle n’aura jamais. Lors d’un souper entre amies, le personnage de Nadine, fait le tour de sa relation avec ses meilleures amies, qui dure depuis des décennies et aussi de sa relation avec les hommes qu’elle a eue dans sa vie au fil du temps. Mais le plus poignant dans tout cela, c’est la façon dont elle parle à cet enfant qu’elle n’aura probablement jamais. Cette histoire porte beaucoup à la réflexion, sur nos choix de vie.

Vient par la suite, Genre de Caroline Allard, (Mère Indigne, Fille Indigne, Universel Coiffure),où l’on pénètre les pensées les plus intimes de Cassandre, anciennement Jean-Marc, une transsexuelle qui tente de mener une vie normale en femme, mais qui sent le regard des autres sur elle la juger… ou bien est-ce son cerveau qui lui joue des tours? Un récit très émouvant qui nous fait comprendre la difficulté pour ces gens de s’accepter et ensuite de se faire accepter.

Il y a aussi Je suis chez moi de Mélikah Abdelmounen (Les Désastrées, Le dégoût du bonheur), qui raconte la soirée de cette femme qui revient à Montréal revoir ses amis, et tenter de ressasser des souvenirs, sa nostalgie de son chez soi, alors qu’elle habite depuis quelques années en France maintenant. Mais, elle qui pensait se remémorer de beaux souvenirs, elle se rend compte qu’elle s’ennuie de son nouveau chez soi et de sa petite famille qui a poussé là-bas. Une très belle histoire qui nous fait voir comment on évolue et on s’adapte à nos nouveaux milieux, et que le passé doit un moment donné rester dans le passé.

Puis, Dans les bosquets de Claudia Larochelle (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Amour & libertinage, animatrice de l’émission LIRE à ARTV)  m’a énormément chamboulé. Cette jeune fille dont la culpabilité la ronge tellement, qu’elle passera sa vie au service des autres pour tenter de se racheter d’une faute qu’elle n’a pas vraiment commise.

Ensuite, Mescaline de Danielle Fournier (Personne d’autre que l’amour, Iris, directrice littéraire aux Éditions de l’Hexagone), l’histoire de cette jeune femme assise au bar et qui se regarde dans le miroir… qui croit traverser le miroir… qui ne sait pas faire des choix et commander à manger ou à boire… Bref, cette histoire m’a plutôt laissé perplexe. Je ne sais pas trop où l’auteure a voulu en venir avec ceci. Mais c’est très poétique et intrigant.

Finalement, l’histoire qui m’a le plus fasciné, c’est Hit de Karine Glorieux (Les Charmes de l’impossible, Mademoiselle Tic Tac). J’adore les histoires où l’on place le lecteur dans la peau de plus d’un personnage. Ainsi, l’on a une vision de chacun d’eux, leurs pensées et surtout leurs interprétations des évènements qui peuvent être totalement opposés. Ainsi, on se met dans la peau des divers narrateurs. D’abord c’est Alexandra la jeune fillette de 7 ou 8 ans, puis sa sœur Eva qui a 18 ans et finalement leur mère Isa, qui, dans la quarantaine, tente de refaire sa vie avec un autre homme, alors qu’elle a fait déguerpir le père des fillettes, quelque temps plus tôt. Ainsi, on voit comment chacune de ces femmes ou filles vit la situation et en plus, on a droit au point culminant de l’histoire qu’on n’avait pas nécessairement vu venir. Un vrai petit bijou. J’ai adoré.

Somme toute, j’ai aimé entrer dans l’univers et les pensées de ces femmes aux destins différents, aux préoccupations diverses et surtout apprendre à connaître ces auteures, qui pour la plupart m’étaient totalement inconnues. Alors, c’est certain que cela donne le goût de lire leurs autres livres qui sont à paraître bientôt.

 

India Desjardins  vient également de faire paraître,  Le Noël de Marguerite (illustré par Pascal Blanchet, aux Éditions de La Pastèque), en 2013. Elle collabore à l’écriture de la prochaine émission de Sugar Sammy et de Simon Olivier Fecteau, qui sera diffusée à V Télé à l’hiver 2014.

Caroline Allard aura également  Les chroniques d’une fille indigne qui paraitra chez Septentrion en 2013.

Mélikah Abdelmounen aura également  Les désastrées,  qui paraitra chez VLB éditeur en 2013.

Avec une belle couverture illustrée par Agathe Bray-Bourret.

Nombre de pages : 160

Prix : 24.95$ 

Édition VLB éditeur

http://www.edvlb.com/

 

POUR COMMANDER CE LIVRE À RUE DES LIBRAIRES, CLIQUER: