Laissez-nous vieillir de Harold Gagné

Laissez-nous vieillir!
Laissez-nous vieillir!

À travers des témoignages éloquents de personnes connues et moins connues – dont Jean Béliveau, Janette Bertrand, Lise Payette, Sœur Angèle, Claude Poirier et Yvon Deschamps-,  le journaliste Harold Gagné jette un regard sur la vieillesse, sur ceux qui la vivent au quotidien, parfois dans l’amour, parfois dans l’oubli, sur ceux qui l’accompagnent, sur ceux qui doivent la défendre. Il parle de la maladie et de la dégénérescence du corps et de l’esprit, mais aussi de placer la vieillesse au cœur de la famille et de la société en évoquant la retraite prématurée, l’isolement, l’amour, le déchirement, les surprises… la vie.

Ce livre DOIT être lu par tous! Car tous, nous serons confrontés un jour ou l’autre par le vieillissement de nos parents et par la suite, par notre propre séjour dans le monde des ainés. C’est un sujet tabou, la vieillesse et la mort, mais il faut en parler, car inévitablement, on va en être affecté. Alors, aussi bien être préparés.
Dans ce livre, bien qu’il reconnaisse que la majorité du personnel affecté aux personnes âgées est dévoué et compétent, l’auteur n’hésite pas à dénoncer des situations insoutenables dans certains établissements de santé, car il est important que les gens sachent que cela existe et sachent intervenir au besoin. Il est certain que ce livre n’est pas toujours joyeux à lire et il est parfois même déprimant de se tremper dans ces histoires. Mais, ce bouquin permet une appréciation considérable de nos aînés, une meilleure compréhension de leur réalité, et une prise de conscience et de réflexion sur notre avenir et nos vieux jours.

Voici un peu ce que contient ce livre :

–          Jean Béliveau, qui nous parle de ses AVC et son cancer et surtout de l’amour qu’il porte pour sa famille et ses admirateurs. Mais surtout, on apprend quels sont les signes avant-coureurs d’un AVC et combien il est important d’appeler le 911 dès les premiers signes : «Il peut s’agir d’une perte de la parole et de la mémoire, de confusion, de disparition de la motricité dans un bras ou une jambe, d’une perte soudaine de la moitié du champ de vision… d’un engourdissement d’une partie du corps et du visage, ou encore d’un mal de tête explosif et inexpliqué…»

–          On parle du suicide chez les personnes âgées, causé entre autres par le désespoir, le sentiment de ne plus être utile, la solitude, la maladie, les troubles mentaux.  On nous parle de l’Alzheimer, de ses effets dévastateurs chez l’ainé, et les dommages collatéraux que cela entraine autant chez la famille que sur les intervenants qui doivent soigner ces personnes. 

–          On nous parle du métier de préposé aux bénéficiaires, qui est une vocation à mon avis, plutôt qu’un simple emploi. On apprend aussi que bien souvent les gens ne sont pas assez formés pour prendre soin de personnes âgées et cela entraine des erreurs, des incidents, des accidents.

 –          Il y a aussi Janette Bertrand qui nous donne de belles leçons de vie. «Si on arrête de travailler, de se creuser les méninges, on vieillit… Je sais aussi que pour rester jeune, on doit côtoyer des jeunes… la pire chose à faire, c’est de fréquenter uniquement des vieux, et de parler constamment de problèmes de santé, de la tristesse de la vie et de l’ingratitude des enfants». Et pour cause, Janette raconte candidement que son père s’est laissé mourir après avoir arrêté de travailler à son magasin et de ne plus voir autant de gens qu’avant. Lise Payette aussi nous laisse un témoignage poignant sur sa relation avec sa mère en fin de vie, sur son propre vieillissement, mais surtout sur la fin de la vie de son conjoint Laurent Bourguignon emporté par le cancer du pancréas et le deuil qui lui a pris plus d’un an à faire. 

–          On découvre aussi le dévouement de certains intervenants qui accompagnent les gens dans leurs derniers jours de vie, ou encore le Dr Louis Roy qui trouve important prendre le temps de prodiguer des traitements à domicile à ses patients en soins palliatifs qui désirent mourir chez eux, ou bien aussi Dre Annik Dupras qui nous explique ce qu’est le projet OPTIMAH et l’approche adaptée aux personnes âgées (aide-mémoire appelé AINEES ) qui guide les gestionnaires et les professionnels de la santé dans leurs soins aux ainées. Cela est super intéressant à savoir et extrêmement informatif. 

–          On nous fait aussi rencontrer des personnes centenaires qui nous racontent leurs journées dans les centres d’hébergement, avec toute la sagesse qu’ils ont accumulée au fil des ans. On en a vraiment beaucoup à apprendre de leurs leçons de vie. 

–          On nous parle de superbes endroits, comme chez Carpe Diem à Trois-Rivières pour les personnes atteintes d’Alzheimer, où leur approche fait bien du sens. Tous participent à la vie quotidienne en fonction de leurs capacités et de leur motivation. 

–          On a également droit à un son de cloche alarmant de l’avenir qui nous attend comme société, avec diverses statistiques sur le vieillissement de la population versus les institutions et les services offerts par notre gouvernement. Ce n’est pas surprenant que tout récemment, le ministre de la Santé parle de créer une assurance autonomie, car les besoins n’iront qu’en augmentant et déjà les services offerts sont déficients. 

Ainsi, ce livre est extrêmement bien fait. On y retrouve des témoignages poignants, émouvants, déroutants parfois, choquant même à l’occasion, sur la bonté humaine, mais également sur les erreurs et les abus qui peuvent survenir. On nous donne de belles leçons de vies, des alternatives à choisir, des conseils pour se protéger et pour aider nos proches, des réflexions à se faire, en plus de nous montrer tout ce qui existe en matière de maladie, de souffrance dans notre vieillesse, mais aussi d’endroits et de services offerts pour tenter de terminer notre vie le plus humainement et satisfaisant possible.
Laissez-nous vieillir !
interpelle tout le monde car, un jour ou l’autre, nous la vivrons, notre vieillesse.

Harold Gagné
Harold Gagné

Diplômé en sciences politiques, en administration et en gestion, Harold Gagné est journaliste depuis plus de trente ans et reporter pour le réseau TVA depuis vingt-cinq ans. Toujours fidèle au poste aux bulletins télévisés de 17 et 22 heures, de même qu’à LCN, la chaîne d’information en continu, il présente régulièrement des reportages sur les affaires sociales, la santé, les démunis et les enfants de la DPJ, une cause qui lui tient particulièrement à cœur. Chaque année, durant la période des fêtes, il réalise des entrevues percutantes avec des jeunes des centres jeunesse afin de sensibiliser la population du Québec à leurs besoins. Pour son dévouement, l’Association des centres jeunesse lui a décerné un prix hommage en 2010. Il a par ailleurs obtenu plusieurs honneurs soulignant la qualité de ses reportages d’enquête, dont le prestigieux prix Judith-Jasmin, qui lui a été décerné à deux reprises par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.  Harold Gagné a publié Vivre Dix-neuf ans après la tragédie de la Polytechnique, Monique Lépine, la mère de Marc Lépine, se révèle en 2008, et  À quoi ça sert de grandir ? Histoires d’enfants de la DPJ et des services sociaux en 2011.

Nombre de pages : 304 pages

Prix  24,95 $

Éditions Libre Expression

http://www.editions-libreexpression.com