Entrevue avec les artisans du film Le Démantèlement de Sébastien Pilote

Gabriel Arcand, Marc Daigle, Gilles Renaud et Sébastien Pilote
Gabriel Arcand, Marc Daigle, Gilles Renaud et Sébastien Pilote

J’ai vu, en grande première, le film Démantèlement de Sébastien Pilote, mettant en vedette Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Lucie Laurier et Sophie Desmarais. Après avoir gagné le Prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) lors de la semaine de la critique à Cannes, ce film a été présenté dans une panoplie de festivals un peu partout dans le monde et a été acheté pour être distribué en France, Suisse, Grèce, Moyen-Orient, ainsi qu’aux États-Unis. Après le Vendeur, Sébastien Pilote s’attarde sur la vie d’un homme sur sa ferme d’élevage d’agneaux à l’heure où il choisit ses filles plutôt que sa ferme. Une œuvre aux images bucoliques dont toutes les émotions tiennent dans les yeux de Gabriel Arcand. Sublime!  Ce film sort en salles le vendredi 15 novembre. Mon appréciation du film se trouvera dans la section cinéma à partir de cette date.

Synopsis

Gaby (Gabriel Arcand) a une ferme sur laquelle il élève des agneaux : La Ferme Gagnon et fils. Il a deux filles qu’il a élevées comme des princesses et qui habitent loin dans la grande ville. Un jour, l’aînée lui demande de l’aider financièrement pour éviter de perdre sa maison. Gaby, chez qui le sentiment de paternité s’est développé jusqu’à la déraison, décide de démanteler la ferme. Il vend tout – la maison, le troupeau et la terre familiale – pour s’en aller vivre dans la petite ville d’à côté dans un petit appartement.

Gabriel Arcand
Gabriel Arcand

Questions pour Gabriel Arcand (Gaby)

Qu’est-ce qui vous a incité à dire oui à ce projet? « C’est toujours la même chose, trois choses guident mes choix. D’abord le scénario, ensuite, le réalisateur, et puis mes partenaires de jeu. Mais en premier lieu, c’est ce qui est écrit dans le scénario qui prime. Dans ce cas-ci, ce n’est pas différent. »

Avez-vous été surpris qu’il vous demande de jouer ce rôle? « Surpris n’est pas le bon mot. J’étais perplexe au début. Quand j’ai lu le scénario, un tiers du scénario était de l’information documentaire sur la vie d’un éleveur d’agneaux. C’était écrit : Il se lève le matin et va donner de la moulée et du grain à ses moutons… » Gabriel me dit qu’il avait de la difficulté à voir s’il pouvait être la bonne personne pour ce rôle. Il se demandait s’il aurait mieux été servi par quelqu’un qui connait la terre, l’agriculture, l’élevage. Il a cependant accepté de faire des essais avec les scènes dramatiques avec la fille et l’ex-femme, et Sébastien a été très satisfait du résultat. Il a alors proposé à Gabriel de rencontrer des gens qui connaissaient le métier d’éleveurs d’agneaux.

Comment vous êtes-vous préparé pour le rôle alors? Cliquez sur ce lien pour entendre sa préparation : 

Et que pensez-vous de ce métier? C’est une vocation, pas un métier. Cliquez sur ce lien pour la vocation : 

Qu’est-ce qui fait que ce film est si intéressant? « Ce film est tellement inhabituel pour nous. C’est un Québec qu’on ne connait pas, qu’on n’a jamais vu au cinéma, avec des vallées et des moutons. Ensuite, c’est un film avec un rapport père-filles qu’on a très peu vu au cinéma. C’est souvent père-fils, ou mère-fils ou bien mère-fille. Le seul film dont j’ai souvenir qui parlait de relation père-filles est Les beaux souvenirs de Francis Mankiewicz en 1981, avec Paul Hébert et Monique Spaziani. Donc, tous ces éléments font que ce film est très original. »

Vous jouez peu au cinéma, mais vous vous impliquez beaucoup au théâtre avec le Groupe La veillée  (depuis 40 ans) devenu le théâtre Prospéro dans lequel vous allez jouer une pièce cet hiver. Pouvez-vous m’en parler? Cliquez sur le lien pour en savoir plus sur cette pièce :

 

Et avez-vous d’autres projets en cours dont vous pouvez me parler? Cliquez sur ce lien pour savoir quel rôle il jouera à la télé l’an prochain :

 

Au cours de cette entrevue, j’ai également posé diverses questions à Gabriel Arcand sur le théâtre en général, la relève et sur le théâtre Prospéro (Groupe La Veillée) dont il est l’un des membres fondateurs. Pour lire et écouter cette entrevue, veuillez cliquer sur ce lien :  https://info-culture.biz/2013/11/10/entrevue-sur-le-theatre-avec-gabriel-arcand/

Gilles Renaud
Gilles Renaud

Questions pour Gilles Renaud le comptable, ami de Gaby.

Pourquoi ce rôle vous intéressait-il? « Tout d’abord, j’avais envie de travailler avec Sébastien Pilote. Je l’ai rencontré la première fois, le lendemain de la présentation du film Le Vendeur, au festival de Rouyn-Noranda en Abitibi. Et il avait déjà son scénario pour le Démantèlement et un rôle pour moi. Alors je l’ai lu et je l’ai rappelé immédiatement. Ce que vous voyez à l’écran c’est ce que j’ai vu sur papier. C’est un scénario très impressionnant. Ce n’est pas pour rien qu’il a gagné à Cannes pour le meilleur scénario. Et pour le rôle, j’aimais entre autres que mon personnage soit tonitruant et extraverti… »

Quel était un des défis de jouer ce rôle? « Un des défis était de faire transparaitre, ou plutôt faire transpirer l’amitié entre Gaby et son ami comptable. Et ça, c’est quelque chose qui ne se joue pas vraiment. On le ressent, ou on ne le ressent pas. »

Parlez-moi un peu de votre personnage, comment vous le voyez versus son ami Gaby? Cliquez sur ce lien :

 

Et de jouer avec Gabriel Arcand, comment était-ce l’expérience de jouer ensemble pour la première fois ?« Cela a été fantastique. On tenait chacun notre bout. C’est-à-dire lui son côté fermé, et moi mon côté ouvert. Et Gabriel aussi a réussi à jouer cette amitié, tout en gardant sa retenue. Et on y croit que ces deux gars-là sont deux grands amis depuis la petite école. »

Il y a une scène très belle et émotionnellement chargée durant le film, où Gaby sans un mot, juste un regard réussi à faire passer toute l’émotion. Voici ce que Gilles Renaud avait à dire par rapport à ce genre de scène au cinéma, versus à la télé. : 

Et Gilles Renaud me parle de la différence entre une scène de plateau de film versus la télé. « Pendant le tournage du film, je travaillais en même temps à Montréal, 3 jours par semaine, sur une série où l’on tourne une scène à l’heure, tandis que là, sur ce film, par exemple la scène d’ouverture où je branche l’ordinateur, on a commencé à 7 h le matin et on a terminé passé midi. J’ai passé 5 heures sur une scène, alors que sur Mémoires vives, j’aurais eu 5 scènes de faites. Alors sur un film, c’est un autre rythme, on prend le temps de faire les choses, de les fignoler. Et j’aime bien ça quand on prend le temps. Ça équilibre mon âme. »

Vous avez un CV assez rempli quand on regarde tout ce que vous avez joué au théâtre, télé, cinéma. Est-ce qu’il y a des rôles que vous n’avez pas faits et qui vous plairait de faire? « Non, pas vraiment. Je regarde ce qu’on m’offre et je choisis là-dedans. J’avais un souhait et c’était de jouer le roi Lear et je l’ai joué. C’était avec Denis Marleau comme metteur en scène. C’était, il y a 2 ans, au TNM. À mon âge, on laisse venir les choses. »

Gilles Renaud a une bonne expérience en enseignement. En 1969-1970, il enseigne l’improvisation à l’École nationale de théâtre du Canada. Il l’enseigne aussi aux étudiants de l’option théâtre au Collège Lionel-Groulx de 1972 à 1974. En 1979, il se joint au département de théâtre de l’Université du Québec à Montréal. Puis, de 1984 à 2001, il fait son retour à l’École nationale de théâtre du Canada, où il enseigne l’interprétation. Vous avez enseigné beaucoup. Qu’est-ce que vous aimez le plus dans le fait d’enseigner ce métier d’acteur? « On apprend beaucoup à enseigner… » Cliquez sur ce lien pour la suite :  

Et quelle est la réaction du public à date?

 

Sébastien Pilote
Sébastien Pilote

Question pour le scénariste-réalisateur Sébastien Pilote :

Pourquoi avoir pensé à Gabriel Arcand pour le rôle de Gaby? Pour sa photogénie. Cliquez sur ce lien pour en savoir plus :

Et est-ce difficile de diriger ces deux grands acteurs que sont Gabriel Arcand et Gilles Renaud? C’est intimidant? « Non, je ne suis pas intimidé par ce genre de choses. J’essaie de faire mon travail et eux essaient de faire le leur. Ce sont de bons acteurs, alors ils savent comment travailler. »

Et pourquoi choisir l’élevage des moutons en particulier comme métier pour Gaby dans ce film? « Ce film en est un sur le monde paysan, le monde de la ferme familiale, la ferme à l’échelle humaine. Et le mouton, c’est quelque chose d’assez marginal. C’est beaucoup plus beau que des cochons. C’est aussi chargé de symboles, pas juste religieux. Les agneaux servent à raconter des histoires depuis 3000 ans. Je trouvais donc cela plus intéressant que d’autres types d’élevages. » 

Quels sont les défis que vous avez rencontrés en tournant? (Température, animaux, jeunes enfants, tout était là pour vous déstabiliser non?) Racontez-moi un peu. Cliquez sur ce lien pour entendre les défis :  

Vous avez fait équipe avec Michel La Veaux pour la direction photo, tout comme pour le film précédent. Des paysages à couper le souffle de la campagne, les fermes et le ciel avec ses nuages et son éclairage naturel. Comment est-ce différent du film précédent? « On avait établi qu’on voulait quelque chose de lumineux et chaud, à l’opposé du Vendeur. Et avec les couleurs automnales évidemment. C’est un film à voir sur grand écran. C’est un film auquel on a voulu donner de l’envergure, de l’amplitude. C’est un film tourné en 35 mm, en format 235, en scope, format panoramique, un peu à la manière des westerns américains. J’ai l’impression que les gens qui verront ce film en DVD ou à la télé, c’est un peu comme s’ils écoutaient une symphonie au téléphone. » 

Quelle est la réaction du public à date? « Cela a touché une corde très sensible pour certaines personnes. J’en ai reçu de tes beaux témoignages de gens qui ont été très touchés par le film. Et c’est cela que j’ai voulu faire, un film mélodramatique. Je pense donc que j’ai réussi, car plusieurs personnes m’ont dit avoir pleuré du début à la fin du film. Et j’aime aussi que le film persiste après le visionnement, qu’il leur reste en tête 4 à 5 jours après, qu’il les marque. »

Le producteur Marc Daigle et le réalisateur Sébastien Pilote
Le producteur Marc Daigle et le réalisateur Sébastien Pilote

Questions pour Marc Daigle un des deux producteurs  

Bernadette  Payeur et Marc Daigle ont l’habitude de travailler avec les mêmes réalisateurs, si la collaboration est bonne. Comment s’est faite la collaboration avec Sébastien Pilote pour ce film? « Bernadette par exemple, a déjà produit 4 ou 5 films de Bernard Émond alors pour moi, de retravailler avec Sébastien Pilote, c’était totalement approprié et on a dit oui toute de suite pour ce projet, lorsqu’il nous l’a présenté. Même avant que le film Le Vendeur sorte en salle, le scénario du Démantèlement était déjà assez avancé. C’est un processus de longue haleine de faire un film »

Quel a été le plus grand défi pour produire un tel film?« Il y a la réalité des éleveurs de moutons que Sébastien voulait saisir. Bien que ce soit une réalité qu’on peut connaître, quand vient le temps de s’en approcher, on se rend compte que cela demande plus de soin et de préparation et de connaissance de ce que c’est, pour que ce soit vraisemblable à l’écran. » Cliquez ici pour la suite des défis avec les lieux de tournage et les animaux :  

Le film a participé à plusieurs festivals déjà, dont en première mondiale le 17 mai dernier pour la Semaine de la Critique à Cannes, où il a reçu le prix Prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques SACD, Le démantèlement a été choisi comme film d’ouverture de la 17e Semaine du cinéma du Québec à Paris et sera distribué dans les salles de cinéma en France par Sophie Dulac Distribution à compter du 4 décembre prochain. Et il sera aussi présenté en Suisse, Grèce et Moyen-Orient. Qu’est-ce qui fait que partout dans le monde il y a un tel engouement pour ce film de Sébastien Pilote? « C’est sûrement à cause de la façon que le propos est traité. C’est une histoire qui est universelle et de la façon que c’est traité, je pense que ça touche beaucoup les gens. Cela rejoint très profondément les personnes. Le film a été acheté en France par Sophie Dulac Distribution, et cette personne s’est dite extrêmement touchée par le film et elle voulait le faire connaître en France. Mais elle a aussi pris les droits pour le film Le Vendeur. Donc, elle fera connaître l’œuvre de Sébastien au complet.  Et c’est la même chose pour la vente des droits aux États-Unis, où ils ont vu un potentiel pour le film, mais aussi l’œuvre de Sébastien, alors ils ont aussi acheté les droits du Vendeur.  » 

Ce film sortira dans nos salles de cinéma, ce vendredi 15 novembre 2013.

Galerie photos : http://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157637423844625/

 

Distribution

Gaby GABRIEL ARCAND

L’ami comptable GILLES RENAUD

Marie LUCIE LAURIER

Frédérique SOPHIE DESMARAIS

Françoise JOHANNE-MARIE TREMBLAY

La voisine DOMINIQUE LEDUC

Le petit Bouchard GABRIEL TREMBLAY

Homme du refuge MARC-ANTOINE BÉLIVEAU

Léo Simard NORMAND CARRIÈRE

Encanteur CLAUDE DESJARDINS

Préposé au foyer PIERRE-LUC BRILLANT

Concierge MICHEL DAIGLE

 

Équipe technique

Réalisateur, scénariste  SÉBASTIEN PILOTE

Producteurs BERNADETTE PAYEUR et MARC DAIGLE

Producteur associé  ROBERT LACERTE

Directrice de production SYLVIE DE GRANDPRÉ

Directeur de la photographie MICHEL LA VEAUX

Directeur artistique MARIO HERVIEUX

Musique originale SERGE NAKAUCHI-PELLETIER

Son GILLES CORBEIL, OLIVIER CALVERT, STÉPHANE BERGERON

Créatrice des costumes SOPHIE LEFEBVRE

Montage STÉPHANE LAFLEUR

Directrice de la postproduction CHANTAL MARCOTTE

STUDIO DE PRODUCTION

Corporation ACPAV Inc.

DISTRIBUTEUR AU QUÉBEC

Les Films Séville

Durée : 111 minutes

 

Crédit photos : Lise Breton