On fait l’amour, on fait la guerre de Mélanie Leblanc

 

ON FAIT L'AMOUR, ON FAIT LA GUERRE
ON FAIT L’AMOUR, ON FAIT LA GUERRE

Qui aurait cru qu’on pouvait réinventer la manière de lire un roman? Et pourtant c’est ce qu’a réussi Mélanie Leblanc, avec brio, en nous présentant On fait l’amour, on fait la guerre un roman de «chicklit » version 2.0, à l’air de notre temps, avec une structure narrative fort ingénieuse, contenant deux débuts et une seule fin, mais également, avec la possibilité d’écouter une trame sonore interactive, en scannant, avec son téléphone intelligent, les codes optiques QR intégrés dans le livre. (Paroles et extraits musicaux de Jean Leloup, Lisa Leblanc, Coldplay, Louis-Jean Cormier, Vincent Vallières, Stéphanie Lapointe, Mara Tremblay)  Et ce n’est pas tout, ce livre renferme aussi de multiples petits dessins, pour agrémenter les chapitres, ainsi que des post-its collés un peu partout dans le livre (en dessins bien sûr), en plus d’avoir les commentaires des personnages principaux (leurs pensées) mais aussi leurs interactions avec l’auteure, en notes de bas de page. C’est complètement nouveau comme concept et totalement original. Une véritable expérience littéraire moderne unique en son genre. 

Ainsi, ce livre est génial, avec ses deux couvertures, qui offre au lecteur la possibilité de choisir, de quel côté du livre il souhaite commencer sa lecture. Et pour nous aider dans notre choix, dans le revers de chaque couverture, les deux personnages principaux se présentent et tentent de nous convaincre de débuter plus lui (même l’auteure s’en mêle pour nous aider à choisir). Bref, déjà, on est conquis, on assiste à la petite gue-guerre que se livrent les deux personnages principaux.

 Et qui sont-ils?

Il y a d’abord Charlotte, une animatrice d’une populaire émission de télévision québécoise. «Je partage mes journées avec Kodak (mon perroquet), Pierre Lambert (mon chat), ma Colombe (ça, c’est pas un animal de compagnie, c’est ma grand-mère, la perle la plus précieuse que je possède) et mes quatre merveilleux Frères Imperturbablement Fashion (FIF) »

De l’autre côté, il y a Jéricho, un réalisateur (tombeur de ces dames) : «  J’ai une vie remplie d’amis, d’aventures, de roadtrips, d’alcool et je plaide coupable d’aimer (beaucoup) les filles et de faire d’elles des princesses. Mais de belles princesses.» 

Il importe peu en fait de commencer par l’un ou par l’autre des débuts, puisque ce sont les mêmes journées qui sont décrites, mais vues à travers les yeux des deux personnages. Cela est très intéressant d’apprendre à connaitre l’un d’eux, puis de le voir sous la perspective de l’autre par la suite. Mais ce qui est encore plus agréable, c’est de suivre la même journée, par exemple, avec les mêmes dialogues, mais en ayant juste pour nous lecteurs, les pensées des deux protagonistes, alors qu’ils se parlent. C’est fou comme on peut voir les choses différemment.

J’adore lorsque Jéricho compare les dialogues entre deux filles en week-end à la campagne devant le plus majestueux coucher de soleil de leur vie, versus deux gars devant ce même coucher de soleil. C’est tellement vrai en plus !!

Je dois dire que l’auteure a fait un travail formidable de pouvoir d’abord se mettre dans la peau de Charlotte et la rendre crédible, mais surtout d’avoir pu se mettre aussi dans la peau d’un gars, macho et viril et de lui attribuer un langage, des pensées et une personnalité crédible aussi, venant d’une femme auteure. C’est très réussi. On se promène ainsi dans la tête de l’un puis dans la tête de l’autre, de manière à s’attacher équitablement aux deux. Ni l’un, ni l’autre n’est parfait et tous deux ont le tour de se rendre charmants et attachants.

C’est hilarant d’entendre Jericho parler de son organe reproducteur, qu’il nomme affectueusement Madame la V.  Et ses réflexions sont toujours très colorées et drôles. Par exemple, lorsqu’il explique pourquoi il refuse d’être le parrain des filles de son meilleur ami Conrad voici ce qu’il dit «Savoir qu’un enfant comptera sur moi s’il advient un malheur à mon meilleur ami et à sa femme, ça va au-delà de mes capacités. Pourquoi ? Parce que, quand j’ouvre la porte de mon frigo, le morceau de fromage vert, autrefois cheddar, s’y trouvant menace de se suicider plusieurs fois par jour…»

 Et pour Charlotte, j’aime qu’elle ne soit pas parfaite, qu’elle aime prendre trop d’alcool, et baiser comme un gars, sans attache. Ça fait changement de la fille trop romantique et trop dépendante qui m’agace à la longue.

Ainsi, lorsque nous arrivons à la partie centrale du livre, nous sommes prêts à suivre leurs péripéties et espérons de tout cœur qu’ils finiront ensemble. Un autre élément s’ajoute à notre lecture à partir de ce moment-là, soit les interactions entre les personnages et l’auteure. Et je dois dire que ceci m’a par contre moins plu.

Bien que les répliques entre les personnages et l’auteure sont drôles, originales et punchées, j’ai malheureusement eu l’impression de me décrocher du roman pour réaliser que ce n’était justement qu’un livre, alors que j’aime bien me concentrer et croire à ces personnages pendant quelques heures. Alors, bien que l’idée soit ingénieuse, je ne suis pas convaincu de son efficacité pour moi. Mais c’est bien personnel. Voici un exemple de ces interactions :

La narratrice du livre «Elle (Charlotte) a tout pour plaire, surtout en tant que personnage de chick lit. »

Charlotte qui parle à l’auteure «Pardon ???? Un personnage de chick lit, Moi ??? Je ne penserais pas non ! Et puis d’abord, qui parle ?»

Note de bas de page : «Salut, mon personnage. Moi, c’est Meleblanc, fille de télé…. Et ton auteure, ç’a ben l’air !…»

Dans ce roman, Mélanie Leblanc ramène également le personnage central de son roman précédent Si tu t’appelles Mélancolie, en tant que meilleure amie de Jéricho et Charlotte. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu le livre précédent pour apprécier celui-ci, sauf que cela m’a tout de même donné le goût d’aller lire son premier roman.

Je trouve ses personnages très colorés. J’aime également qu’on nous présente les dessous du métier de réalisateur, et celui d’animatrice télé. Ce sont des métiers peu connus et intéressants pour faire rêver. J’adore les dialogues entre Charlotte et Jéricho et j’en aurais pris encore plus de leurs mésaventures en VR.

En résumé, j’ai lu ce livre en un week-end, ne pouvant pas le mettre de côté. C’est drôle, romantique à souhait, mais également cela met en lumière des personnages forts attachants avec qui on peut facilement se trouver des points communs. Ceux qui aiment le style Sex in the city, ou autre histoire de chicklit, ce livre est un must ! Je me suis bidonné royalement !

Mélanie Leblanc
Mélanie Leblanc

À propos de l’auteure :
Pendant son shift de nuit (alors que l’émission 2 filles et 1 VR qu’elle co-anime est rediffusée à l’infini sur les ondes d’Évasion), Mélanie Leblanc est auteure. Le reste du temps, elle est directrice artistique et elle participe à la mise en scène de plusieurs projets, tels que les galas Juste pour rire, Grand Rire, Artis et Gémeaux, ainsi que les émissions En direct de l’univers et Le choc des générations. Si tu t’appelles Mélancolie fut son premier roman. On fait l’amour, on fait la guerre est son deuxième roman.

ON FAIT L’AMOUR, ON FAIT LA GUERRE

384 pages

Prix : 24.95$

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