Entrevue avec les artisans du film Ange Gardien de Jean-Sébastien Lord

Jean-Sébastien Lord, Guy Nadon et Patrick Hivon
Jean-Sébastien Lord, Guy Nadon et Patrick Hivon

Après avoir été présenté lors de la 32e édition des Rendez-vous du cinéma québécois à Montréal, le 24 février dernier, le deuxième long métrage de Jean-Sébastien Lord, Ange Gardien, mettant en vedette le très grand acteur Guy Nadon, et la très en demande Marilyn Castonguay, ainsi que l’acteur très intense Patrick Hivon, prendra l’affiche dans nos salles de cinéma un peu partout au Québec, le 7 mars prochain.  

 

Synopsis

Normand, policier retraité, travaille comme gardien de nuit dans un immeuble. Un soir, il surprend Nathalie et Guylain en train de commettre un vol et, après une poursuite dans le bâtiment, ceux-ci parviennent à s’enfuir. Curieusement, Nathalie reviendra visiter Normand quelques semaines plus tard pour lui demander refuge. Une relation toute particulière se développera alors entre les deux et ils découvriront que leurs vies ne sont pas ce qu’elles semblaient être.

Patrick Hivon
Patrick Hivon

J’ai rencontré le scénariste et réalisateur Jean-Sébastien Lord, ainsi que les acteurs Guy Nadon, Patrick Hivon ainsi que Marilyn Castonguay.  Voici mes entrevues avec eux.

Mon appréciation du film sera en ligne le 6 mars prochain, à la veille de la sortie du film en salle.

Questions pour Patrick Hivon :

Pourquoi pensez-vous que Jean-Sébastien (le réalisateur) vous a choisi pour le rôle?

« Je ne sais pas trop ce qu’il a vu en moi pour ce rôle. Dans la vie, je sais que je suis quelqu’un d’assez énergique. Et j’ai vu ce genre de personnes, j’en ai côtoyé même. Et j’ai vu bien des bagarres dans ma jeunesse, alors c’est peut-être ce qui fait en sorte que j’ai pu reproduire ce genre de personnage. » Écoutez la suite : 

Parlez-nous un peu de votre personnage de Guylain, comment le voyez-vous? Écoutez :  

Quel a été le plus grand défi pour vous de jouer Guylain? « Pour moi, cela a été de jouer le gars soûl, sans tomber dans la caricature. Et c’est grâce à un reportage sur RDI sur le fléau de la vodka en Russie que j’ai réussi à trouver comment le jouer.  J’ai travaillé pendant un mois, à visionner des vidéos de Russes soûls sous l’effet de la vodka, sur youtube. J’ai étudié comment ils agissaient et marchaient. Cela a été ma façon de trouver comment le jouer. Car lorsqu’on est vraiment intoxiqué dans la vie, on ne s’en rappelle pas ensuite pour pouvoir le jouer. Et ensuite, j’ai fait confiance à Jean-Sébastien pour me guider, car il savait exactement où il voulait aller avec ça. »

Guy Nadon
Guy Nadon

Questions pour Guy Nadon

Qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de jouer dans ce film? «Le scénario assurément. En le lisant, la première fois, tel un acteur qui en a vu bien d’autres, je prédisais vers où l’histoire s’en allait, quelle direction cela prendrait. Mais à chaque fois, j’étais surpris des détours de l’histoire, des revirements inattendus. Et au moment crucial du film (dont on ne parlera pas pour ne pas gâcher le plaisir des spectateurs), je me suis laissé prendre comme un pur spectateur. J’ai marché complètement dans le panneau. Alors après la lecture du scénario, je me suis dit que cela ferait surement le même effet sur les spectateurs à la sortie du film en salle.»  

Et était-ce difficile de personnifier quelqu’un d’aussi seul, d’aussi renfermé sur lui-même? Comment avez-vous abordé ce rôle? « En consentant de me laisser envahir par cette espèce de mélancolie qu’il en a lui… Ce n’est jamais simple de jouer. Les gens pensent que c’est simple et que cela me vient facilement, mais ce n’est pas le cas. Chaque rôle est différent et je ne sais pas vraiment comment je fais pour le jouer.» 

Est-ce plus difficile de joueur un rôle d’un verbomoteur ou d’une personne qui parle peu et dont tout est dans les non-dits, l’intériorité? « Tout est compliqué dans ce métier (rires). Il n’y a pas une équation artistiquement facile à résoudre. » Écoutez la suite : 

Parlez-nous des difficultés du tournage (exemple dans l’escalier) ? Écoutez :  

«Cela a été un tournage difficile physiquement. Pas juste pour moi. Pour tout le monde. Par exemple, Jean-Sébastien Lord, notre réalisateur, je me rappelle de le voir, les joues tellement brûlées par le froid. Car on tournait la nuit et il faisait parfois -35 degrés. Et Patrick Hivon, il jouait ses scènes dehors, les mains nues » 

Le réalisateur Jean-Sébastien Lord renchérit : «Passe de 7h le soir à 7h le matin dehors, sans rentrer, en enchaînant les scènes une par une. et pour l’équipe technique et pour les acteurs, c’est extrêmement difficile. Un moment donné, ils n’étaient plus capable de parler tellement ils avaient la bouche gelée. Il fallait donc rentrer, les réchauffer, prendre un temps d’arrêt. Alors, cela demandait une organisation assez particulière… Ce fut un tournage assez concentré quand même. 18 jours de tournages avec 136 scènes, pour un budget de 1 million. » 

Jean-Sébastien Lord
Jean-Sébastien Lord

Questions pour le réalisateur et scénariste Jean-Sébastien Lord.

Il s’est passé près de 14 ans entre votre premier film Le petit ciel et votre deuxième film, celui-ci. Est-ce principalement dû aux refus des institutions, pour les subventions? «Oui. Tout à fait. J’ai l’impression d’avoir quand même appris mon métier en attendant. J’ai écrit beaucoup pendant ces années-là. J’ai 6 longs métrages que j’ai développés entre les deux. Il y en a dont j’ai abandonné le développement, mais il y en a plusieurs que je continue à pousser et qui sont à différentes étapes et que je souhaite être capable de faire un jour. » 

Présentez-nous s.v.p. votre film, de manière à ne pas dévoiler les punchs et les mystères.  Écoutez : 

D’où est venue l’idée de ce film : « Il y a une vingtaine d’années, j’avais fait un court-métrage de 4 minutes, à l’université. Et j’avais passé toute une nuit avec un gardien de sécurité. Je l’avais filmé et cet homme-là m’avait beaucoup touché. Cette rencontre m’habitait encore, il y a 4 ou 5 ans, quand j’ai commencé à écrire ce scénario. Et je me suis dit. : Et si quelqu’un venait cogner à la porte? À partir de ce moment-là, j’ai commencé à avoir une histoire.» Écoutez la suite :  

Et pourquoi tourner en hiver? « J’ai beaucoup travaillé comme assistant à la réalisation sur plusieurs plateaux de tournage et je m’étais dit que jamais, de toute ma vie, je ne m’imposerais le supplice de travailler dehors, la nuit, l’hiver. Donc, ce film-là devait se dérouler au printemps, pendant les séries de la coupe Stanley. Sauf que, il est arrivé un moment où il a fallu prendre une décision. Tout le monde était libre en janvier et février… J’ai donc fini par accepter de transposer mon histoire en hiver et au final, je suis très content du résultat. Car en plein hiver, le personnage du gardien semble encore plus seul. Et cela rend encore plus cohérent le fait qu’il laisse entrer Nathalie à l’intérieur. Aussi, l’extérieur devient beaucoup plus hostile et la neige à la caméra c’est très beau.» 

Pour vos choix d’acteurs, vous avez procédé comment? Aviez-vous des idées en tête lors de l’écriture du scénario? « Oui, très vite Guy s’est imposé dans ma tête et je suis content qu’il ait accepté après la lecture du scénario. Ensuite, pour le personnage de Nathalie, je suis allé en audition. J’avais une idée en tête : À qui, ce serait le plus logique que le gardien de nuit ouvre la porte? Et au final, il y avait plusieurs actrices très bonnes. Mais Marilyn avait ce petit quelque chose de plus. Elle a un charisme et une simplicité qui transparait, malgré son côté un peu dur et frondeur dans le film. Pour Patrick, c’était le même principe. Il est allé en audition avec d’autres acteurs. Et la scène qu’il devait jouer, est celle avec le fusil. Et je me disais : Quel gars que j’ai peur qu’il me tire dessus? (Rires). Lequel allait réussir à me convaincre que j’étais en danger? Voilà! Mais il y a d’autres éléments bien sûr. Comme cette fragilité que l’on sent chez Patrick et qui pouvait nous aider à comprendre son personnage et permettre possiblement à la fin, quand on comprend son drame, de pouvoir avoir un peu d’empathie envers lui.» 

Marilyn Castonguay
Marilyn Castonguay

Questions pour Marilyn Castonguay

En plus de jouer le rôle de Julie dans Miraculum (qui sort en salle le 28 février) voilà que dans l’ange gardien tu joues le rôle de Nathalie, qui est bien différent de ce que tu viens de jouer. « Et je suis bien contente que ce soit des rôles très différents, car avec deux films qui risquent d’être présentés en même temps au cinéma, je ne voudrais pas qu’on me voie jouer la même chose deux fois. Or, je pense que lorsqu’on voit Julie, on ne pense pas que cela pourrait être Nathalie et vice et versa.» 

Parle-moi un peu de ton personnage de Nathalie. Comment la vois-tu? Écoutez : 

Et pourquoi cela t’intéressait-il de jouer dans ce film? « C’est en grande partie à cause du scénario. Et aussi parce que j’aime cela quand on me demande de jouer une mère. Je suis souvent sollicité pour jouer des personnes plus jeunes, et c’est correct aussi. Mais j’ai quand même presque 30 ans. Quand on me demande de jouer une mère, on dirait que mon jeu s’ajuste, avec un certain aplomb, une maturité, que je n’ai pas dans un autre rôle. Et j’aime ça, car ça me fait jouer autrement. Pour revenir au scénario de Jean-Sébastien, j’ai accroché tout de suite, car lorsque je pensais avoir deviné ce qui s’en venait, ce n’était pas ça du tout. Il m’a eu complètement avec son histoire. Quand tu lis et que tu es happé par l’histoire, que tu ne veux pas arrêter, car tu as hâte de savoir la suite. Et qu’en plus ce n’est pas du tout ce à quoi tu t’attendais. Alors, c’est sûr que j’ai envie d’embarquer dans ce projet-là.» 

Et travailler avec Guy Nadon, cela doit être intimidant, grandiose? « Ça, c’était mon rêve d’actrice.» Écoutez la suite : 

«Ma scène préférée avec Guy, c’est celle dans la cafétéria. C’était une scène très chargée émotivement. En plus, c’était particulier cette scène, car même si elle n’arrive pas à la fin du film, on l’a tourné à la fin du tournage. Donc, après un tournage assez difficile dans le froid de l’hiver la nuit, d’avoir ce petit moment-là, tous les deux, à la cafétéria, où les émotions sont vives. Je m’en souviendrai toute ma vie de cette scène-là, d’avoir pu la partager avec cet homme-là. Je suis bénie des dieux, vraiment!» 

Bande-annonce : http ://www.kfilmsamerique.com/video_ange_gardien.shtml

Avec    Guy Nadon, Marilyn Castonguay, Patrick Hivon, Véronique LeFlaguais, Frédéric Pierre et Shanti Corbeil-Gauvreau

En entrevue au Clap
En entrevue au Clap

Réalisé par      Jean-Sébastien Lord

Écrit par          Jean-Sébastien Lord

Image : Geneviève Perron

Montage : Jean-François Bergeron

Direction artistique : Mario Hervieux

Son : Pierre Bertrand, Robert Labrosse, Martin Messier

Musique : Ramachandra Borcar

Musique originale Ramachandra Borcar

Costumes Nicole Magny

Direction de production Virginie Léger

Casting Lucie Robitaille

 Production : Couzin Films

Distribution : K-FILMS AMÉRIQUE

Produit par      Ziad Touma

Coordonnées

Site web          http://www.couzinfilms.com

Crédit photos : Lise Breton