Philippe Sly & Michael McMahon : Love’s Minstrels À la croisée des chemins

 

Philippe Sly
Philippe Sly

Sous étiquette ANALEKTA, le charismatique baryton-basse Philippe Sly nous plonge dans une époque qui n’est peut-être pas si lointaine chronologiquement (fin XIXe début XXe siècle), mais qui est à des années lumières de notre siècle et de ses repères. Voici, LOVE’S MINSTRELS, untroisième album pour ce chanteur aux allures de jeune premier et à la voix riche et ferme. Philippe Sly nous livre ici, avec toute sa sensibilité, et toute la puissance évocatrice de sa voix exceptionnelle, vingt-et-une chansons, suspendues entre deux âges. Il est accompagné au piano par le partenaire préféré de plusieurs des meilleurs chanteurs canadiens, l’excellent Michael McMahon.

L’album regroupe cinq compositeurs dont les œuvres glorifient les legs d’un passé parfois proche, parfois lointain.  Celles-ci évoquent avec passion la bucolique Angleterre, tandis que l’histoire britannique et celle de l’occident tout entier, est en marche vers un autre monde en pleine ébullition.

Ces œuvres sont celles de Ralph Vaughan William (1872-1958), sur des poèmes de Dante Gabriel Rossetti (1828-1882), un cycle de six poèmes ; trois ballades deJohn Ireland (1879-1962), sur des écrits de John Masefied (1878-1967), poèmes qui exaltent la beauté des paysages et la vie romanesque des marins.  On compte également cinq poèmes de William Shakespeare (1564-1616) mis en musique parRoger Quilter (1877-1953), compositeur de nombreuses chansons inspirées du patrimoine musical populaire anglais, ainsi que quatre chansons du compositeur britanique émigré au Canada, Healey Willan (1880-1968), sur des poèmes connus, dont un des plus souvent cité dans la littérature anglaise Drink to me only with thine eyes. Également au programme, trois chansons qui évoluent dans la sphère incantatoire et méditative d’hymnes védiques, une tradition qui remonte au XVe siècle avant J.C., des oeuvres signées Gustav Holst (1874-1934).

En effet, au tournant du XXe siècle, en Angleterre plus particulièrement, l’ère préindustrielle jette les bases du monde moderne. Voici que de curieux engins à quatre roues croisent les calèches tirées par les chevaux, et les machineries lourdes enterrent le faible bruit des moulins. Le monde ne sera plus jamais le même. Ici, Philippe Sly et son accompagnateur, Michael Macmahon, se détournent momentanément de leurs propres repères, et font preuve d’une grande sensibilité esthétique en transcendant musicalement cette distance entre deux univers. Dans un siècle devenu brutalement réaliste, ces musiques se veulent un havre de paix. Elles laissent la trace bien palpable d’un rêve empli de romantisme et d’idéalisme alors que l’humanité est à la croisée des chemins et qu’elle vient d’atteindre un point de non retour.

Philippe Sly

Tout juste diplômé de l’Université McGill en chant, la réputation internationale de Philippe Sly s’établit à un rythme remarquable.  Le San Francisco Chroniclesouligne sa voix épanouie et sa présence magnétique. Lauréat en 2012 du Premier prix du Concours international de musique de Montréal, « révélation classique de l’année » de Radio-Canada et lauréat du grand prix des auditions nationales 2011 du Metropolitan Opera National Council, la place de Philippe Sly parmi les meilleurs chanteurs est assurée. Récemment, il a été récompensé lors de la 16e édition des prix Opus dans la catégorie Concert de l’année – musiques romantique, postromantique, impressionniste. Lancé en octobre 2012 sous étiquette Analekta, son premier album En Rêves a été acclamé par la critique. Son second enregistrement, Les amants trahis, présente des œuvres de Rameau, aux côtés de la soprano Hélène Guillemette et du claveciniste Luc Beauséjour. Love’s Minstrels est son troisième album.

Michael McMahon

Le pianiste Michael McMahon se produit régulièrement au Canada, en Europe, au Japon et aux États-Unis avec de nombreux chanteurs et chanteuses de renom, dont Catherine Robbin, Karina Gauvin, Measha Brueggergosman, Marianne Fiset, Lyne Fortin, Dominique Labelle, Wendy Nielsen, Maureen Forester, Marie-Nicole Lemieux, Annamaria Popescu, Joseph Kaiser, Nathan Berg, Brett Polegato, Benjamin Butterfield, Daniel Taylor, Michael Schade, Russell Braun et Richard Margison.

En qualité de coach vocal, il travaille régulièrement avec l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, Opera Nuova, le Centre des arts d’Orford et le Banff Centre. On lui demande aussi d’offrir des classes de maître aux chanteurs et aux pianistes. Il est actuellement artiste en résidence à l’Institut Franz Schubert en Autriche et au festival d’opéra C.O.S.I. en Italie.