Morrice et Lyman en compagnie de Matisse

vue de la salle d'exposition
vue de la salle d’exposition

Du 8 mai au 7 septembre 2014, les visiteurs du Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) sont invités à prendre part à un voyage à travers le temps avec l’exposition « Morrice et Lyman en compagnie de Matisse » qui met en scène les oeuvres de deux pionniers de la modernité canadienne.

James Wilson Morrice (1865-1924) et John Lyman (1886-1967), deux artistes montréalais, ont côtoyé le célèbre peintre français Henri Matisse (1869-1954). Ils se sont croisés au début du XXe siècle, au coeur d’un bouillonnement des avant-gardes français. C’était l’époque où l’art se réinventait. Morrice et Lyman se sont épanouis dans une agitation créatrice parisienne, loin de l’atmosphère conservatrice de la scène artistique et culturelle canadienne. Ils ont découvert la liberté et l’authenticité. John Lyman a été l’élève d’Henri Matisse en 1910. Quant à James Wilson Morrice, de la même génération qu’Henri Matisse, il s’est lié d’amitié avec le maître lors d’un séjour à Tanger en 1912 et en 1913. Ces rencontres ont fortement influencé le travail des deux peintres québécois. L’impact de cette influence marquante s’est même propagée au reste du Canada par l’engagement d’artistes peignant en faveur d’une expression universelle, moderne, sans visée nationaliste ou régionaliste.

vue de la salle d'exposition
vue de la salle d’exposition

Cent trente-et-une oeuvres sont rassemblées pour l’exposition (des huiles sur toile, sur bois et sur carton) qui reflètent la relation entre les trois artistes. Ils proviennent de plusieurs musées canadiens, américains et européens, dont 42 tableaux sont issus de collections privées. La sélection des oeuvres pour cette exposition engage une conversation esthétique autour de la peinture, avec des connivences plastiques entre des sensibilités affirmées. Autant de lumières qui ravivent un épisode déterminant de la modernité canadienne.

 » Les moyens les plus simples sont ceux qui permettent le mieux au peintre de s’exprimer  » – Matisse

Morrice et Lyman en compagnie de Matisse
A la plage (Saint-Jean-de-luz) de Lyman 1929-1930

Selon le Musée, les incontournables, seraient – pour ne nommer que ceux-là : « Tanger, la fenêtre (1913)« , une peinture réalisée par Morrice et qui n’a pas été vue au Canada depuis des décennies. Ce tableau, considéré comme le témoin le plus important des séjours de Morrice et Matisse à Tanger au cours des hivers de 1912 et de 1913, est une oeuvre-maîtresse. Le chef-d’œuvre de Lyman « À la plage (Saint-Jean-de-Luz), 1929-1930« , est un tableau qui fait la somme des connaissances acquises par le peintre pendant la vingtaine d’années où il a vécu en France, entre 1907 et 1930. Puis, « La Palme (1912)« , création spontanée de Matisse, est exposée pour la toute première fois au Canada. Cette œuvre incontournable vient illustrer de façon significative l’influence du peintre français dans la production antillaise de Morrice, quelques années plus tard. « Nu au canapé jaune (1926)« , un tableau destiné par Matisse au Musée des beaux-arts du Canada, a été réalisé l’année même où il rédigeait ses souvenirs sur Morrice, dans un texte qui allait révéler les liens étroits entre les deux artistes.

Selon ma sensibilite toute personnelle, les incontournables seraient aussi les scènes d’hiver qui sont plus proches de nous. Pour ne donner que quelques exemples: « Vue de Lévis depuis Québec » de Morrice (1909), « Westmount en hiver » de Lyman (1912) et les oeuvres qui font partie de l’attachement au pays, telles que « Club nautique, North Hatley, 1948 » de Lyman d’une richesse de composition remarquable. Quant à Matisse, il ne fait pas rater « Grande falaise, les deux raies, 1920 » pour son histoire puisqu’elle fut le premier Matisse à entrer dans une collection privée au Canada. Mon coup de coeur reste cependant « A la plage (Saint-Jean-de-luz) » de Lyman 1929-1930. Comme dans certaines toiles de Georges Seurat, le temps semble s’être arrêté sur cette scène où les personnages sont figés. Leurs rapports formels et chromatiques contribuent au magistral équilibre de la composition.

Vue de Lévis depuis Québec de Morrice (1909)
Vue de Lévis depuis Québec de Morrice (1909)

À travers les différents thèmes de l’exposition: Les lumières de l’exil, Le décoratif, L’invitation au voyage, L’extraordinaire finesse de la lumière nord-africaine, L’été sans fin: Bermudes et Antilles, Le prestige de l’eau, L’attachement au pays, le visiteur peut apprécier ces trois destins, ces trois parcours singuliers, qui se font écho. Un voyage mémorable donc, «là où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté» pour citer Beaudelaire.

L’exposition « Morrice et Lyman en compagnie de Matisse » est organisée par le Musée national des beaux-arts du Québec, avec le généreux concours du Musée des beaux-arts de Montréal et du Musée des beaux-arts du Canada. Du 4 octobre 2014 au 5 janvier 2015, elle sera présentée à Kleinburg (Ontario), à la Collection McMichael d’art canadien.

Consultez le site Internet du Musée pour tout savoir car plusieurs activités sont reliées à cette exposition en cours jusqu’au 7 septembre 2014:
www.mnbaq.org

Crédit photos: Laurent Torregrossa