Entrevue avec le réalisateur du film Exil, Charles-Olivier Michaud, qui prend l’affiche dès le 27 juin

Exil de Charles-Olivier Michaud
Exil de Charles-Olivier Michaud

Charles-Olivier Michaud, réalisateur originaire de Québec, que l’on a connu grâce à son premier film, Snow & Ashes (Neige et cendres), tourné dans la région de Québec, gagnant du prix du meilleur film au prestigieux festival de Slamdance en 2010, et son second film, Sur le rythme, film sur la danse avec Mylène Saint-Sauveur et Nico Archambault, qui a reçu un bel accueil critique en plus d’être un des succès de l’été 2011, propose cette fois-ci un road-movie initiatique Exil, alors que l’on suit le parcours singulier d’un enfant haïtien de 12 ans qui, après le décès de son père, traverse l’Amérique pour retrouver la trace de sa mère. Ce film prend l’affiche au Québec dès aujourd’hui, le 27 juin. 

Mon appréciation du film est disponible via ce lien : 

https://info-culture.biz/2014/06/27/exil-de-charles-olivier-michaud-un-film-a-ne-pas-manquer/#.U63XFJR5OSo

Résumé du film

Dans une ville haïtienne, la vie paisible de Samuel est brutalement perturbée par l’enlèvement de son père journaliste. Samuel s’embarque alors clandestinement vers les États-Unis où il espère retrouver sa mère qu’on lui disait décédée. De Miami jusqu’à Montréal en passant par New York, son périple est jalonné de rencontres avec des personnes vivant en marge de la société nord-américaine. Pour donner un sens à son expérience du monde, Samuel puise dans l’amour inconditionnel qu’il éprouve pour une mère qu’il n’a pourtant jamais connue.  

Chares-Olivier Michaud
Chares-Olivier Michaud

Voici mon entrevue avec Charles-Olivier Michaud le scénariste et réalisateur du film Exil.

Comment est né ce projet de film l’Exil ?

« C’est un projet qui m’a été apporté par le producteur Réal Chabot. C’est lui qui avait développé l’idée. J’ai donc continué le projet avec lui. C’est vraiment un parcours d’émigrant, du point de vue d’un enfant. C’est quelqu’un qui part de ses racines, de ses origines, qui laisse sa famille derrière lui et qui vient jusqu’à Montréal. On voulait faire un récit de voyage. Cela a été un processus assez long de tournage. On parle de trois blocs de tournage avec un enfant de 12 ans, une petite équipe, parce qu’on a des moyens restreints. Mais une expérience de travail incroyable. »

Vous avez tourné où justement?

« On a tourné en République dominicaine, à New York, à Montréal et dans la région du lac d’Oka pour simuler le Lac Champlain »

Pourquoi tourner en République dominicaine si ça se passe supposément à Haïti ?

Cliquez sur le lien pour écouter le commentaire de Charles-Olivier sur la République dominicaine :

Est-ce plus difficile de tourner avec des Haïtiens qui ne sont pas des acteurs ?

« Oui et non. Difficile parfois, lorsqu’on a des moments très précis à aller chercher, ça peut être plus frustrant. Mais ça peut créer des moments spontanés, des improvisations. Par exemple,  il y a une petite scène de repas au début du film, et c’est vraiment eux qui se sont mis à cuisiner, à parler entre eux, en improvisant et cela a amené beaucoup d’authenticité dans la scène. Mais également de l’authenticité au niveau des costumes, de la façon de s’exprimer, de bouger, car on sait que les Haïtiens ont ce côté assez théâtral dans la vie, donc ils ont amené cela aussi dans le film. » 

De tourner presque le film au complet dehors, que ce soit à New York ou Montréal, avec divers lieux et climats, est-ce cela le plus grand défi de tourner ce road movie ?   « Non, moi je trouve ça le fun. Il y a des réalisateurs qui n’aiment pas vraiment ça, parce qu’on contrôle moins les éléments. Tandis que moi, j’adore ça. Si je pouvais tourner tous mes films dehors, je le ferais (quand ça s’y prête bien sûr). On a la lumière naturelle, on n’a pas besoin d’éclairage, on a de la profondeur, une liberté. C’est quelque chose de plus vivant dehors. C’est sûr que ça ajoute à la complexité du tournage, mais comme j’ai pris pas mal les mêmes gens que j’avais pour le film Snow & Ashes (tourné à Québec, en hiver, dehors dans la neige) pour travailler avec moi, ils étaient déjà habitués à mon style et à ce que j’aime. J’aime la lumière naturelle, alors on va toujours s’arranger pour capter le soleil, capter la lumière à travers les arbres. »

Comment avez-vous fait votre distribution ? Surtout le jeune comédien Francis Cléophat. Vous l’avez trouvé où et pourquoi lui ?  

Cliquez sur le lien pour écouter comment s’est faite la distribution pour le rôle de Samuel :

« Dans le film, ce jeune-là, toutes les émotions, ils transparaissent dans son visage. Et c’était comme ça en audition aussi. Et c’est ça qu’on cherchait aussi. Oui, il y avait des jeunes qui étaient super bons au dialogue, mais comme il y a très peu de dialogue dans le film, je cherchais quelqu’un qui avait cette lumière dans le regard. Donc, Francis, on l’a déniché comme ça. Et il était très timide (il ne l’est plus maintenant, il a vieilli), il ne parlait presque pas. Mais quand même, je voyais quand il avait peur, quand il était content, juste par ses yeux. »

Charles-Olivier Michaud
Charles-Olivier Michaud

Et les autres acteurs moins connus qui ont été choisis, vous l’avez fait comment ? « Eh bien, il y a Lina Roessler, qui est ma grande amie, mais aussi une excellente actrice et qui a joué dans tous mes films, car je trouve qu’elle a un énorme talent. Il y a aussi Ralf Prosper qui est un acteur extraordinaire qui joue Jérôme, le gars de gang de rue à New York. Ralf est peu connu, mais il a joué l’oncle dans Rebelle. C’est un acteur à découvrir. J’ai adoré travailler avec lui. Il a énormément de présence à l’écran et il a une grande force créative. J’adore travailler avec ces acteurs connus, qui sont justement connus parce qu’ils sont talentueux et professionnels. Mais c’est le fun de travailler avec des gens qui sont moins connus aussi, car ça ajoute à l’authenticité d’un film. Et grâce à Ralf, Lina et Francis, entre autres, ça donne une vérité au film qu’on n’aurait pas eu autrement. » 

Parlons un peu de la musique de votre film EXIL, qui est très particulière et elle change complètement la vision que l’on peut avoir du film. Par exemple, des scènes très dures qui sont adoucies par une musique totalement à l’opposé de ce qu’on voit. Pourquoi ce contraste ?

« Je suis très fière de la musique de mon film. Et le compositeur c’est Michel Corriveau (Bon cop Bad Cop, Nez Rouge, cadavre). On est devenus amis très rapidement durant un festival de cinéma et avec Exil, je lui ai demandé d’aller complètement ailleurs de sa zone à lui, mais qui était aussi cohérent avec son côté artistique et sensible. Et la consigne que je lui ai donnée pour la musique c’était de s’approcher du personnage, de créer un lien. Et que la musique soit comme une main qui vient chercher le public pour le réconforter. Pour faire ça, on a joué dans plusieurs textures, l’électro, les banjos, les guitares… Tu sais, la musique, les images et Francis ce sont les trois choses dont je suis le plus fier dans mon film »

Vous avez un autre film qui va sortir bientôt. One square mile, votre premier film américain. Sera-t-il présenté au Québec ? La sortie est prévue pour quand ?

« Je veux dire oui pour le Québec, mais en fait je ne le sais pas encore. Ils essaient d’avoir une sortie au Québec. J’espère en tout cas. Mais je sais qu’il sort dans le reste du Canada (Toronto, Vancouver, Calgary) et aux États-Unis un peu partout le 1er aout.  S’il ne sort pas au Québec, il y aura moyen de le voir quand même. Pour les films indépendants américains ce qu’ils font maintenant c’est de faire une sortie salles et iTunes en même temps. Ils appellent ça un  ‘Day-and-date release’, pour créer de la visibilité. »

À ce que je vois, on ne peut pas vous mettre dans une boite, vous catégoriser à savoir quel genre de films vous allez faire. Qui sont ces cinéastes qui vous inspirent ?  Cliquez sur le lien pour l’écouter parler des cinéastes qui l’inspirent :

Alors comment pourrait-on décrire les films que vous faites ?

« Bien, si on y regarde de près, mes deux films Snow & Ashes et Exil, ils sont vraiment dans la continuité, la similitude, avec des personnages principaux qui se retrouvent dans des situations hors de leur contrôle, ils sont face aux dangers constamment et ils ont chacun une quête bien précise vers laquelle ils foncent. Donc, si on veut me mettre dans une boite, je dirais le drame humain très poignant et assez sombre avec peu de dialogue. »

Maintenant, pouvez-vous me parler un peu de votre prochain projet à venir ? Cliquez sur le lien pour l’entendre décrire son prochain film Sodome : 

Vous avez aussi fait une incursion dans le monde de la télévision en réalisant la plupart des épisodes de la dernière saison de La galère et pour lequel vous avez eu une nomination aux Gémeaux pour la réalisation. ET vous allez aussi réaliser la série « Boomerang » à TVA. Qu’est-ce que cela vous apporte de réaliser en télévision versus le cinéma. Comment est-ce différent les deux médiums ?

« Il y a le côté alimentaire de la chose bien sûr, mais sinon, c’est complètement différent, les deux métiers de réalisateur. À la télé, c’est un médium d’auteurs. Ce sont les textes qui sont importants. Le réalisateur est là pour mettre en scène des textes. Il y a comme une moins grande responsabilité, disons. Un film, tu le portes sur tes épaules, longtemps. Tu bûches dessus, tu mets beaucoup d’efforts dans le montage par exemple qui sont parfois jetés aux poubelles. Tandis qu’à la télévision, ça me donne la chance de faire mon métier de réalisateur aussi, mais tout en ayant moins de pression. Et en plus, j’adore rire, j’adore la comédie. Et vois-tu, je ne ferais pas de la comédie au cinéma. Je ne me suis jamais posé la question, car pour moi, ce ne serait pas naturel de faire une comédie comme film. Alors, de le faire à la télé, c’est une bonne façon de sortir une facette de moi qui est bien présente en dedans. » 

Donc, Boomerang, ça va être drôle ?

« Ça va être drôle en tabarouette! On a une distribution du tonnerre ! Antoine Bertrand, Catherine-Anne Toupin, Marc Messier,  Marie-Thérèse Fortin, Émile Proulx-Cloutier, Magalie Lépine-Blondeau, Marc Beaupré et Fabien Cloutier, un gars de Québec. Il est drôle Fabien. Il est venu à l’audition et j’ai tellement ri. Et il est brillant en plus ce gars-là. Il joue le meilleur ami d’Antoine dans l’émission. » 

Le mot de la fin ?

« Venez voir Exil, en fin de semaine. Il n’y a que 2 films nouveaux en salle ce week-end. Transformers et Exil. Avec Transformers, c’est un film de 3 heures, avec des robots qui se tirent dessus et on le sait déjà comment ça finit. Mark Wahlberg, il survit. (Rires!) Tandis qu’avec Exil, c’est d’autres choses. C’est un voyage, et ce n’est pas un film québécois habituel. J’adore le cinéma québécois, mais là on part dans un voyage, on est ailleurs… »

Distribution 

Francis Cléophat (Samuel)

Julie Le Breton (Sophie)

Maxime Dumontier (Marco)

Paul Doucet (Jean-François)

Lina Roessler (Cindy)

Stephen McHattie (Max)

Mireille Metellus (Angéline, la mère)

Tcheguevara Saint Jean (Le cousin)

Ralph Prosper (Jérôme)

Zeneb Blanchet (Rose)

Producteur

Réal Chabot

Réalisateur et scénariste

Charles-Olivier Michaud

Directeur de la photographie

Jean-François Lord

 Montage

Glenn Berman

 Son

Bobby O’Malley,

Pierre-Jules Audet,

Hans Laitres

 Directeur artistique

Sylvain Dion

 Musique originale

Michel Corriveau

 Costumes

Francesca Chamberland

 Direction de production

 Yannick Savard

 Distribution des rôles

 Lucie Robitaille

 Société de production: Les Films du boulevard avec la participation de Téléfilm Canada, SODEC, programmes de crédit d’impôt fédéral et provincial

Distribution: Filmoption International

 Durée 100 minutes

 Crédit photos : Réjeanne Bouchard