Exil, de Charles-Olivier Michaud, un film à ne pas manquer !

Exil de Charles-Olivier Michaud
Exil de Charles-Olivier Michaud

Charles-Olivier Michaud, réalisateur originaire de Québec, que l’on a connu grâce à son premier film, Snow & Ashes (Neige et cendres), tourné dans la région de Québec, gagnant du prix du meilleur film au prestigieux festival de Slamdance en 2010, et son second film, Sur le rythme, film sur la danse avec Mylène Saint-Sauveur et Nico Archambault, qui a reçu un bel accueil critique en plus d’être un des succès de l’été 2011, propose cette fois-ci un road-movie initiatique Exil, alors que l’on suit le parcours singulier d’un enfant haïtien de 12 ans qui, après le décès de son père, traverse l’Amérique pour retrouver la trace de sa mère. Ce film prend l’affiche au Québec dès aujourd’hui, le 27 juin. 

Mon entrevue avec Charles-Olivier Michaud sera disponible sur ce site au plus tard le 28 juin. 

Résumé du film

Dans une ville haïtienne, la vie paisible de Samuel est brutalement perturbée par l’enlèvement de son père journaliste. Samuel s’embarque alors clandestinement vers les États-Unis où il espère retrouver sa mère qu’on lui disait décédée. De Miami jusqu’à Montréal en passant par New York, son périple est jalonné de rencontres avec des personnes vivant en marge de la société nord-américaine. Pour donner un sens à son expérience du monde, Samuel puise dans l’amour inconditionnel qu’il éprouve pour une mère qu’il n’a pourtant jamais connue. 

Souvent, on sait à quoi s’attendre d’un film, selon le réalisateur qui est à la barre du long métrage. Par exemple, les frères Cohen et Tarantino ont des styles bien différents, mais on sait déjà quel genre ce sera. Avec Charles-Olivier Michaud, c’est tout à faire le contraire. Rien ne nous prépare à son prochain film, puisqu’il traite toujours de sujets amplement diversifiés, avec des styles complètement différents. Avec Sur le rythme, c’est l’univers des danseurs qui est à l’honneur,  tandis que Snow & Ashes faisait découvrir la guerre vue sous l’angle des journalistes de guerre. Et maintenant, Exil, nous plonge dans la peau d’un jeune garçon d’Haïti,  alors que nous empruntons avec lui les routes sinueuses et remplies d’épreuves de l’Amérique, où à défaut de retrouver sa mère, il cheminera vers l’accomplissement de soi et fera graduellement le passage vers l’homme adulte.

Francis Cléophat  dans le rôle de Samuel
Francis Cléophat dans le rôle de Samuel

Filmé avec une caméra chaotique, constamment braquée sur le jeune Samuel (joué avec brio par Francis Cléophat), on découvre d’abord le pays d’origine du jeune garçon, avec toute la beauté, la poésie qu’elle engendre. Puis, peu à peu, au cours du voyage, à Miami,  New York, puis à Montréal, cette même caméra capte les différences dans les lieux, le climat, les habitants et peu à peu, la caméra se stabilise à mesure que Samuel prend confiance en lui, et prend le contrôle sur sa vie.

Dans ce conte réaliste, on suit, à la manière d’un documentaire, narré par Stanley Paen, cette histoire du point de vue d’un enfant qui est sorti de sa zone de confort et qui découvrira à la dure, qu’on ne peut pas toujours faire confiance aux gens, mais aussi que parfois, ce sont ceux que l’on s’attend le moins qui peuvent nous aider. Ainsi, Samuel entre en contact surtout avec des immigrants, des exclus, des bandits, des voleurs, mais bien qu’il soit confronté à l’hostilité des gens, il recherchera toujours en eux cette figure paternelle ou maternelle rassurante, cet ange qui pourrait l’aider, pour finalement se rendre compte que lui-même pourrait être le protecteur, l’ange de quelqu’un d’autre.  La quête de sa mère ne deviendra alors qu’un prétexte pour développer sa maturité.

Au niveau de la musique, Michel Corriveau a fait un travail fabuleux, pour nous imprégner des émotions, pour garder toujours ce petit côté lyrique qui nous ramène au conte. Peu importe la gravité des évènements, le découragement de l’enfant, la musique vient relativiser le tout, amener une légèreté à ce qui se passe.

Samuel et la petite Rose!
Samuel et la petite Rose!

Naturellement, le jeune Francis Cléophat porte en grande partie le film sur ses épaules. Il a une belle naïveté qui se transforme tout au long du film, en maturité, en profondeur, alors qu’il prend conscience que tout n’est pas aussi beau et gentil qu’il le croyait. Tout passe très bien dans ses yeux, alors qu’il a peu de paroles pour soutenir ses émotions. Une réelle belle performance de jeu de ce jeune comédien qui débute dans le métier. Ajoutez à cela plusieurs autres acteurs qui, pour la plupart, sont peu connus et qui ajoutent à la notion de documentaire du film. Seuls Paul Doucet et Julie LeBreton qui ont des rôles secondaires à la fin du film, viennent nous rappeler qu’on est dans une fiction.

Pour bien apprécier ce film, il faut être prêt à se laisser aller au voyage qui nous est offert, aux images belles et fortes, grandioses à l’écran, aux rencontres qui nous sont proposées, et se laisser bercer par les belles paroles narratives de Stanley Paen qui nous aident à mieux cerner ce personnage de Samuel, tout en mettant un baume sur cette douleur qu’il semble vivre, sur ces embuches qu’il rencontre. Un film sur le thème de l’émigration, du déracinement, de l’espoir d’une terre d’accueil riche en promesse, mais parfois dont la réalité est malheureusement bien différente. Mais aussi un film sur la recherche de soi, le voyage d’un enfant vers la maturité !

 Ce film a été tourné en République dominicaine, à New York et à Montréal.

Distribution

Francis Cléophat (Samuel)

Julie Le Breton (Sophie)

Maxime Dumontier (Marco)

Paul Doucet (Jean-François)

Lina Roessler (Cindy)

Stephen McHattie (Max)

Mireille Metellus (Angéline, la mère)

Tcheguevara Saint Jean (Le cousin)

Ralph Prosper (Jérôme)

Zeneb Blanchet (Rose)

Producteur

Réal Chabot

Réalisateur et scénariste

Charles-Olivier Michaud

Directeur de la photographie

Jean-François Lord

Montage

Glenn Berman

Son

Bobby O’Malley,

Pierre-Jules Audet,

Hans Laitres

 Directeur artistique

Sylvain Dion

Musique originale

Michel Corriveau

Costumes

Francesca Chamberland

Direction de production

 Yannick Savard

Distribution des rôles

 Lucie Robitaille

Société de production: Les Films du boulevard avec la participation de Téléfilm Canada, SODEC, programmes de crédit d’impôt fédéral et provincial

Distribution: Filmoption International

Durée 100 minutes

Crédit photos : Courtoisie