Invitation au Musée national des beaux-arts du Québec : LUMIÈRES – quand la parole et la peinture se rejoignent en quête de beauté

Thomas Gionet-Lavigne
Thomas Gionet-Lavigne

Depuis trois mois maintenant, deux grands peintres, qui sont aux origines de la modernité artistique au Canada, se côtoient au Musée national des beaux-arts du Québec, en compagnie de l’illustre peintre français Henri Matisse (1869-1954). James Wilson Morrice (1865-1924) et John Lyman (1886-1967) ont rencontré chacun le grand maître, mais les trois hommes ne se sont jamais retrouvés ensemble. Morrice a fait connaissance de Matisse à Tanger tandis que Lyman, le plus jeune des trois, fut son élève à l’Académie Matisse. Leurs rencontres respectives ont changé de façon définitive la vision du monde et la démarche créative de deux peintres montréalais, qui se sentaient à l’étroit dans l’atmosphère étouffée et étouffante de la scène artistique canadienne. Cette nouvelle liberté revendiquée et cette authenticité artistique recherchée, que les deux peintres ont apportées au Canada, ont trouvé le terreau fertile dans différentes associations et regroupements qui cherchaient à s’affranchir de l’expression rigide à visée nationaliste et régionaliste.

Pour compléter cette exposition à titre évocateur des similitudes entre trois artistes Morrice et Lyman en compagnie de Matisse, ses organisateurs ont invité le jeune acteur et dramaturge Thomas Gionet-Lavigne à imaginer un voyage dans ce Paris du début du siècle dernier, quand l’effervescence de la création artistique faisait disparaître ce qu’on considérait jusqu’à présent comme indélogeable, enraciné à tout jamais, en même temps que naissaient des courants modernes aux approches et aux expressions les plus diverses.

Le théâtre, c’est la peinture qui parle.

Thomas Gionet-Lavigne, qui a ces mots pour les liens qui unissent le théâtre et la peinture, aime les deux. C’est cet amour pour la parole et pour l’expression visuelle qui l’ont guidé dans l’écriture du texte dont la lecture théâtrale sera offerte au public le mercredi 13 août, à 20 h, au Musée national des beaux-arts du Québec.

John Lyman, Le casier à homards
John Lyman, Le casier à homards

Le jeune auteur ne connaissait pas beaucoup les deux peintres canadiens, par ailleurs peu connus du large public. Mais le projet du Musée le passionnait dès le début. Il s’est donc plongé dans les recherches minutieuses sur les hommes, sur les artistes, sur l’époque. La quête de lumière a émergé tout naturellement comme le leitmotiv qui les a guidés, tout comme Matisse, dans leurs parcours artistiques. Et très naturellement aussi, a émergé l’intérêt de Thomas Gionet-Lavigne pour John Lyman. Car c’est Lyman, le plus jeune du trio de ces artistes modernes, par lequel le lien entre les trois peut se faire le plus aidément. C’est donc Lyman, un Lyman vers la fin de sa vie, que personnifiera l’acteur dans sa présentation théâtrale. Accompagné de sa femme Corinne, qui avait joué un rôle important pour lui, le peintre entreprend un des derniers voyages en bateau, à Saint-Vincent, dans les Antilles. Il adresse à Corinne un monologue dans lequel il revient sur son histoire, sur sa vie d’artiste, sur sa création. Et dans cette vie, dans cette histoire, il y a eu deux personnes qui l’ont marqué le plus profondément, qui l’ont influencé indéniablement : James Morrice et Henri Matisse.

Quand on regarde Thomas Gionet-Lavigne en train de parler d’un tableau, d’expliquer son histoire, on commence à percevoir d’une façon différente le travail de l’artiste. Devant les tableaux qui l’ont touché le plus – Autoportrait de John Lyman, Paysage, Trinité de Morrice, Le Bac, Québec, Nourrices sur la terrasse ou le Halage de la barque de Lyman – Thomas Gionet-Lavigne, qu’on devine réservé, devient enthousiaste. Sa voix mélodique, aux timbres chauds, évoque les lignes épurées, claires, nettes, les couleurs contrastées et les formes simples des œuvres de Lyman. Sa comparaison avec l’approche de Morrice, plus poétique, plus onirique aussi, en est une d’un érudit plutôt que celle d’un amateur. Mais un érudit qui se laisse charmer par la beauté de la peinture, par la lumière, surtout, qui émane du tableau et se transmet au spectateur sensible et réceptif.

James Wilson Morrice, Paysage, Trinité
James Wilson Morrice, Paysage, Trinité

Et si cet érudit, charmé par la beauté et la lumière des tableaux des deux peintres canadiens influencés par un illustre confrère français, est l’auteur et l’interprète d’un texte théâtrale faisant le lien entre le narratif et le visuel, la beauté et la lumière sauront certainement envoûter l’amateur des arts visuels qui aura la sagesse et le plaisir de visiter – ou de revisiter – l’exposition afin de mieux apprécier le texte inventif de Thomas Gionet-Lavigne. Le Musée est ouvert, comme chaque mercredi, jusqu’à 21 heures. Et pour ceux qui voudront revoir l’exposition a posteriori, celle-ci est présentée jusqu’au 7 septembre 2014.

Thomas Gionet-Lavigne

Finissant du Conservatoire d’art dramatique de Québec de 2004, Thomas Gionet-Lavigne privilégie surtout le travail de création. Il est auteur de plusieurs spectacles où il a également joué : Loin (2012), Route (2010), la Fanfare (2010) et Japon (2007). Lumières constitue pour lui une nouvelle occasion d’exprimer sa passion pour l’écriture, à partir d’un thème différent et d’une époque artistiquement et intellectuellement effervescente.

Mercredi 13 août 2014, 20 h

Musée national des beaux-arts du Québec – Auditorium

Parc des Champs-de-Bataille

Québec (Québec) G1R 5H3

Billets :

20$ (Membres : 18$)

À la billetterie du Musée

Info : 418-643-2150

1-866-2202-2150

www.mnbaq.org

© Photos : Venceslava Jarotkova