Le 18e International des musiques sacrées de Québec s’ouvre avec Musica Imperialis-Wiener Akademie, Dominique Labelle et Daniel Taylor

International des musiques sacrées de Québec
International des musiques sacrées de Québec

L’église Saint-Dominique, à Québec, a accueilli, le samedi 6 septembre, des invités de marque : les musiciens de l’ensemble Musica Imperialis de Wiener Akademie, la soprano Dominique Labelle et le contre-ténor Daniel Taylor. Des œuvres de Johann Joseph Fux, Georg Friedrich Haendel, Wolfgang Amadeus Mozart et Joseph Haydn ont été à l’honneur pour ouvrir la 18e édition de l’International des musiques sacrées de Québec.

La soirée a débuté avec la Partita en la mineur de Johann Joseph Fux (1650-1741). Ce compositeur, aujourd’hui reconnu comme un des plus grands maîtres de la musique baroque autrichienne, a acquis une renommée, de son vivant, notamment comme auteur du célèbre ouvrage sur le contrepoint, le Gradus ad Parnassum, dont même Bach a possédé un exemplaire. Directeur musical de la cour impériale – la position musicale la plus élevée en Europe – il a composé et dirigé de nombreux opéras et oratorios, de même que des dizaines de petits morceaux. C’est notamment dans les dix dernières années de sa vie, après la disparition de sa femme, que Fux s’est consacré presque exclusivement à la musique sacrée.

Dominique Labelle et Daniel Taylor, accompagnés par les musiciens de Wiener Akademie
Dominique Labelle et Daniel Taylor, accompagnés par les musiciens de Wiener Akademie

L’interprétation, par la soprano Dominique Labelle et le contre-ténor Daniel Taylor, du duo d’Almirena et de Rinaldo Scherzano sul tuo volto, de l’opéra Rinaldo de Georg Friedrich Haendel (1685-1769), a été riche d’émotions, accentuées dans l’air suivant, Se’il cor ti perde, tiré de l’opéra Tolomeo. Rinaldo fut le premier opéra « italien » présenté à Londres, en 1711, et est considéré comme un des chefs-d’œuvre de la musique scénique de Haendel. Quant à Tolomeo, ce fut le dernier opéra présenté à Royal Academy of Music, à Londres, avant sa dissolution en 1728. Les parties bucoliques de charme y côtoient la musique majestueuse et intense d’un opéra dynastique, avec plusieurs airs devenus cultes dans l’œuvre de Haendel.

Deux autres parties, instrumentales, ont présenté l’ensemble Musica Imperialis de Wiener Akademie à son meilleur. Quatre des quatorze Sonates d’église pour deux violons, basse et orgue – en do majeur K328, en mi bémol K 67, en fa majeur K 244 et do majeur K 336 – de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) ont été joués avec brio, apprécié par un public conquis à l’interprétation subtile et raffinée du quatuor des musiciens autrichiens. Les sonates d’Église de Mozart sont des pièces brèves qui n’ont qu’un seul mouvement (allegro, en général, mais parfois andante) et durent entre 3 et 7 minutes. Selon la tradition salzbourgeoise, elles ont été écrites pour orgue et cordes solistes. Elles s’inséraient entre l’Épître et l’Évangile.

Quant au Concerto (Divertimento) en fa majeur pour orgue, deux violons et basse de Joseph Haydn (1732-1809), il est un de six concertos pour orgues, composés principalement dans les jeunes années du compositeur autrichien, probablement dans les années 1760.

Martin Haselböck, Batori Piroska, Daniel Taylor, Domique Labelle, Ilia Karol, Walter Bachkoenig
Martin Haselböck, Batori Piroska, Daniel Taylor, Domique Labelle, Ilia Karol, Walter Bachkoenig

La grande finale a réuni les musiciens et les chanteurs dans trois airs de Georg Friedrich Haendel, dont deux – Welcome as the dawn of day et Will the sun forget to streak – tirés de Solomon et le dernier, O lovely peace, de Judas Maccabaeus.

Solomon est un de deux oratorios que Haendel composa pour le concert de Carême, en 1749, à Londres. Il est possible que le choix de Haendel de ce sujet était son hommage au roi George II d’Angleterre, un généreux mécène d’artistes et tout particulièrement de musiciens.

Pour ce qui est de l’oratorio Judas Maccabaeus, sa création s’inscrit dans le contexte politique de la rébellion jacobite de 1745. La première représentation eut lieu le 1er avril 1747 au Covent Garden et Judas Macchabée est devenue l’un des oratorios parmi les plus populaires de son auteur, devancé seulement par Le Messie.

Quant aux artistes, Dominique Labelle est une soprano de renommée internationale dont les grandes qualités vocales et la musicalité sont appréciées à Montréal, au Canada, aux États-Unis (New York, Washington, Boston, Californie) mais également en Europe (Espagne, Hongrie, Pays-Bas). Si son répertoire consiste tout particulièrement en la musique de Haendel, Bach et Mozart, la cantatrice est également attirée par la musique contemporaine, par exemple de Chostakovitch, Britten ou Harbison. Depuis le début de cette année, elle enseigne à la Schulich School of Music de l’Université McGill.

Le contre-ténor parmi les plus demandés au monde, Daniel Taylor est directeur artistique de l’International des musiques sacrées de Québec. Il est le fondateur, chef et directeur artistique du Chœur et de l’Orchestre du Theatre of Early Music, qui donne annuellement plus de 30 concerts par année à travers le monde. Il est chef du Département de musique ancienne à la Faculté de musique de l’Université de Toronto et enseigne comme professeur invité à l’Université d’Ottawa.

Ilia Karol, Batori Piroska, Martin Haselböck, Walter Bachkoenig
Ilia Karol, Batori Piroska, Martin Haselböck, Walter Bachkoenig

La Wiener Akademie a été fondée en 1985. C’est le seul orchestre en Autriche qui offre des concerts depuis le baroque jusqu’au début du 20e siècle, en utilisant, pour la musique ancienne, les instruments d’époque. Il est reconnu pour ses interprétations de Bach, Mozart, Haydn, Beethoven, Schumann, Brahms, Liszt et Bruckner. L’ensemble s’est demarqué sur la scène internationale, notamment, pour ses projets scéniques avec John Malkovich, The Infernal Comedy et The Giacomo Variations.

Le public comblé a récompensé les quatre musiciens de Wiener Akademie – Martin Haselböck, chef actuel et organiste, le premier violon Ilia Karol, la violoniste Batori Piroska et le contrebassiste Walter Bachkoenig – ainsi que les solistes Dominique Labelle et Daniel Taylor par des applaudissement longs et soutenus.

Le 18e International des musiques sacrées de Québec se poursuit jusqu’au 14 septembre. La programmation complète et les tarifs peuvent être consulté à la page Internet suivante :

http://www.imsq.ca/fra/programmation-2014/programmation-2014.asp

Liens (en anglais) :

http://www.dominiquelabelle.com/

http://www.theatreofearlymusic.com/dthomefr.html

http://www.wienerakademie.at/jart/prj3/wak/main.jart?rel=en

© Photos Venceslava Jarotkova, courtoisie