Après le projet L’Orphéon, une initiative de Martin Balthazar, éditeur chez VLB qui avait proposé à 5 écrivains de donner vie à des personnages et de créer 5 histoires distinctes se passant dans le même édifice à bureau de cinq étages nommé L’Orphéon, voilà que VLB éditeur récidive avec une nouvelle idée, un aéroport comme lieu commun à leurs histoires Le VOL 459, avec cette fois-ci 4 auteurs qui doivent écrire leurs récits en partant de la prémisse suivante : Le 24 juin, le vol 459 en partance de Paris s’est abîmé en mer.
Contrairement à l’Orphéon, où les auteurs ont intentionnellement fait se croiser et interagir leurs différents personnages dans les divers étages de l’édifice, cette fois-ci, ce sont plutôt les thèmes abordés dans les livres qui sont communs, en plus d’aborder l’événement du Vol 459. Chaque auteur a parlé de paternité, de transmission, de la mort, du deuil. Un beau défi pour ces quatre auteurs qui ont su livrer des romans intrigants et touchants à la fois, tout en créant des personnages et des histoires complètement différentes, avec leurs styles bien à eux et du divertissement garanti pour le lecteur.
Ainsi, Pierre Szalowski a écrit Elle était si jolie
Aline Apostolska a écrit Fleur de cerisier
Martin Michaud a écrit S.A.S.H .A
Claudia Larochelle a écrit Les îles Canaries
Mark Nguyen, ingénieur pour l’armée américaine, ne s’est jamais intéressé à son passé. Mais lorsque sa mère adoptive meurt et que sa femme lui apprend qu’elle est enceinte, il n’a d’autre choix que de faire la lumière sur le mystère de ses origines. De Boston à Ho Chi Minh-Ville, de Los Angeles à Montréal, Mark parcourt à rebours le chemin que la vie, « qui sait ce qu’elle fait », comme l’affirme son père adoptif, a tracé pour lui. Le 24 juin, jour de son trente-huitième anniversaire, à l’aéroport, il a rendez-vous avec le secret de son existence.
Ce récit d’Aline Apostolska en plus d’être instructif, sur la guerre du Vietnam et sur le parcours des immigrants en sol québécois, d’être très touchant et de nous amener à une réflexion sur l’identité et sur les parents biologiques, versus les parents adoptifs, il a aussi la qualité d’être véridique. Cette histoire, c’est en fait l’histoire du propriétaire du dépanneur près de chez Aline.
C’est l’histoire d’un ingénieur en aéronautique immigrant qui a été adopté à la fin de la guerre du Vietnam et dont le père était commandant de la marine vietnamienne.
Pour ceux qui sont férus d’histoire, ce livre relate en partie ce qu’ont vécu ceux qui se sont battus pour l’indépendance du Vietnam et qui ont dû quitter leur patrie vers le Québec entre avril et octobre 1975. Pour ma part, c’est plutôt l’adaptation qu’ont dû faire ces gens, à leur arrivée au Québec. Ils ont dû apprivoiser la neige, apprendre une autre langue, s’adapter aux us et coutumes des Québécois, faire le deuil de leur ancienne vie, prendre des emplois moindres que ce qu’ils avaient avant, vivre avec peu de moyens. Bref, tout un déracinement et une adaptation pas facile à faire.
J’ai également apprécié le ton que l’auteure à pris pour nous décrire tous ces événements, à rebours, retour dans le temps, et surtout avec beaucoup d’émotions. J’aime aussi les réflexions du père et du fils, face aux parents biologiques et adoptifs. Et le dénouement, à la toute fin, lorsqu’on découvre qui est Fleur de Cerisier, nous prend par surprise.
Finalement, ce roman, bien qu’il relate une histoire en partie vraie, il fait bien le pont entre les autres romans de la même collection. C’est celui qui va le plus loin dans la reconnaissance et les liens entre les personnages des autres romans à l’aéroport. Que ce soit le jeune Sasha avec son père Élias, ou encore le serveur qui attend le retour de Louisa l’agente de bord du roman Les îles Canaries.
C’est le premier texte que je lis d’Aline Apostolska et je dois dire que j’ai beaucoup aimé sa prose et la profondeur avec laquelle elle a amené le lecteur à en connaître un peu plus sur la mentalité des gens du Vietnam et leur culture.
Aline Apostolska
Historienne de formation, Aline Apostolska est écrivaine, journaliste, animatrice, productrice de spectacles et conférencière. Depuis 1987, elle a publié une trentaine d’ouvrages, dont plusieurs ont été traduits. Son roman jeunesse Un été d’amour et de cendres (Leméac, 2012) a remporté le prix du Gouverneur général.
Prix 19.95$
Nombre de pages : 163 pages
Collection : VOL459
Édition VLB éditeur
Le magnifique design des couvertures des divers volumes a été conçu par David Drummond
http://daviddrummond.blogspot.ca/
Crédit photo : Mathieu Rivard
