Entrevues avec Anne Dorval, Suzanne Clément et Antoine Olivier Pilon pour le film Mommy

Suzanne Clément, Xavier Dolan, Anne Dorval et Antoine Olivier Pilon sur le tapis rouge du FCVQ
Suzanne Clément, Xavier Dolan, Anne Dorval et Antoine Olivier Pilon sur le tapis rouge du FCVQ

Après avoir remporté le prix du Jury au Festival de Cannes et être le film qui va représenter le Canada dans la course aux Oscars 2015, le cinquième film de Xavier Dolan, Mommy, mettant en vedette Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon et Suzanne Clément a été présenté comme film d’ouverture du Festival du cinéma de la ville de Québec (FCVQ) et il est à l’affiche depuis le 19 septembre, dans les salles de cinéma du Québec.

Synopsis

Une veuve monoparentale (Anne Dorval) hérite de la garde de son fils (Antoine Olivier Pilon), un adolescent explosif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide de l’énigmatique voisine d’en-face, Kyla (Suzanne Clément). Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir. 

J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec les trois acteurs principaux du film, soit Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon et Suzanne Clément. Voici mon entrevue avec eux. 

Et voici le lien pour lire mon entrevue avec Xavier Dolan : https://info-culture.biz/2014/09/20/entrevue-avec-xavier-dolan-pour-son-film-mommy/#.VB9sJ5R5OSo

Antoine Olivier Pilon
Antoine Olivier Pilon

Questions Antoine Olivier Pilon 

Que représente ce film comme défi pour toi?« Je n’ai pas vu ce personnage-là comme un défi, je l’ai plutôt vu comme une libération. J’ai toujours été pris dans des personnages soient intimités, coincés, troublés par la mort d’un proche, et donc, dans ces scènes, je devais contrôler mon hyperactivité et mon énergie à rester calme. Alors, entre les scènes ça explosait et je devais bouger, pour me décharger de toute mon énergie. Un jour, j’ai vu le film twelve monkeys avec Bruce Willis et Brad Pitt et les deux personnages sont fous, impulsifs et j’ai adoré ça et j’ai voulu jouer ce genre de rôle. Donc, avec le personnage de Steve, je peux canaliser l’énergie que j’ai en moi et l’investir dans mon personnage et faire un rôle complètement différent de ce que j’ai fait jusqu’à date. Quand Xavier m’a annoncé qu’il voulait me donner le rôle d’une jeune TDAH opposant, provocant, trouble de l’attachement, j’ai trouvé ça parfait pour moi. Violenter un taxi, me battre dans un bar, wow, c’est super! »

Mais est-ce qu’il y a eu des scènes plus difficiles à préparer ou à jouer, disons? « La scène dans le stationnement, où je me sauve des gardes de l’hôpital, il fallait que je cours 20 mètres et que je crie pour que Anne qui était plus loin, m’entende. J’ai eu un super de gros mal de tête en criant comme ça. Et comme on fait la scène plus d’une fois, il fallait attendre entre les scènes que mon mal de tête diminue.»

Vous y étiez à Cannes pour la projection du film? Comment avez-vous vécu cette expérience? « Quand je suis arrivé là-bas, j’étais un peu perdu. Xavier m’avait que c’était le festival le plus prestigieux, mais je ne savais pas à quoi m’attendre. J’ai vite compris à quel point c’était big. On est arrivé dans les derniers dans le festival et je regardais sur le tapis rouge et tous les flashs de caméras et je n’en revenais pas de penser  que j’allais marcher sur ce tapis-là.  Et j’ai vu des célébrités, dont Paris Hilton descendre deux fois les marches de mon hôtel et là je capotais. Je n’étais pas n’importe où. Et aussi, j’ai eu tellement de plaisir. Les gens t’accueillent comme une célébrité. Ils ont vu le film et ils ne cessent de nous faire des compliments sur notre film et nos rôles. On voulait nous donner plein de choses, nous prêter des bijoux pour le tapis rouge. Wow! Ça fait peur un peu au début, c’est déstabilisant, je n’étais pas habitué à ça ici au Québec. Mais c’est aussi le genre de choses que l’on peut s’habituer pas mal vite. Et si tu vis dans ça trop longtemps, ça va te changer c’est sûr! Il était temps qu’on retourne à la réalité. »

Et tes autres projets en cours? « C’est surtout en télé, je suis dans mémoires vives. Je suis dans le coma dans l’émission. Aussi je joue dans des émissions jeunesse, Les argonautes et subito texto les deux à Télé-Québec, et un long métrage peut-être l’été prochain.»

Anne Dorval
Anne Dorval

Anne Dorval

Parlez-moi de votre personnage?« C’est une femme très intelligente, malgré son manque de verni, d’instruction, de culture. C’est une femme très digne, droite, à la recherche d’un monde meilleur pour elle et son fils. Ce qui me touche le plus chez elle, c’est sa dignité, le fait qu’elle ne s’apitoie jamais, malgré toutes les tuiles que la vie lui envoie. » 

Ce personnage est très différent de vous, elle a un franc-parler assez cru, un langage de charretier. Comment l’avez-vous approché ce personnage, l’avez-vous créé? « Je travaille toujours de la même façon. Je pars du scénario. C’est ma matière première. Je peux le lire 50 fois, 4 fois la même journée, laisser passer 2 semaines, puis y revenir. Et à chaque lecture, je trouve quelque chose de nouveau. Et il y a des choses que je questionne aussi, je l’annote. Ensuite, avec les costumes, la coiffure, cela nous donnent des indices sur le personnage. Et dans le scénario, la manière dont elle parle, je la vois, je l’entends,  je la sens en dedans de moi. Et il y a Xavier aussi qui arrive toujours avec toutes ses impressions, ce qu’il voit pour son film, comment il voit ses personnages. Tout cela nourrit mon personnage.»

Vous avez des scènes difficiles à jouer de rage, de violence, avec le personnage de Steve, est-ce cela votre plus grand défi? « Le plus grand défi c’est de tenir la même ligne tout le long, sans jamais tomber dans la caricature. C’est ça qui est difficile avec les rôles de composition.C’est le fun à jouer, mais c’est facile de tomber dans quelque chose de trop gros. C’est sûr que la façon dont elle s’exprime, c’est très drôle, mais il faut que je demeure vraie tout le temps, sinon, ça ne marche pas. » 

Et comment c’était de jouer avec Antoine? « C’est formidable, car Antoine c’est quelqu’un qui a une grande maturité, pour son âge. Et dès les premières lectures, on ne se connaissait pas et déjà je pensais qu’il serait la révélation du film. Il était déjà très fort dès le début et avec un regard tellement intelligent. Il est un garçon très allumé. »

Suzanne Clément
Suzanne Clément

Suzanne Clément

Parlez-moi de votre personnage?   « Cette femme que j’interprète, c’est un animal blessé, et elle est ailleurs, absente. Elle a vécu un deuil. C’est peu dit dans le film. C’est très vite montré. Il y a juste un signe en fait et si tu le captes tant mieux. Xavier voulait garder cela mystérieux. Et cela la rendait encore plus intéressante, plus mystérieuse. Tandis que les deux autres sont totalement extravertis, qui disent tout et vivent tout. » 

Comment l’avez-vous approché ce personnage, l’avez-vous créée? « C’est tellement construit de façon intelligente par Xavier. C’est tellement intéressant de le voir travailler. Au début il m’a dit : Je ne sais pas quoi faire avec elle. Je veux te l’offrir, mais je veux que tu m’aides à la construire, parce que je sais qu’il manque quelque chose. Alors peu à peu, on l’a construite au fur et à mesure. La première journée de tournage, j’avais peur de faire la première scène, de dire les premiers mots, la première retenue des mots qu’elle ne dit pas, les temps et les silences qu’elle laisse, pendant que les autres patinent. »

Comment s’est fait la chimie entre votre trio (Antoine, Anne et vous)? «Elle s’est faite facilement, rapidement, sans même qu’on y pense. Anne étant une grande complice de Xavier, forcément je l’aime, et en plus c’est une grande actrice. Et Antoine, il est solide. C’était beau de le voir travailler. Xavier a raffiné sa technique pour travailler avec nous. Il est le quatrième personnage. Il joue avec nous. Il nous dit quoi ajouter pendant les scènes. Et il faut être capable de dealer avec et Antoine, avait zéro insécurité face au fait que Xavier le faisait recommencer, changer ceci ou cela. C’est vraiment formidable à cet âge-là de pouvoir mettre son égo de côté.»

Est-ce que le bégaiement était le plus grand défi pour vous dans ce film? « Cela en était un, mais c’était aussi un outil. C’est quelque chose qui est fort, ça décrit ton personnage, ça donne une certaine énergie à ce que tu joues. Mais pour m’aider, je ne répétais pas beaucoup avant. Je voulais plutôt le vivre pour mieux le ressentir. »

Vous avez d’autres films sur lesquels vous allez travailler? « J’ai deux films en France, qui ne sont pas signés, mais on m’a dit que j’ai le rôle, et qu’on répète en octobre et on tourne en novembre. C’est un film qui se passe dans une prison de femme. C’est quelque chose qui me suit on dirait. »

Justement, parlant de rôle dans une prison, je ne peux m’empêcher de revenir sur votre choix de quitter la série Unité 9 et votre rôle marquant de Shandy. Est-ce que ce fut une décision difficile à prendre et êtes-vous en paix avec ce choix? « C’est tellement une belle série Unité 9 et cela a été un choix déchirant à faire, mais je ne le regrette pas. Mais ce que j’ai peut-être trouvé dur, c’est d’avoir déçu et fait de la peine peut-être à Danielle Trottier (l’auteure), et même à Fabienne. Elles ont osé pour cette série-là et c’est remarquable ce qu’elles ont fait.  Mais, mon choix, il fallait que je le fasse. Il fallait que je laisse ça pour pouvoir aller ailleurs. » 

«Donc, c’est quand même drôle que le premier projet qu’on me propose après Laurence Anyways, ce soit ce film que je vais tourner qui se passe dans une prison de femme. J’ai un petit rôle avec une panoplie d’autres femmes.  Tandis que l’autre film que je vais faire en France, cela ira en début janvier 2015 et là, c’est le rôle principal. C’est un couple qui a écrit sur l’ancienne femme du gars (du couple), qui est décédée d’un cancer. Avec elle, il a eu un enfant. Et c’est donc un peu la vision de ce petit garçon, lors de la dernière année de vie de sa mère, alors que son père était déjà en couple avec cette autre femme. Et donc, le personnage de la femme est très flyé. Elle a choisi de vivre pleinement, en buvant, fumant, et trippant de la vie. J’ai bien hâte de jouer rôle, même si c’est un peu épeurant, je trouve ça cool.»

 Pour mon appréciation du film : https://info-culture.biz/2014/09/19/mommy-loeuvre-la-plus-accomplie-de-xavier-dolan-en-ouverture-du-fcvq-et-a-laffiche-partout-au-quebec/#.VB3GEpR5OSo

Pour le tapis rouge lors de la présentation du film en ouverture du Festival de cinéma de la ville de Québec :  https://info-culture.biz/2014/09/19/coup-denvoi-du-festival-de-cinema-de-la-ville-de-quebec-avec-mommy-comme-film-douverture-ca-promet/#.VB3GHJR5OSo

Pour la galerie de photos du tapis rouge : https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157647779279481/#sthash.M17NhPgy.dpuf

Fiche technique :

Diane “Die” Després : Anne Dorval

Kyla :  Suzanne Clément

Steve O’Connor Després :  Antoine Olivier Pilon

Paul     :  Patrick Huard       

Patrick : Alexandre Goyette   

Directrice du centre :   Michèle Lituac      

Marthe :   Viviane Pacal

Natacha :  Nathalie Hamel-Roy

 

Réalisation & scénario : Xavier Dolan

Direction photo : André Turpin        

Musique :  NOIA

Montage : Xavier Dolan

Décors    : Colombe Raby

Costumes : Xavier Dolan et François Barbeau

Conception sonore & mix : Sylvain Brassard

Produit par : Nancy Grant, Xavier Dolan

Durée :  2h14min.

Aspect ratio : 1.25 (5:4)

Format :  Couleur – 35mm/DCP

Pays : Canada    

Dossier de presse : Xavier Dolan

Photographe :  ©SHAYNE LAVERDIÈRE

 

Crédit photos :  Réjeanne Bouchard