Gustavia, le burlesque au féminin

La Ribot
La Ribot

Après une première en 2008 à Montpellier en France, et déjà près de 100 représentations plus tard, Gustavia marque l’ouverture de la saison d’automne à la Salle Multi de Méduse à Québec et ce, pour notre plus grand plaisir. Ce spectacle de danse contemporaine d’influence burlesque met en scène ses propres créatrices et auteures, Mathilde Monnier et La Ribot, deux chorégraphes européennes de talent.

Quand Mathilde Monnier et la Ribot entrent en scène, difficile de les différencier. Sveltes toutes deux, vêtues de noir et les cheveux tirés en arrière, on croirait voir deux sœurs jumelles. Leur mine sérieuse est trompeuse car c’est en pleurnichant ensemble et en crescendo que le public va se laisser aller à ses premiers rires, loin d’être les derniers. Deux vraies clownes se dévoilent peu à peu, jouant à qui fera tomber l’autre du fauteuil et le tout entrecoupé de pleurs, spasmes et de réflexions sur la mort. Suite aux pleurs feints, voilà à présent nos deux partenaires de jeu qui dansent, lancent des cris d’animaux et sautent comme des cabris au son de l’orage. Les jeux de lumière mettent en valeur leurs corps musclés qui exécutent des figures de danse techniques et précises. L’élégance reste de mise derrière ces pitreries et grimaces.

Au fil de la représentation, les farces classiques s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Retour au cirque dans l’arène des clowns quand La Ribot reprend la technique du coup de latte pour assommer sa partenaire, qui ne tombera pas moins d’une vingtaine de fois, heurtée par cette planche de polystyrène. On retiendra aussi sans conteste la danse du genou, danse pendant laquelle Mathilde Monnier et La Ribot, incroyablement sérieuses, se contorsionnent dans tous les sens et utilisent tous les accessoires à leur portée, du tabouret jusqu’à l’entonnoir pour se gratter les rotules. Tout simplement irrésistible !  La représentation touche quasiment à sa fin tandis que, perchées sur un tabouret et à moitié agrippées aux rideaux, elles se lancent dans un dialogue où elles parlent en même temps et commencent leurs phrases par « une femme » avant de compléter par une suite logique ou bien totalement absurde, allant de « une femme a des petits pieds », à « une femme a un ventre qui explose ». Hilare et ravie, la salle se lève pour les applaudir à la dernière réplique, « une femme dans le noir ».

Les danseuses La Ribot et Mathilde Monnier
Les danseuses La Ribot et Mathilde Monnier

Ce face-à-face de femmes, elles l’ont écrit et conçu à deux, autour du thème du clown et du burlesque, en référence au théâtre, au cinéma de Chaplin et de ses farces dont elles reprennent les codes. Ce sont aussi deux femmes sur scène, qui parlent de la femme, de la féminité, mais toujours sur le ton de l’humour, car Gustavia n’a pas pour vocation de se porter en défenseuse du féminisme, « Gustavia est une femme plurielle ».

Sachez que Gustavia est au Québec jusque début novembre pour quelques dates encore, entre les régions de Montréal et de Sherbrooke. Curieux et amateurs de burlesque, précipitez-vous, cette performance ne vous laissera pas indifférents !

Pour succéder à ces deux femmes clownes, la Rotonde a choisi de continuer la saison avec « Danse de garçons », au Théâtre Périscope, qui nous présente sept garçons impulsifs et pleins d’énergie.

Crédits photos : Courtoisie La Rotonde

www.larotonde.qc.ca