Programme doublement jazz avec les quartettes Vincent Gagnon et Ariel Pocock

Vincent Gagnon
Vincent Gagnon

La salle de promotion du Petit séminaire de Québec a été un lieu de rencontres formidables samedi dernier, avec les prestations des quartettes de Vincent Gagnon et d’Ariel Pocock. Les organisateurs avaient promis une soirée découverte avec Ariel, et les spectateurs ont été conquis!

La soirée a débuté avec le pianiste Vincent Gagnon, pour le premier des quatre spectacles où il montera sur scène durant le Festival international de jazz de Québec. Cette première présence avec son quartette était attendue, et l’ambiance de la salle a démontré que son talent était grandement apprécié, tant dans son interprétation que dans ses compositions. Gagnon nous proposait un voyage introspectif dans un ailleurs musical varié où les mélodies romantiques se mêlaient parfois à des rythmes plus intenses et saccadés. Il a d’ailleurs repris intégralement son dernier album, Tome III – Errances, paru dans la dernière année, tout en laissant voguer chaque pièce au gré de l’improvisation. Laissant une large place à ses acolytes – Alain Boies au saxophone, Guillaume Bouchard à la contrebasse et Michel Lambert à la batterie – les mêmes qui l’ont accompagné pour l’enregistrement de son album, le quartette a démontré une maîtrise exemplaire de complémentarité dans des solos bien dosés. Le jeu de Gagnon dénote une variété de styles dans ses compositions, et nous sommes en mesure d’apprécier cette originalité sonore d’une pièce à l’autre.

Vincent Gagnon et Alain Boies
Vincent Gagnon et Alain Boies

La sonorité de la salle se prêtait bien aussi au jeu du jazz, et le dosage des instruments était parfait. Chacun avait sa place, et on pouvait percevoir l’apport de chaque musicien dans l’orchestration et le « passage de main » de l’un à l’autre.

Je dois parler de la Salle des promotions du Petit Séminaire de Québec, qui renaît de ses cendres en quelque sorte, puisqu’elle avait été pratiquement abandonnée pendant plusieurs années. Elle a été rénovée récemment et le résultat est plus qu’intéressant : on retrouve une belle salle de spectacle de dimensions respectables qui préserve une certaine proximité avec les artistes.

Cette proximité a aussi été très appréciée lorsque le quartette d’Ariel Pocock est monté sur scène.  Cette jeune chanteuse et pianiste de 22 ans et son band ont rapidement pris le contrôle de la salle dans un parcours différent que celui proposé par Gagnon en première partie de spectacle.

Ariel Pocock Quartet
Ariel Pocock Quartet

Malgré son jeune âge, la pianiste a su nous tenir en haleine avec sa grande vitesse de doigté au clavier, interprétant des standards ainsi que quelques compositions de son cru. Cette fois-ci, la guitare électrique remplaçait le saxophone au sein du quartette, et amenait une dimension toute autre à la prestation. Cet arrangement rappelait parfois Pat Metheny Group. Après nous avoir séduits par son jeu complètement endiablé au piano, elle nous a servi un jazz chanté tout à fait remarquable. Sa voix limpide et précise, presque précieuse, se démarque des voix chaudes et sensuelles des chanteuses jazz auxquelles nous sommes habitués, et cette originalité en fait une interprète à surveiller. Nous avons aussi pu l’entendre dans un registre plus introspectif, mais c’est son dynamisme qui a su soulever la foule. Son quartette la suivait bien dans ses improvisations et chaque musicien y ajoutait sa note personnelle, toute aussi dynamique.

Ce programme double aura su combler les attentes des spectateurs, à des niveaux différents : le dosage parfait du quartette Vincent Gagnon, et la fougue de jeunesse du quartette d’Ariel Pocock. De part et d’autre, ces artistes démontrent toute la richesse du jazz dans l’interprétation et l’improvisation. Merci aux organisateurs du Festival de nous permettre d’explorer dans ce vaste monde et de proposer de si jolies découvertes!

Festival international de jazz de Québec

Vincent Gagnon

Ariel Pocock

Crédit photos: Yannick Lepage