MoonFace : un pianiste nomade aux notes poignantes

MoonFace
MoonFace (Spencer Krug)

MoonFace, alias Spencer Krug, nous a offert une prestation très intime mardi soir dernier au Palais Montcalm. C’est la première fois qu’il mettait les pieds dans la ville de Québec. Il faisait partie auparavant des excellentes formations montréalaises indie rock Wolf Parade et Sunset Rubdown qui sont sous le label Jagjaguwar (Bon Iver, The Besnard Lakes et Ligthning Dust) avec qui il poursuit sa collaboration. Il a débuté en 2010, une carrière solo.

Accompagné sur scène seulement de son piano, il a produit les chansons de son dernier album, City Wrecker, un EP de 5 compositions (d’une durée totale d’une heure trente). Il s’agit d’un album au style expérimental surtout très sombre. À travers ses mélodies, Spencer nous raconte des histoires bouleversantes où il dévoile les constats qu’il a fait de sa vie en général et de ses relations. Sous l’emprise d’émotions intenses, nous avons vu le piano vibrer à plusieurs reprises durant le spectacle. Ses émotions sont également très présentes dans sa gestuelle. Une certaine vulnérabilité sur scène était palpable, peut-être est-ce en raison que je le percevais plutôt comme un narrateur qu’un chanteur, lorsque qu’il interprétait ses pièces… Le style de MoonFace est donc très différent de celui de Wolf Parade, groupe que l’on a souvent comparé à Arcade Fire. Les pièces marquantes de la soirée ont été sans aucun doute City Wrecker, Fast Peter et Home qui ont été vigoureusement applaudies.

Sur son site Internet, il est indiqué, à la blague, qu’il avait écrit son titre d’album, City Wrecker avant la sortie de Wrecking Ball de Miley Cyrus. Il a bien pris soin de préciser que son album est à l’opposé de ce qu’elle fait! City Wrecker fait plutôt référence à son retour en sol canadien, dans un petit village sur l’île de Vancouver en Colombie-Britannique, province d’où il est originaire. Auparavant, il a voyagé plusieurs années en Finlande. Il indique sur son site « I have a tendency to wreck the places I live » (qu’il a tendance à détruire tous les lieux où il vit) et « I am a city wrecker not just for myself, but for those close to me as well » où il dévoile qu’il lui est difficile pour les gens de le voir venir à travers ses humeurs. Il sait que son comportement affecte ses proches qui se sentent tristes et impuissants, en colère et confus, et peut-être plus…. Il suppose que c’est la raison pour laquelle il a déménagé si souvent sans sa vie.

Spencer s’exprimait uniquement en anglais durant la soirée et sa charmante timidité ne l’empêchait pas de nous faire plusieurs blagues qui ont été très bien reçues par le public! Les spectateurs, peu nombreux dans la salle, osaient même s’adresser directement à Spencer pendant qu’il était en train de raconter ses anecdotes sur scène. D’ailleurs, il a confirmé vouloir revenir pour d’autres spectacles puisqu’il a aimé la ville. À la suite de cette confidence, un des spectateurs a eu l’audace de lui offrir une chambre dans le sous-sol de sa maison pour l’accueillir. Nous avons alors vu le visage de Spencer afficher un large sourire. Il n’a pas hésité à lui répliquer qu’il était flatté par son offre, mais que ce n’était pas le genre de vie qu’il souhaitait mener!

La Nature
La Nature

Le groupe québécois La Nature assurait la première partie. Mélangeant le indie folk, l’art expérimental et le New Age, les membres du groupe ont réussi à créer pour la majorité de leurs pièces des arrangements musicaux harmonieux, mais qui manquent cependant de vivacité. Avec la présence du clavier, du Pad Drum et du Bass In, on pouvait voir que les musiciens ont été grandement inspirés par Arcade Fire. Par contre, le groupe est très loin d’avoir atteint sa maturité musicale. La voix du chanteur ne concordait pas du tout avec le style, mais heureusement qu’il faisait de très bonnes blagues pour détendre l’atmosphère!

 

Site Web de MoonFace

Crédit photos : Caroline Demers