Vania

«Soyez libre au moins une fois dans votre vie.» C’est la légende qui apparaît sous le titre de la pièce Vania, présentée en première hier soir au Théâtre du Trident. Écrite d’après Oncle Vania d’Anton Tchekov, la pièce nous plonge dans la campagne russe, au milieu d’une famille dont les rapports conflictuels soulèvent les passions. 

La mise en scène de Marie Gignac offre un nouveau regard sur l’œuvre. En effet, là où l’on s’attend à voir la campagne russe du XIXe siècle battue par la neige, on trouve une forêt accueillante et un chalet en bois habité par une famille sans costume d’époque.

Par ailleurs, l’utilisation de l’espace scénique est remarquable, tout se passe dehors, nul changement de décor et peu de changement de costumes. Cela donne à la pièce une bouffée d’air frais quasiment littéral. Ce n’est en effet pas facile de parler de dépression, d’ennui, de sens de la vie en étant dynamique et drôle, en utilisant même de la musique, à la manière des comédies musicales (Jacques Brel et Daniel Bélanger sont de la partie). Et pourtant, ce tour de force a été réussi avec brio. Tour de force somme toute déstabilisant et absorbant, car le public ne sait s’il doit rire ou pleurer lorsque Vania, interprété par un Hugues Frenette épatant, se demande si réussir sa vie est possible. 

La surprise fut plutôt du côté des personnages. Là encore, on est surpris: la pièce intitulée Vania devrait être avant tout centrée autour de l’oncle éponyme, et pourtant on a eu l’impression que c’était le personnage du docteur, joué par Jean-Sébastien Ouellette, qui était à l’avant-plan et volait la vedette. Peut-être est-ce de par sa qualité de personnage tampon, plus tempéré que les autres. Toutefois, Vania garde l’honneur d’avoir les réflexions les plus profondes et la remarquable scène de dispute avec le professeur (Jacques Leblanc) nous rappelle qu’il ne faut pas oublier Vania si facilement! 

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