Deux mondes, une réalité, pour dénoncer la cybercriminalité et faire connaitre la dysphasie!

Deux mondes, une réalité
Deux mondes, une réalité

Claire Royer et son fils, Michaël Houle ont publié le livre «Deux mondes, une réalité» pour dénoncer la cybercriminalité et mettre en garde les gens contre ce genre d’activités. De plus, ce livre permet d’en connaitre un peu plus sur les gens dysphasiques et leur quotidien. Le livre raconte à la fois l’histoire du jeune homme dysphasique et l’arnaque dont il a été victime sur le Net en 2010.

Résumé

Aujourd’hui, quelques années plus tard, la roue de la vie continue de tourner pour Michaël, jeune adulte dysphasique et victime d’une arnaque sur le Net. Cette histoire est l’élément déclencheur qui l’a sorti de son monde imaginaire en le forçant à intégrer le monde réel, la vraie vie!
En effet, cette expérience douloureuse l’appelle au combat : il veut obtenir justice. Déterminé à dénoncer le crime qu’il a subi afin d’atteindre et de préserver d’autres proies potentielles, il fait une alliance avec sa mère. C’est elle, cette compagne indispensable, qui l’aide dans son projet d’écriture, le menant vers un public où il se raconte et défend la cause de toutes les personnes différentes, en particulier les dysphasiques.

Stratégie des cybercriminels

Ce livre est très bien fait. Il est présenté sous forme de dialogue entre Michaël et sa mère Claire, alors qu’ils décortiquent ensemble ce qui s’est passé en 2010, alors que la vie de Michaël a basculé lors de son arnaque sur le Net. Ils ont reproduit les échanges sur internet, que Michaël a entretenus avec Rosie, une arnaqueuse dont il était amoureux et qui lui a soutiré près de 8 000 $ de ses économies durement gagnées. Ensuite, ils ont fait ressortir les stratégies utilisées par ces cybercriminels :

  • Ces gens vont cibler des personnes en difficultés, des gens vulnérables, donc des gens ayant des troubles comme la dysphasie, la dyspraxie, l’autisme, la déficience, ou même des personnes âgées ou seules.
  • Ils posent beaucoup de questions pour trouver les points faibles de leurs victimes, mais répondent peu aux questions posées. Ils sont bons pour éviter de répondre aux questions et de faire dévier les conversations. Si on porte attention, il y a souvent des incohérences dans leur discours et même dans leur style d’écriture comme si ce n’était pas toujours la même personne qui était branchée. Ils fonctionnent en réseau.
  • Ils font miroiter une vie magnifique à deux, avec de belles phrases (souvent copiés de poèmes connus, ou qu’on peut retrouver facilement un peu partout sur le NET). Ils proviennent souvent de la Côte d’Ivoire et vont insister pour avoir de l’argent pour toutes sortes de raisons (billets d’avion pour se rencontrer, assurance, tante malade, décès d’un proche pour funérailles, etc..)
  • Ils vont insister pour que leur victime cache leur relation et qu’ils délaissent leurs familles et amis. Ils réussissent ainsi à laver leur cerveau et leur faire perdre tous leurs repères.
  • Rapidement, ils transfèrent l’entière responsabilité de leurs problèmes sur les épaules de la victime pour leur créer un malaise. Il est plus facile de manipuler leurs proies, qui se sentent redevables. « Ils mettent de la pression sur leurs victimes, afin de créer des difficultés d’attention et de concentration. Ainsi, leurs proies sont déstabilisées émotionnellement et deviennent facilement manipulables en oubliant l’essentiel : La prudence.»

Faire connaitre la réalité des gens dysphasiques

Ce que je retiens également de ce livre et qui m’a le plus touché, c’est la manière dont Michaël et Claire ont pu aisément et clairement expliquer aux gens ce qu’est la réalité d’une personne dysphasique. J’ai moi-même un enfant dysphasique de 20 ans et nous avons lu le livre ensemble et cela nous a rappelé des souvenirs à tous les deux de ce qu’a été l’enfance d’un jeune dysphasique et on comprend maintenant un peu plus les embuches que peuvent vivre ces enfants devenus adultes.  Cela nous a amenés à en discuter ensemble.

Au fil des pages, le lecteur se promène du présent au passé de Michaël, avec sa perception du monde tel qu’il l’imagine, versus la réalité telle qu’elle est.  Et on apprend à comprendre comment il pense et à cerner la logique ses agissements.

On y raconte :

  • L’entrée en maternelle, «J’étais incapable de saisir leur façon de s’exprimer et eux ne comprenaient pas mon jargon… Le moyen d’évacuer mon trop-plein était de bouger, de courir, de rire, de me rouler par terre et de parler fort
  • La force des dysphasiques, soit la persévérance et détermination. Leur objectif : comprendre et utiliser la communication verbale et écrite de façon adéquate. «En dehors de mon horaire scolaire, je rencontrais régulièrement une orthophoniste pour pallier mon retard de langage et d’apprentissage. Ma mère poursuivait les exercices d’orthophonie à la maison. Elle inventait des jeux pour faciliter mon apprentissage verbal du langage (sons, syllabes, mots et phrases). Pour m’aider à comprendre les concepts abstraits (dessus, dessous, dedans….) Je ne comprenais pas et je ne différenciais pas les notions spatiales, temporelles et abstraites… Je pouvais passer pour une personne stupide, alors qu’en réalité je n’arrivais pas à organiser mon message… Je n’arrivais pas à saisir une consigne simple… Ma désorganisation séquentielle des sons dans une phrase nuisait à ma relation avec les autres. » 
  • Les ressources d’aide pour les jeunes dysphasiques, de moins de 21 ans. «Association québécoise des dysphasiques… ainsi que les classes de langage, soit une classe spécialisée pour les enfants dysphasiques et un programme d’apprentissage adapté à mes difficultés langagières et d’adaptation sociale». 
  • La vulnérabilité des gens dysphasiques : Ne pas poser assez de questions. Ne pas avoir conscience du danger, «Il me faudra accepter et comprendre ma différence pour mieux la gérer au quotidien». 
  • Les gens dysphasiques sont souvent des personnes serviables qui veulent aider leur prochain. Et ils croient que tout le monde est honnête et gentil. Et ils risquent parfois de donner des informations confidentiellement à une personne étrangère, sans penser que l’autre personne peut s’en servir pour mal faire. 

Ce jeune homme m’a énormément touché et sa mère m’a extrêmement impressionné par ses démarches pour aider son fils, tout en lui laissant son autonomie, ainsi que son imagination pour arriver à ses fins. De savoir que Michaël va mieux maintenant et qu’il a canalisé sa colère et sa vengeance en actions positives me fascine.

Claire Royer et son fils, Michaël Houle
Claire Royer et son fils, Michaël Houle

Michaël donne maintenant des conférences pour dénoncer le manque de services pour les gens atteints de dysphasie, surtout lorsqu’ils deviennent adultes. Également il souhaite dénoncer la cybercriminalité pour faire diminuer le nombre de victimes, tout en faisant connaitre la dysphasie et faire comprendre au lecteur la réalité d’une personne atteinte d’un tel trouble neurologique et de ses conséquences dans ses relations sociales.

L’auteure Micheline Duff signe la préface du livre.  Micheline Duff  s’était aussi attardée à la dysphasie dans son livre «Paysages éclatés», un des trois tomes de sa trilogie «Pour les sans-voix».  

Claire Royer est une mère de famille dont le fils a vécu une arnaque sur le Web. Elle vit à Victoriaville.

34,95 $   Format Papier

Nombre de pages :

288 pages

 

Éditions Québec-Livres

http://www.quebec-livres.com/