La comédie musicale Forever Plaid: un pur divertissement multiplié par quatre

Forever Plaid

L’histoire de la comédie musicale Forever Plaid tient en quelques lignes mais ce sont les arrangements vocaux qui font de ce spectacle un pur délice. Après avoir été un succès Off-Broadway en 1990 et présenté à Montréal 5 ans plus tard, c’est dans le cadre du Festival Montréal en Lumière que nous revient cette comédie musicale. Composé (livret, mise en scène et chorégraphie originales) par le canadien Stuart Ross avec des succès des années 50 et 60, toutes les chansons ont été arrangées par James Raitt pour quatuor vocal. Même s’ils ne sont que quatre chanteurs accompagnés par trois musiciens, on ne s’ennuie pas une seule seconde.

La trame de fond n’est qu’un prétexte pour présenter une revue musicale d’un quatuor vocal, les «Plaid». Le prologue est raconté sur écran géant comme les anciens dessins animés de cette période. Le quatuor est tué lors de la collision avec un autobus d’étudiantes catholiques qui allaient voir les Beatles au Ed Sullivan Show. Le quatuor vocal se retrouve pris entre deux mondes et décide de présenter leur dernier spectacle. On apprend à connaître chaque personnage et la complicité qui unit le groupe au travers chacune des chansons. Le tout se termine par une finale touchante mais pas triste.

Gab Desmond, Michael Daniel Murphy, Chris Barillaro et Jonathan Patterson
Gab Desmond, Michael Daniel Murphy, Chris Barillaro et Jonathan Patterson

Les quatre interprètes ont su développer des personnages attachants. Frankie (Gab Desmond) joue le leader du groupe. Son jeu naturel et sa belle voix chaude de crooner dans tous les registres avec de beaux graves et une puissance quand il monte font de lui le centre de ce quatuor. Jinx (Chris Barillaro) réussit à montrer son côté innocent et timide tout en sensibilité. Il peut chanter de belles ballades en douceur comme «Moments to Remember» en jouant avec les nuances, mais il nous réserve des surprises dans «Cry» avec une voix puissante et un vibrato naturel, tout en utilisant un falsetto très juste. Smudge (Jonathan Patterson) est celui qui semble isolé dans ses pensées, ce qui lui va bien puisque c’est lui qui s’occupe des notes basses du quatuor. Il a une belle texture dans les basses mais sait aussi monter quand vient le temps de chanter solo. On apprécie ses basses dans «Sixteen Tons». Sparky (Michael Daniel Murphy) joue le jeune retiré et sensible mais qui gagne à être connu. Il chante d’une voix de crooner de style latino qui se mélange bien aux autres.

Jonathan Patterson, Gab Desmond, Chris Barillaro et Michael Daniel Murphy
Jonathan Patterson, Gab Desmond, Chris Barillaro et Michael Daniel Murphy

Cette production charme par la complicité entre les interprètes et le spectateur en ouvrant le quatrième mur tout au long de l’histoire. La narration et les animations sur grand écran rappellent les films des années 60 et parvient à nous mettre dans l’ambiance. Mais le plus grande réussite c’est l’accord parfait entre chacun des chanteurs comme s’ils n’étaient qu’une seule voix. Sans compter le trio (piano, contrebasse et batterie) qui les accompagne tout au long et devient la fondation de chaque chanson.

La mise en scène est rythmée et va de surprise en surprise. Chaque numéro a son procédé original ou sa chorégraphie spéficique. Plusieurs sont particulièrement réussis comme «Crazy ‘Bout Ya Baby» chanté avec des pieds de micro munis d’une ventouse. Dans «Caribbean Plaid» même l’orchestre y participe en jouant son rôle et une participation spéciale du public. Lorsque le pianiste quitte pour sa pause syndicale dans «Intermission» un spectateur est invité au piano. Le numéro «Mercury / Lady of Spain» pour illustrer le «Ed Sullivan Show» est sûrement celui qui amuse le plus avec toutes ses acrobaties. Mais c’est dans «Perfidia» et surtout la finale «Love is Many Splendored Thing» qu’ils vont toucher les cordes sensibles avec une interprétation touchante et attendrissante.

Chris Barillaro, Gab Desmond, Michael Daniel Murphy et Jonathan Patterson
Chris Barillaro, Gab Desmond, Michael Daniel Murphy et Jonathan Patterson

Je recommande ce spectacle à tous les amateurs de bonnes voix chantées en harmonie. On apprécie que le quatuor ait aussi développé quatre personnages bien distincts et attachants qu’on apprend à connaître et apprécier. Dans un théâtre plutôt intimiste et supporté par un excellent orchestre, vous aurez l’impression d’une soirée entre amis qui passe beaucoup trop vite. J’aurais bien pris encore quelques chansons!

Les bons coups: quatre belles voix en parfaite harmonie, orchestre, mise en scène, intimité avec les spectateurs

Les moins bons coups: trop court, on veut 15 minutes de plus!

 

Chris Barillaro, Michael Daniel Murphy,  Gab Desmond et Jonathan Patterson
Chris Barillaro, Michael Daniel Murphy, Gab Desmond et Jonathan Patterson

Équipe de création
Mise en scène: Roger Peace
Production: Copa de Oro et Centre Segal
Direction musicale: Chris Barillaro et David Terriault
Conception vidéo: George Allister
Animations: Eva Cvijanovic
Éclairages: Spike Lyne
Costumes: Karen Pearce

Distribution: Chris Barillaro, Gab Desmond, Michael Daniel Murphy, Jonathan Patterson

Orchestre: David Terriault (piano), Mike De Masi (contrebasse), Parker Bert (batterie)

 

Présenté en anglais du 1 au 22 février 2015 au Centre Segal des Arts de la Scène (5170 Côte-Ste-Catherine, Montréal).
Durée de 1h30 sans entracte.
Billets (50$-64$) sur http://www.segalcentre.org/ ou au 514-739-7944

Photos: Andrée Lanthier et Antoine Saito