Le Théâtre de l’imagerie présente Les cinq lettres de papa, le 21 mars 2015 : entrevue avec Daniel Guertin

Théâtre de l'imagerie
Théâtre de l’imagerie

Le Théâtre de l’imagerie est né il y a trois ans. Prolifique, il compte déjà trois productions originales dans ses cartons.

J’ai rencontré l’âme de cette jeune troupe amateure, son fondateur et directeur général, Daniel Guertin. Il m’a parlé avec générosité et enthousiasme de ce qu’il appelle affectueusement son premier métier. Il m’a aussi parlé de sa troupe, de ses projets et de ses ambitions, je vous le présente avec plaisir.

Vous êtes un passionné de théâtre depuis trois décennies. En 1982, vous avez fondé le Studio-Théâtre La première fois et entrepris une carrière d’auteur, de comédien, de metteur en scène et de formateur, une aventure qui a duré six ans. Comment réussissez-vous à garder la flamme ?

Mario Paradis et Daniel Guertin_en répétition
Mario Paradis et Daniel Guertin_en répétition

Daniel Guertin : « Oh la flamme s’est éteinte un peu pendant au moins quinze ans ! Après la fermeture de mon école de théâtre, j’ai dû trouver un emploi « sérieux » pour subvenir adéquatement aux besoins de la petite famille que je fondais. J’ai entrepris une seconde carrière en communication et en gestion. Cependant, je n’ai jamais arrêté de donner des formations, d’avoir des idées de théâtre et d’écrire ou de penser à des textes, des scénarios… j’en ai plein mes tiroirs d’ailleurs ».

« Donc, même si j’étais occupé à faire plein de choses j’ai toujours continué d’être en représentation, la formation et la communication, ce sont des spectacles solos ! Ça me faisait du bien, parce qu’en bout de ligne, ce que je veux faire, c’est jouer, c’est ma première passion, avant même d’écrire ou de faire de la mise en scène. C’est ça qui me fait garder la flamme ! ».

Votre passion vous a aussi amené à fonder le Théâtre de l’imagerie en 2011, dont la mission est de permettre à des comédiens amateurs de présenter des spectacles de qualité professionnelle et des créations théâtrales originales. D’abord, d’où vient le nom de votre théâtre et en quoi cette troupe est-elle différente ou spéciale à vos yeux ?

Daniel Guertin : « En fait, la définition même du mot imagerie représente bien ce que l’on fait. Une imagerie sert à créer des images dans l’esprit des gens pour illustrer des sentiments, illustrer des émotions, donc, pour moi ça renvoyait exactement ce que je voulais faire sur scène c’est-à-dire d’être une espèce d’imagerie pour le public. Je ne cherche pas nécessairement à ce que mes pièces soient suivies ou écoutées pour les textes, par contre si elles rappellent des choses aux gens, si elles réussissent à connecter le public à leurs sentiments, c’est mission accomplie ».

Comédiens de la troupe_en répétition
Comédiens de la troupe_en répétition

« Par ailleurs, cette troupe est différente à mes yeux parce que c’est la mienne et que je me suis fait la promesse de la faire grandir et s’épanouir ! J’en suis le président et directeur général, mais je suis aussi un comédien de la troupe, quelqu’un de la gang et je partage ce beau et grand projet avec chaque membre. C’est l’esprit que je veux garder. Chaque personne membre de la troupe est importante et respectée pour tout ce qu’elle peut nous apporter ! ».

« Cette année, il y a des jeunes dans la troupe et j’en suis très heureux, ça amène un défi stimulant à un metteur en scène de diriger différentes générations. Mais la majorité des comédiens et membres sont dans la quarante-cinquantaine. En partageant un rêve commun et en déployant autant d’efforts, nous sommes devenus des amis, des proches, ça aussi c’est particulier et précieux. Bref, notre troupe est peut-être différente par son humanité, elle est inclusive, chaleureuse et ouverte à tous ».

Les Julie et les Chloé des cinq lettres de papa_en répétition
Les Julie et les Chloé des cinq lettres de papa_en répétition

Le 21 mars prochain à 20 h, vous présenterez Les cinq lettres de papa au Théâtre Petit-Champlain, à Québec. Que raconte cette pièce ? Quelle a été votre source d’inspiration ?

Daniel Guertin : « Les cinq lettres de papa est un suspense dramatique sur la force des sentiments au-delà de la mort. Sept comédiennes y jouent huit rôles de femmes couvrant une période de quinze ans. Quatre Julie et quatre Chloé, différentes au fil du temps. Elles sont appuyées par trois comédiens qui, ensemble, font ressortir la fibre émotive de l’amour, de l’amitié et des liens familiaux ».

« J’ai d’abord eu le flash du titre, Les cinq lettres de papa. J’ai pensé que le jeu de mots pourrait intriguer (puisque dans papa il n’y a que quatre lettres, pas cinq !). Pour le thème, ça été une évidence. J’ai deux filles dans la vingtaine avec qui j’ai développé des relations de complicité et de confidence depuis leur très jeune âge. Dans le tumulte de la vie, j’étais impressionné de voir comment nos relations avaient évolué avec le temps et de constater à quel point ce n’est pas les mêmes personnes à qui je parle aujourd’hui. J’étais ému aussi de remarquer que, malgré tout, j’arrive encore à avoir une certaine écoute de leur part et à me sentir utile comme père. Quand j’ai écrit les lettres de François à sa fille dans la pièce, j’écrivais des lettres à mes propres filles, je leur écrivais des conseils que j’aurais voulu leur donner ».

« J’avais aussi un objectif sous-jacent, celui de sortir de la comédie. Les comédiens amateurs, ou artisans comme j’aime dire, sont trop souvent cantonnés dans ce type de pièce et je considère cela comme un obstacle à leur développement. La dramatique est un défi de taille parce que, contrairement à la comédie, l’on ne saura qu‘à la toute fin, aux applaudissements si le tout a marché et si le public a été touché ».

Parlant d’obstacles, les temps sont durs pour le domaine des arts de la scène au Québec, le théâtre n’y échappe pas. Vous avez relevé des défis cette saison, voulez-vous nous en parler ?

Daniel Guertin : « Oui et ça ne me gêne pas. La production 2015 du Théâtre de l’imagerie a bien failli être annulée, comme l’a été celle de l’année 2014. Mais nous sommes encore là, forts et très fiers ! ».

« On a connu tous les problèmes possibles et imaginables : on a perdu notre financement et il a fallu en trouver un autre ; on a perdu un comédien et réussi à le remplacer que très tard ; on a changé de salle trois fois ; on a dû refaire complètement la mise en scène ; réduire considérablement les décors ; ajuster tous les déplacements ; rectifier toute la promotion ; et surmonter une certaine démotivation il faut le dire… ».

« Nous avons travaillé dur et nous avons mis tellement de volonté à passer à travers cette année difficile que je suis persuadé que c’est cette intensité-là que le public ressentira le 21 mars prochain ».

« Réussir, malgré tout, à jouer dans un théâtre professionnel, un soir seulement, prouve que le Théâtre de l’imagerie déborde de persévérance et de résilience. Notre état d’âme devrait aussi rassurer les commanditaires qui savent désormais que nous ne lâcherons jamais et que leur appui en vaut la peine ».

Daniel Guertin et Myriam Bressani_en répétition
Daniel Guertin et Myriam Bressani_en répétition

Vous ne semblez pas du genre à vous assoir sur vos lauriers. Quels sont vos projets pour la saison 2015-2016 ?

Daniel Guertin : « Consolider l’équipe ! J’avoue que ce n’est pas très flamboyant mais c’est essentiel. Cette saison et la saison passée m’ont appris que ce qui est important, avant toute chose, ce n’est pas tant d’avoir un grand nombre de comédiens dans la troupe, ni d’avoir une salle, ni même une idée de pièce, mais c’est d’avoir une équipe technique et une équipe de promotion solides, c’est ça qui, en bout de ligne, fait la différence, ça et la présence du public ».

« Actuellement, nous sommes trop peu à travailler bénévolement à l’ensemble des opérations et certaines personnes doivent cumuler plusieurs rôles et activités à la fois. C’est épuisant. Nous voulons y remédier, solidifier nos assises et assurer la pérennité de la troupe ».

« Former une équipe de production et une équipe de promotion, avec des personnes passionnées qui consacreront spécifiquement leur temps à cela, est tellement notre priorité pour la saison qui vient que nous ne fixerons pas de dates de représentations avant d’avoir constitué ces deux équipes ! Il y a des intéressés ?  ».

« À part cela, j’ai trois spectacles en tête en ce moment. Une pièce, Six hommes si femme, que je finalise actuellement, une comédie musicale et un spectacle solo. C’est une course à trois et je ne sais pas encore lequel va franchir à la ligne d’arrivée en premier. L’idéal serait que je puisse réaliser mon spectacle solo en décembre 2015 et monter Six hommes si femme en mars ou avril 2016. Cela nous permettrait de renflouer nos coffres et de produire la comédie musicale en 2017. …Bon, je sais, je suis optimiste, mais ça me réussit tellement bien ».

Avec un mentor tel que Daniel Guertin, force est de constater que les comédiens et comédiennes du Théâtre de l’imagerie sont fin prêts à brûler les planches du Théâtre Petit-Champlain à Québec, le samedi 21 mars prochain à 20 h, avec tout leur cœur et toute leur énergie.

C’est donc une invitation à me pas manquer.

Les cinq lettres de papa, créé et mis en scène de Daniel Guertin, musique originale de Mario Paradis. Avec Myriam Bressani, Laetitia De Carufel, Sylvie Dion, Élodie Lescure, Sylvie Montreuil, Mélanie Paré, Antoine Greco, Wilner Laforest, Vanthana Lescure et Daniel Guertin.

Billets en vente au : www.theatreimagerie.com ou au www.theatrepetitchamplain.com – Aucun billet disponible à l’entrée.

info@theatreimagerie.com

Crédit photos : Courtoisie