Le Barbier de Séville au théâtre Denise-Pelletier, un régal d’humour et d’intelligence

Madeleine Péloquin, Carl Poliquin, Kevin Houle, Roger Léger, Daniel Desparois, Luc Boucher © Frédérique Ménard-Aubin
Madeleine Péloquin, Carl Poliquin, Kevin Houle, Roger Léger, Daniel Desparois, Luc Boucher
© Frédérique Ménard-Aubin

Que les amateurs de théâtre de Montréal ne s’y trompent pas : le Barbier de Séville de Beaumarchais mis en scène par Daniel Paquette n’a rien d’une pièce désuète du XVIIIe siècle. Et les six brillants acteurs de cette superbe représentation ont dû bien s’amuser en la préparant. Cela se sent et c’est extrêmement agréable. Le résultat est un spectacle délicieux, où la musique et les chansons s’intercalent entre les situations jouées, et qu’on regrette seulement de ne pas voir se prolonger davantage, au-delà des quelque deux heures de spectacle. Dans des décors simples mais astucieux et très réussis, de beaux costumes d’un dix-neuvième siècle indéterminé, la pièce semble avoir été écrite par un contemporain et c’est à l’interprétation et à la mise en scène qu’on le doit. Le spectateur est amené à rire, à sourire, à réfléchir, et tout le public du théâtre – y compris les très jeunes spectateurs présents – m’a semblé comme moi entièrement conquis hier soir.

Figaro, le personnage créé par Beaumarchais sans doute à partir d’une tradition carnavalesque qui se poursuit jusqu’à nos jours, a inspiré ensuite de nombreux autres auteurs et compositeurs d’opéra parmi lesquels Rossini ou Mozart. C’est dire qu’il est un héros populaire et l’adaptation proposée au Théâtre Denise-Pelletier s’inscrit parfaitement dans cette tradition.

Dans le Barbier de Séville, premier temps d’une trilogie de Beaumarchais, Figaro (Carl Poliquin), le coiffeur, barbier, médecin, apothicaire et malchanceux ancien serviteur du riche comte Almaviva (Kevin Houle), va aider ce dernier à conquérir la belle Rosine (Madeleine Péloquin) destinée à épouser son vieux tuteur qui l’enferme dans une boîte…, le docteur Bartholo (Roger Léger). Le comte Almaviva ne veut pas être aimé pour son rang. Il se dissimule sous l’identité d’un simple roturier prénommé Lindor et doit non seulement faire la conquête de sa belle mais arracher celle-ci aux griffes de son geôlier, le vieux Bartholo.

Madeleine Péloquin (Rosine), Roger Léger (Bartholo) © Frédérique Ménard-Aubin
Madeleine Péloquin (Rosine), Roger Léger (Bartholo)
© Frédérique Ménard-Aubin

Ce sont trois personnages principaux parfaitement interprétés pour cette comédie légère et chantée, à laquelle s’ajoutent quelques seconds rôles tout à fait essentiels, dont le désopilant Don Bazile (Daniel Desparois) et l’incroyable serviteur de Bartholo (Luc Boucher qui interprète aussi le notaire et l’aveugle). Sorte de fresque carnavalesque où le personnage d’Almaviva se déguise de différentes manières pour approcher sa belle, l’histoire est prétexte à toutes sortes de situations à la fois tendres et comiques, et toujours bien vues et de très bon goût.

Figaro, la chevelure en bataille, le gras Don Bazile, dont la gloutonnerie pour la nourriture n’a d’égal que celle qu’il a pour l’argent, Rosine, la frivole amoureuse et L’Éveillé, le serviteur hagard qui profite de ses moments de liberté pour s’adonner au tricot, sont ceux qui m’ont fait le plus rire. Mais c’est être injuste vis-à-vis d’Almaviva qui multiplie les rôles et les situations comiques et le pauvre docteur Bartholo dont la fonction fait que la plupart des rires s’appuient sur lui.

Un spectacle vraiment réussi, très agréable et destinés à tous les publics, surtout les jeunes qui passeront sans aucun doute un excellent moment et seront initiés au théâtre dans ce qu’il a de plus distrayant.

Le Barbier de Séville au Théâtre Denise-Pelletier, du 11 mars au 1er avril 2015

Le Barbier de Séville de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Mise en scène Daniel Paquette. Production Théâtre Denise-Pelletier.

Avec Luc Boucher (L’Éveillé, notaire et autres personnages), Daniel Desparois (Don Bazile), Kevin Houle (Comte Almaviva), Roger Léger (Bartholo), Madeleine Péloquin (Rosine), Carl Poliquin (Figaro).

Assistant à la mise en scène : Claire L’Heureux; Costumes et perruques : Daniel Paquette; Décors et accessoires : Anne-Marie Matteau; Éclairages : Mathieu Poirier; Musique / Environnement sonore : Pierre-Marc Beaudoin; Maquillages : Jacques-Lee Pelletier; Coiffures : Jean-Sébastien Chalut.

Informations : http://www.denise-pelletier.qc.ca/

©  photos: Frédérique Ménard-Aubin