Niyaz – The Fourth Light

Niyaz - The Fourth Light
Niyaz – The Fourth Light

J’adore cet album et j’ai même développé une dépendance, car je l’écoute à répétition. La voix envoûtante, hypnotisante, sensuelle et gutturale d’Azam Ali ainsi que la musique rythmée du multi-instrumentiste d’exception Loga Ramin Torkian vient chercher je ne sais quelles émotions et nous donne le goût de danser sur les rythmes exotiques du Moyen Orient.

Avec The Fourth Light, son nouvel album disponible le 24 mars prochain, le groupe électro-acoustique Niyaz sort des sentiers battus et brise certaines conventions de la « musique du monde ». Fondé en Californie et maintenant basé à Montréal, Niyaz est empreint d’un héritage musical très personnel et différent, elle crée un pont entre l’Occident et l’Orient, entre l’acoustique et l’électronique, et elle aspire maintenant grâce à sa musique à reconstruire un pont entre le passé et le présent.

Mixé par Damian Taylor (Björk, The Killers, Arcade Fire), The Fourth Light offre un intriguant mélange de rythmes exotiques et des performances acoustiques exceptionnelles.

Sur The Fourth Light, la chanteuse, compositrice et coproductrice Azam Ali assume pour la première fois le rôle de musicienne, programmant elle-même tous les beats de l’album. Une belle affirmation qui transcende ce rôle d’être “seulement une chanteuse” pour cette femme qui, jusqu’à présent, était surtout connue pour sa voix ensorcelante, laquelle peut d’ailleurs être entendue dans certaines des plus grandes productions hollywoodiennes.

Il y a toujours eu une profonde conscience sociale jointe à la musique de Niyaz. Sous plusieurs angles, The Fourth Light est un album féministe. Un cri pour l’égalité des sexes.

« Au cœur de l’album, on retrouve Rabia Al Basri, poétesse et première ascète soufie. Née au VIIIe siècle où se trouve aujourd’hui l’Iraq, elle est l’inspiration principale de la musique de cet album. Rabia est née dans la pauvreté extrême à une époque où les droits des femmes étaient gravement restreints. Réduite en esclavage à un jeune âge, Rabia a su déjouer le destin et trouver la force intérieure et la volonté qui l’ont menée à sa libération, d’abord en tant que femme, puis en tant que symbole spirituel.

Comme l’explique Azam Ali, « même si elle a vécu au VIIIe siècle, les combats de Rabia sont toujours d’actualité, puisque les femmes continuent de se battre pour s’élever au-dessus du statut d’infériorité qui leur est imposé par les sociétés patriarcales et ce, à travers le monde ». C’est à Rabia Basri qu’on attribue la création du concept de « l’amour du divin », qui est aujourd’hui au cœur du soufisme. Bien que seulement quelques fragments de ses poèmes aient traversé les époques, les mots ayant survécu sont porteurs d’un message puissant. Ses écrits sont les fondations sur lesquelles Azam Ali et Loga R. Torkian, coauteur et multi-instrumentaliste, ont construit trois des plus puissantes chansons de l’album : « Tam e Eshq (The Taste of Love) », « Man Haramam (I am a Sin) », et « Marg e Man (My Elegy) ».

La chanson « Aurat (Woman) » pousse encore plus loin ce cri pour l’égalité des sexes. Les paroles sont basées sur un poème visionnaire de Kaifi Azmi, un des plus grands et plus progressifs poètes urdu du XXe siècle. Le texte original d’Azmi a été écrit pour sa femme dans les années 40 et appelait les femmes à se tenir côte à côte avec les hommes et ce, à une époque où les femmes vivaient dans une société menée par la tradition, dans une Inde visant l’indépendance.

Même si plusieurs pièces sont des compositions originales s’inspirant des grands poètes spirituels de l’Orient, une grande partie du répertoire puise dans les chansons folkloriques des minorités ethniques ou religieuses du Moyen-Orient ayant grandement souffert d’oppression. Cinq de ces chansons se retrouvent sur le nouvel album, notamment : « Shir Ali Mardan (Song of a Warrior) », de la région des Bakhtiaris en Iran ; « Yek Naza (A Single Glance) », du Khorasan, en Iran ; « Eyvallah Shahim “new rendition” (Truth) », inspirée des traditions alevi-bektashi, de Turquie ; et deux d’origines afghanes « Sabza Ba Naz (The Triumph of Love) » et « Khuda Bowad Yaret (Divine Companion) ».

Un album extraordinaire, un must !

http://www.niyazmusic.com/

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