Le Journal d’Anne Frank, quelle pièce percutante! Une œuvre poignante empreinte d’émotions fortes !

Mylène St-Sauveur et Paul Doucet
Mylène St-Sauveur et Paul Doucet

Après avoir été présenté au TNM, en début d’année 2015, voici que la tournée du TNM s’arrête à la salle Albert-Rousseau pour nous présenter en grande première à Québec la pièce Le Journal d’Anne Frank, d’Éric-Emmanuel Schmitt avec entre autres Mylène St-Sauveur, Paul Doucet et Sophie Prégent.

Résumé

Amsterdam, 1942. Anne Frank a treize ans. Pour échapper aux persécutions qui frappent les Juifs, la famille d’Anne et la famille Van Pels se cachent dans un appartement secret, surnommé l’Annexe, jusqu’à ce qu’on les dénonce et les envoie dans les camps de la mort. La pièce commence après la guerre, lorsque le père d’Anne, seul survivant de la famille, se voit remettre le journal intime de sa fille; bouleversé par sa lecture, il revit à travers les yeux d’Anne ses années de clandestinité. Lorraine Pintal a rassemblé une prestigieuse distribution dont la toute jeune Mylène St-Sauveur qui, dans le rôle d’Anne, fait ses débuts à la scène!

Paul Doucet
Paul Doucet

Quelle pièce percutante! Une œuvre poignante empreinte d’émotions fortes où jamais on ne s’ennuie un seul instant pendant les 2 heures de la durée de la pièce.

Il est rare de voir une pièce de théâtre basé sur des événements aussi tragiques que celle de ces deux familles juives qui demeurent en captivité, caché des nazis, dans l’attente de la libération par la fin de la guerre. On assiste impuissant à leur quotidien, avec pour seul lien avec le monde extérieur, cette petite radio et la venue parfois de Miep Gies avec des vivres. On vit avec eux la terreur d’entendre les bombardements en pleine nuit, le stress de se faire découvrir aux moindres bruits ou bout de chandelle qui pourrait paraître par la fenêtre.

Mylène St-Sauveur est totalement crédible dans le rôle de la jeune Anne Frank, fonceuse, joyeuse et remplie d’espoir, malgré tout ce qui lui arrive. On la voit devenir femme sous nos yeux et découvrir l’amour, pour ce jeune Peter Van Pels (joué tout en retenue par Charles-Alexandre Dubé)

Mylène St-Sauveur
Mylène St-Sauveur

Paul Doucet, dans le rôle du père d’Anne et Margot est également criant de vérité. On ressent toute sa tristesse, son sentiment d’impuissance, mais également sa joie de vivre lorsqu’il revit, grâce aux écrits de sa fille, les derniers moments de sa petite famille.

Sophie Prégent joue également avec brio et beaucoup de retenue cette secrétaire fidèle et courageuse qui ne perd en aucun temps sa dignité et sa force intérieur pour aider son patron et sa famille.

Au niveau de la mise en scène, Lorraine Pintal (qui était présente dans la salle et est venue présenter la pièce au tout début du spectacle), fait un travail phénoménal pour recréer l’ambiance de cette époque des années 40 en pleine période de guerre, d’occupation et contrôle par les nazis. Avec la musique en plus de Jorane, le violoncelle prédominant, la voix tout en douceur parfois, le piano à l’occasion, l’ambiance était totalement accentuée par cette musique d’appoint. L’utilisation également d’images en noir et blanc dans le fond de la scène, d’éclairage fort adéquat pour simuler par exemple la venue d’un train, les bruits variés d’un sifflement de train, des gens qui marchent et se bousculent, ainsi que l’utilisation à l’occasion d’un rideau transparent à l’occasion qui permettait de juxtaposer une deuxième image en mouvement, donnant ainsi l’effet d’une foule dans une gare, ou l’arrivée de soldats à l’assaut. Bref, le décor était saisissant et tout était complètement bien recréé pour donner l’impression d’être à cette époque de la guerre. L’annexe où étaient cachées les deux familles, se trouvait au deuxième étage de la scène tandis que le bureau du père qui lit et revit par petits bouts cette période de captivité, lui se trouvait sur le bas de la scène. Une vraie belle réussite de mise en scène. Également, d’avoir des extraits parfois de la voix de Mylène (Anne) qui récite ses écrits, ou parfois le père également, cela ajoutait à l’effet de revivre ce qui est en train d’être lu.

La distribution du film Le journal d'Anne Frank
La distribution du film Le journal d’Anne Frank

Et que dire du texte de cette pièce. Des dialogues fort convaincants. Des préoccupations tellement réalistes, amenées de manière très humaine. Et un très bon mélange de moment tendre (entre le père et sa fille par exemple), de moments plus cocasses et des répliques très drôles mêmes (surtout avec le personnage joué par Marie-Hélène Thibault), ainsi que des moments dramatiques, de peur, de terreur parfois aussi, lorsque par exemple la famille doit quitter leur domicile pour se cacher. On sent la panique nous gagner nous-mêmes dans le public. Un superbe mélange d’émotions que les spectateurs ressentent à tout moment et qui restent imprégnées en nous à la sortie de la salle.

C’est vraiment une pièce à voir absolument! À la fin de la représentation, l’ovation debout et les bravos du public ont été clamés pendant plusieurs minutes. De plus, l’auteur de la pièce, Éric Emmanuel-Schmitt était présent dans la salle, pour la voir pour la première fois. Il est venu de France expressément pour la voir, n’ayant pas pu se rendre à Montréal auparavant lors des représentations initiales.

Pour savoir où sera jouée la pièce à nouveau, dans le cadre de la tournée du TNM, visitez ce site :

http://www.spectramusique.com/artistes/spectacles.aspx?idA=82

Pour ceux qui auront comme moi adoré la musique de Jorane, il y a un CD de la musique en vente à la sortie de la salle aux endroits où la pièce est présentée. Et c’est disponible également sur Itunes.

Spectacle créé en janvier 2015 au Théâtre du Nouveau Monde (Montréal)

De Eric-Emmanuel Schmitt d’après Le Journal d’Anne Frank
Mise en scène de Lorraine Pintal
Avec Mylène St-Sauveur, Paul Doucet, Sophie Prégent, Jacques Girard, Marie-France Lambert, Marie-Hélène Thibault, Kasia Malinowska, Frédérick Bouffard, et en alternance Benoît Drouin-Germain et Charles-Alexandre Dubé.

http://sallealbertrousseau.com/

http://www.tnm.qc.ca/

Crédit photos : Yves Renaud